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Nicola Dutto, le motard paraplégique qui a participé au Dakar 2019

L'Italien est devenu paraplégique suite à une chute survenue en 2010 dans le championnat européen de Bajas, avant de revenir à la compétition deux ans plus tard. Il participait cette année au Dakar.

#54 Nicola Dutto, KTM

La vie de Nicola Dutto a basculé il y a sept ans, sur une route située à proximité de la ville de Pordenone, dans le Nord-Est de l'Italie. Le Transalpin était alors en train de disputer le championnat européen motos de Bajas lorsqu'il a perdu le contrôle de sa machine à 150 km/h.

Avec du recul, Dutto reconnaît que cela faisait partie de ses craintes. L'angoisse l'a envahi lorsqu'il s'est arrêté et a pensé aux sorts d'Albert Llovera et de Isidre Esteve. La fracture de la septième vertèbre dorsale l'a finalement rendu paraplégique.

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Mais à la fin du mois de mars, dans la région du Piémont, en Italie, Dutto s'est fracturé d'autres os et a dû rester neuf mois à l'hôpital et subir plusieurs interventions. À ce moment-là, personne n'aurait osé lui dire qu'à l'été 2012 il serait de nouveau sur une moto d'Enduro.  

Selon lui, il devait surmonter ses peurs, observer une période de rééducation intense et faire preuve de courage, de beaucoup de courage. Dutto s'est confié auprès de Motorsport.com à quelques kilomètres de Merzouga : "Quand vous souffrez d'une blessure, la vie vous change radicalement. Il faut apprendre à gérer son corps, et la dernière chose à laquelle je pensais alors, c'était de remonter sur la moto. J'ai toujours gardé de rester dans le monde du tout-terrain, que ce soit en organisant des courses ou en étant en quatre roues."

En 2011, Dutto décide donc de s'engager sur la Baja 1000 de Californie, son épreuve fétiche, sur un buggy et accompagné de son épouse, Elena. La courroie de transmission ne tint malheureusement pas le coup après 700 km au beau milieu du désert. Il a alors fallu attendre l'assistance : "Nous avons passé la nuit sous les étoiles dans une rivière asséchée. Elle [Elena] a allumé un feu et nous nous sommes rendu compte de quelque chose de curieux : lorsque nous nous sommes mariés nous avions inscrit sur les alliances : 'Dans les poussières se trouvent les étoiles', et c'est un peu la phrase que nous avions en tête sur les Bajas."

L'inspiration

Dutto a par la suite regardé s'entraîner Doug Henry, triple Champion de motocross, et qui est aussi devenu en 2007 paraplégique. Dès lors, il s'est dit : "Pourquoi pas moi ? Si cela me plaît, je continue à monter sur une moto avec mes amis. Même si c'est sans idée de faire de la compétition."

À la fin de 2011, Dutto achète donc le même modèle que celui sur lequel il était devenu paraplégique, une Suzuki 450 RMX, et il a commencé à l'adapter grâce à un ami mécanicien qui avait analysé finement la moto de Doug Henry. À la mi-février, lors d'un samedi après-midi, il l'essaya dans les alentours de son quartier.

"Je suis donc monté dessus, et je me suis demandé qui avait bien pu avoir l'idée de me faire faire ça ! Mais ensuite la peur a disparu après 200 mètres, quand j'ai compris où se situait le nouveau point d'équilibre, et c'était comme s'il ne s'était rien passé ces deux dernières années, comme si je n'étais jamais descendu de moto."

Nicola Dutto

Un nouveau départ

Au final, entre les sorties entre copains, le virus est revenu. La Baja d'Aragón de 2012 a commencé à se profiler, et Dutto a commencé à converser avec Julián Villarrubia, quatre Dakar à son actif, son ami et rival du temps où il évoluait dans le championnat national de Cross Country. Ainsi, avec l'aide de Julián, il est devenu le premier pilote paraplégique à aller jusqu'au bout d'une Baja en moto.

"J'avais envie de pleurer, de rire, je ne m'attendais pas à un soutien d'un tel niveau en Espagne. Nous étions en 15e position, mais un fusible n'a pas tenu le coup et nous avons terminé 20e. Beaucoup de personnes m'ont félicité, mais il y en a eu un qui nous a dit d'aller nous faire foutre quand nous l'avons doublé", se souvient l'Italien tout en esquissant un sourire.

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Dépassement de soi

Depuis cet été 2012, Dutto a brisé de nombreuses barrières, et il a fait un retour à la compétition sur une base régulière sous la bannière de KTM Italie. Il a même fini quatrième du championnat du monde de Bajas en 2015.

"La mentalité sportive vous aide énormément, surtout quand vous êtes pilote tout-terrain, et que vous êtes habitué à affronter des difficultés tous les jours. À partir du moment où vous acceptez votre nouvelle condition dans votre tête, c'est comme si vous aviez franchi un obstacle avec la moto et vous alliez de l'avant."

En mars 2017, Dutto a pris part pour la première fois au Rallye Merzouga. Là, dans le Sud-Est marocain, le transalpin a connu des débuts compliqués avec ses acolytes, Julián et Pablo Toral. Bien qu'il ait chuté "30 fois par étape", Dutto a atteint son objectif, ne manquant qu'une étape sur problèmes intestinaux. Quelques mois plus tard, il participait au Rallye du Maroc dans son intégralité.

Pablo Toral, Nicola Dutto y Julián Villarrubia tras terminar el Afriquia Merzouga
Pablo Toral, Nicola Dutto et Julián Villarrubia, à l'issue du Rallye de Merzouga

"C'est un sacré truc avec les dunes. Je skiais depuis l'âge de trois ans dans le Piémont. Et la sensation est similaire à celle de faire du ski dans de la poudreuse. Le premier jour j'ai commencé à pleurer. Mais quand vous savez gérer cela, c'est magnifique. Ensuite je me suis énervé car j'ai chuté, dans la partie la plus lente, à cause d'erreurs stupides."

Dutto est capable de maintenir l'équilibre jusqu'à une vitesse minimum de 20 km/h, et à l'arrivée aux points de contrôle, ses coéquipiers l'aident pour arrêter la moto. Les mots de Villarubia parlent d'eux-mêmes : "C'est une émotion spéciale que de le voir sur une moto, et de le voir rendre cette aventure possible. Cela vaut bien plus que le salaire d'un pilote professionnel. Partager cela avec mes rivaux avec mes rivaux d'il y a 15 ans et qui sont devenus mes amis aujourd'hui, cela n'a pas de prix."

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Le rêve du Dakar se réalise

"Au printemps 2016, j'ai parlé à Marc Coma, je lui ai proposé l'idée, et lui ai demandé s'il pensait la chose possible. Sur le moment, il m'a dit que non. Nous nous sommes vus ensuite à la présentation du Dakar à Milan, et il m'a dit que je devais faire des rallyes avec de la navigation", se souvient Dutto.

"Le Dakar, c'est un projet qui dure depuis un an et demi. Le problème c'était de joindre les deux bouts au niveau du budget. Il fallait prendre la décision de dépenser tout l'argent sur une course ou bien faire un championnat complet en plus de la Baja de Californie et le reste."

La présence de Dutto sur le Dakar 2018 ne fut pas possible en raison de l'étape inachevée du Rallye de Merzouga. Ce n'était que partie remise, et l'Italien a pu réaliser son rêve cette année, en s'alignant sur la 41e édition de la célèbre épreuve de rallye-raid. Et même si l'histoire ne s'est pas terminée de la meilleure des façons, avec une fin prématurée ce vendredi et dans le flou le plus total, elle aura clairement marqué cette édition.

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