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L'autre héros du GP de Monaco 1996, malheureux et oublié

Ce Grand Prix, dont on se souvient surtout pour la victoire inattendue d'Olivier Panis, aurait pu être facilement remporté par son compatriote Jean Alesi si ce dernier n'avait pas rencontré une défaillance mécanique alors qu'il était en tête. Cette course fut ainsi l'incarnation d'une carrière prometteuse mais au goût d'inachevé.

Jean Alesi, Benetton B196

Ercole Colombo

Le Grand Prix de Monaco 1996 est l'une des courses les plus mémorables de l'Histoire de la Formule 1. Olivier Panis avait décroché la victoire avec Ligier au terme d'une course rocambolesque et pluvieuse, qui s'était terminée avec seulement trois voitures capables de passer sous le drapeau à damier. Encore aujourd'hui, la popularité de cette course est telle que la F1 l'a choisie pour être rediffusée en intégralité sur ses réseaux sociaux (16h), afin de combler le manque d'action provoqué par la pandémie de COVID-19. On se souviendra de cette épreuve comme celle de la victoire surprise de Panis, qui avait su garder la tête froide quand tous les autres la perdaient. Mais cette course fut aussi caractéristique du parcours d'un autre pilote en Formule 1.

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Jean Alesi avait acquis un véritable statut dès ses premières apparitions en F1, impressionnant avec Tyrrell avant de rejoindre Ferrari en 1991. Suite au départ d'Alain Prost, il était vu comme celui qui pourrait permettre à Ferrari de retrouver la gloire et mettre fin à des années de disette. Mais au lieu de ça, des saisons de frustration s'enchaînèrent, avec le sentiment d'un potentiel inexploité. Alesi décrocha son unique victoire en Grand Prix au Canada, en 1995, avant de quitter la Scuderia à l'issue de la saison. Lui et son coéquipier Gerhard Berger rejoignaient Benetton pour 1996, tandis que Michael Schumacher faisait le chemin inverse.

Un week-end si prometteur

Le début de campagne d'Alesi avec Benetton fut solide. Alors que Williams avait dominé les cinq premières manches de la saison grâce à Jacques Villeneuve et Damon Hill, le Français avait signé deux podiums : une deuxième place au Brésil et une troisième place en Argentine. Il était quatrième du championnat avant Monaco.

Les qualifications avaient débouché sur la deuxième pole position consécutive de Schumacher en Principauté, avec une demi-seconde d'avance sur Hill. Alesi et Berger avaient verrouillé la deuxième ligne tandis que Panis, futur vainqueur, n'était que 14e sur la grille. Pour Alesi, c'était la meilleure performance dans l'exercice du tour rapide depuis le début de la saison, lui offrant une sérieuse chance d'ajouter un podium à sa collection sur le Rocher après ceux obtenus en 1990, 1991 et 1993.

Peu avant le départ, une averse avait détrempé la piste, contraignant les pilotes à jouer les équilibristes entre les rails et dans des conditions de visibilité dantesques. Hill prit un envol parfait pour prendre l'avantage sur Schumacher, en proie à du patinage, Alesi confirmant sa troisième place. Quelques instants plus tard, le pilote allemand commettait une erreur rare : le double Champion du monde en titre terminait dans le mur après Mirabeau. Après de multiples incidents survenus dès le début de course, Alesi se retrouvait deuxième dans un peloton déjà réduit à 16 monoplaces.

Jean Alesi, Benetton B196

Pour le pilote Benetton, il était impossible de suivre la cadence de Hill, sur lequel il perdait plus d'une seconde par tour dans le premier relais. Lorsque le Britannique rentra au stand à la fin de la 28e boucle, Alesi mena la course deux tours durant, avant lui-même de rentrer pour passer en plus slicks. L'écart entre les deux hommes était alors de 30 secondes. Le cinquième succès en six Grands Prix paraissait assuré pour Hill, mais le moteur Renault de sa Williams allait en décider autrement. Au 40e passage, à la sortie du tunnel, celui-ci rendait l'âme et privait le futur Champion du monde d'une victoire qui lui aurait permis d'imiter son illustre père, Graham.

Propulsé en tête, Alesi possédait une trentaine de secondes d'avance sur le peloton. Son coéquipier Berger avait abandonné suite à un problème de boîte de vitesses. Il ne restait que dix autos en piste, Panis réalisant de son côté quelques dépassements cruciaux pour la suite. La victoire semblait tendre les bras à Alesi, qui s'arrêtait à 21 tours du terme pour chausser des pneus slicks neufs et ravitailler. Reparti en piste, il avait toujours une dizaine de secondes d'avance sur Panis.

Le regard vide...

Malheureusement pour lui, les événements n'iraient pas dans son sens, à l'image de ce qui se produisit souvent dans sa carrière. Alors qu'il contrôlait tant que possible, il emprunta à nouveau la voie des stands à 15 tours de l'arrivée, pour un arrêt totalement imprévu. Les mécaniciens Benetton tentaient de déceler le problème, leur pilote indiquant l'arrière de la monoplace avec sa main avant de manifester toute sa frustration. Il reprit la piste avec des pneus neufs, en septième position.

L'inspection des pneus Goodyear ne permit pas de déceler la moindre suspicion de crevaison. Un tour plus tard, Alesi était de retour au stand avec un problème non résolu. Cette fois, le Français retirait immédiatement son volant, quittait son cockpit et partait se réfugier au fond du garage. Un peu plus tard, le diagnostic fut plus clair : il s'agissait d'une défaillance de la suspension.

"C'est une véritable déception après avoir été si proche de gagner, surtout ici Monaco", lâchait un Alesi au regard vide. "La voiture était excellente, je n'avais rien pour me plaindre, jusqu'à ce que je ressente quelque chose à l'arrière. Je suis rentré, la voiture a été inspectée et les pneus changés. Après un tour, j'ai dû rentrer à nouveau, à cause d'une défaillance de suspension. Ce week-end semblait très prometteur pour toute l'équipe. Nous devons simplement regarder devant nous et espérer nous rapprocher lors du prochain Grand Prix."

Jean Alesi, Benetton

Ainsi, ce fut Panis et non Alesi qui devint le cinquième – et dernier à ce jour – pilote français à remporter le Grand Prix de Monaco, qui plus est au volant d'une voiture française. Son seul succès en Formule 1 constituait la première victoire de Ligier depuis le Grand Prix du Canada 1981. Le dernier coup d'éclat aussi, avant que l'écurie ne soit vendue à Alain Prost pour la saison 1997.

Quant à Alesi ? Il termina deuxième du Grand Prix suivant en Espagne, dominé par Michael Schumacher pour sa toute première victoire avec Ferrari. D'autres opportunités allaient s'offrir à lui, sans jamais se concrétiser, à l'image du Grand Prix d'Italie 1997 où il réalisa la pole position mais s'inclina face à la McLaren de David Coulthard en raison d'un arrêt au stand plus lent.

Panis est resté le héros légitime de 1996, même si l'histoire aurait pu être très différente. Car si Alesi l'avait emporté, sa victoire n'aurait pas été vécue avec le même degré de surprise et l'on n'en parlerait probablement pas autant 24 ans plus tard. Ainsi fut la carrière de Jean Alesi, aux allures de montagnes russes.

Le GP de Monaco 1996 en images

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