Quand Alonso a menacé McLaren pour faire saboter la course de Hamilton
La BBC a révélé un épisode méconnu de la saison 2007 de Formule 1, qui s'était déroulé à l'occasion du Grand Prix de Hongrie, dans le cadre des manœuvres discutables de Lewis Hamilton et Fernando Alonso.
Lewis Hamilton, McLaren MP4-22, devant Fernando Alonso, McLaren MP4-22, à la sortie des stands
Steven Tee / Motorsport Images
Le GP sur le circuit du Hungaroring s'était avéré très houleux entre les deux pilotes McLaren. En qualifications, alors qu'il avait reçu l'ordre de laisser passer Alonso, Hamilton avait refusé de le faire. Pour se venger, l'Espagnol avait bloqué son équipier au stand pour l'empêcher de signer un dernier tour chronométré. Auteur en piste de la pole position, celui qui était double Champion du monde en titre avait finalement été sanctionné de cinq places sur la grille, prenant donc le départ depuis la sixième place quand le Britannique s'offrait la pole.
Cet épisode est connu mais ce qui l'est moins est ce qui s'est passé après. Le lendemain matin, quelques heures avant la course, en compagnie de son manager Luis Garcia Abad, un Alonso furieux a rencontré Ron Dennis, alors directeur de l'écurie de Woking. Le pilote a alors demandé au dirigeant britannique de réparer le tort causé par Hamilton la veille.
S'il est de notoriété publique que l'Asturien a menacé McLaren de révéler à la FIA des emails au sujet de l'affaire du Spygate, ce jour-là la nature de sa demande à McLaren n'était pas connue. Dans le cadre d'une rétrospective sur la carrière de l'ancien pilote Renault et Ferrari, la BBC explique qu'"Alonso a insisté pour que McLaren fasse tomber Hamilton en panne d'essence lors de la course", en échange de son silence.
À ce moment-là, Ron Dennis aurait demandé à Alonso de se taire puis aurait fait venir Martin Whitmarsh, en demandant à l'Espagnol de lui répéter le chantage qu'il venait de faire, ce qu'il fit. Une fois Alonso et Abad congédiés de la réunion, Dennis et Whitmarsh ont discuté, se demandant alors quoi faire. Le premier estimait devoir téléphoner à Max Mosley, le président de la FIA, ce avec quoi le second était d'accord. Ils se sont également mis d'accord sur le fait que le pilote ne pouvait pas rouler, pas après avoir fait du chantage à l'équipe. Cependant, au téléphone, Mosley conseilla à Dennis de ne pas choisir cette voie.
Une demi-heure après la rencontre, Abad retrouva Dennis, en lui disant qu'Alonso voulait s'excuser après avoir perdu son sang-froid, avant de revenir sur l'ensemble de ses propos.
Hamilton remportera la course depuis la pole et Alonso terminera quatrième. Après la course, une poignée de mains et des excuses en personne mettront fin à cet épisode.
Un mois après la Hongrie, au terme d'une seconde enquête sur le Spygate demandée par Mosley, l'accès à l'ensemble des emails de McLaren mettra en lumière un véritable espionnage qui aboutira sur une amende record de 100 millions de dollars infligée à l'écurie de Woking ainsi qu'une exclusion du championnat constructeurs. Et même si d'aucuns ont pu faire le lien entre le coup de téléphone de Dennis à Mosley et cette seconde enquête, l'ancien président de la FIA a affirmé avoir "déjà eu connaissance des emails", puisque Alonso en avait parlé à son manager Flavio Briatore, qui l'avait lui-même révélé à Bernie Ecclestone, qui l'a lui-même confié à Mosley.
Peu après, Dennis et Alonso se rencontreront pour négocier la libération contractuelle de l'Espagnol en fin de saison.
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