Le projet de Loi de finances 2020 devrait comporter plusieurs points se rapportant à l'automobile, et parmi ceux-ci, un amendement a été déposé par des députés pour instaurer un malus sur les voitures les plus lourdes. Comme nous vous le rapportions, la Norvège a adopté cette idée il y a plusieurs années, et le pays a atteint les 95 g/km de CO2 rejeté dès 2016, alors que ce taux devra être atteint sur l'ensemble de l'Europe en 2021, et qu'il est actuellement autour des 120 g/km sur le Vieux Continent, et à environ 110 g/km dans l'Hexagone.

C'est désormais une certitude, les SUV sont grandement responsables de la hausse des émissions polluantes dans le monde, et notamment sur les marchés où, comme en France et en Europe, ils monopolisent entre un quart et un tiers des ventes. Outre leur mauvais coefficient aérodynamique, les SUV représentent surtout la pachydermie actuelle du secteur automobile, avec de nombreux modèles affichant entre 1700 et 2500 kilos sur la balance. 

La guerre aux SUV

Pour contrer cette tendance inquiétante, le gouvernement prévoit des mesures drastiques, et des députés ont proposé également un malus indexé sur le poids des véhicules. Une mesure qui aurait du sens pour aider à la baisse des émissions, si le chiffre proposé n'était pas totalement fantaisiste. En effet, l'amendement soumis pour 2020 prévoit de taxer les voitures pesant plus que 1300 kilos, ce qui est le poids moyen d'une berline compacte à moteur thermique actuellement. Autant dire qu'avec un tel seuil, la majorité des voitures seront concernées par ce malus, qui a été proposé avec une formule sévère.

En effet, l'objectif de l'amendement proposé est d'appliquer une taxe de 15 euros par kilo supplémentaire dépassant ce fameux seuil de 1300 kilos. Et ici, pas d'exception pour les voitures dont le poids se situe entre 1300 et 1400 kilos, comme en Norvège, puisque chaque kilo serait taxé. Ainsi, une voiture pesant 1500 kilos, comme un SUV compact, se verrait taxée de 3000 euros à l'achat. Mais on comprend bien que ce sont les SUV qui sont visés, puisqu'un BMW X5 xDrive 30d, pesant 2185 kilos, aurait un malus de 13'275 euros ! Ce à quoi s'ajoutent les 6039 euros qu'il recevrait pour ses 158 g/km de CO2 émis, ce qui porterait en réalité à 16'039 euros le malus pour un tel véhicule, puisque la taxe au poids serait plafonnée à 10'000 euros.

Une taxation nécessaire mais à ajuster

Des aménagements sont également proposés au sein de cette législation, comme celui pour les voitures électriques, qui ne seraient taxées qu'à partir de 1700 kilos. Le pack de batteries est en effet pris en compte, et c'est du coup la consommation plus importante en électricité qui serait taxée. Aussi, les familles nombreuses bénéficieraient d'une prime au troisième enfant, qui réduirait de 300 kilos le poids compté d'une voiture thermique, et de 550 kilos celui d'une électrique, soit respectivement 4500 et 8250 euros de réduction de ce malus.

Si l'idée est bonne, puisque la moyenne du poids des voitures augmente de 10 kilos par an et que les émissions ne baissent pas en France, son application avec de tels chiffres semble plus que compliquée, et l'amendement devrait certainement être rationalisé avant d'être entériné au Journal Officiel en vue de l'année 2020. Bien que les chiffres proposés ici soient fantaisistes, on ne ne peut pas nier que si l'on veut atteindre les seuils exigés par l'Europe en 2020, 2021, et même pour la décennie à venir, il faudra passer par de drastiques mesures comme celle-ci, entraînant notamment la diminution drastique des ventes de SUV.

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