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Fernando Alonso et Ferrari, l'histoire d'une rupture

Nous sommes courant 2014 : les relations entre Fernando Alonso et la Scuderia Ferrari se dégradent. Le manque de performance de l'écurie depuis la mi-saison 2013 pousse l'Espagnol à s'interroger sur son avenir et à l'envisager ailleurs. Luca di Montezemolo se souvient.

Fernando Alonso, Ferrari

Photo de: Glenn Dunbar / Motorsport Images

Après l'échec de 2012, Ferrari semblait posséder en 2013 une arme intéressante avec la F138. Certes, elle n'avait pas le rythme de la Red Bull RB9 mais sa gestion pneumatique était redoutable. En première partie de saison, Fernando Alonso signe d'ailleurs deux victoires, en Chine et en Espagne. Au soir du Grand Prix de Grande-Bretagne, l'Espagnol est second du classement pilotes, à 21 unités de Sebastian Vettel mais avec un abandon de plus à son actif.

Le problème, c'est que la course de Silverstone a été le théâtre de cinq crevaisons, en mondovision. Un spectacle désastreux pour Pirelli qui, depuis le début de saison, est au centre des débats après avoir attendri sa gomme et modifié la construction de ses pneus. Des doutes ont en effet été soulevés sur la tenue globale des enveloppes, et un combat s'est engagé entre les équipes à qui cela profite (Ferrari et Lotus notamment) qui souhaitent le statu quo et celles à qui cela ne profite pas autant (Red Bull notamment) qui demandent un changement. 

Plusieurs modifications mineures sont introduites après le Grand Prix de Monaco mais Pirelli joue sur le fil du rasoir car toute modification d'ampleur devra alors être approuvée par l'ensemble des écuries. En Grande-Bretagne, les événements précipitent les choses, imposent l'intervention de la FIA pour des raisons de sécurité et entraînent donc le retour à une construction pneumatique différente, plus robuste.

À partir de là, les choses vont largement tourner en faveur de Red Bull. La F138 ne gagnera plus même si elle permettra à Alonso de terminer second du classement, mais à plus de 150 points de son rival, qui enchaînera neuf victoires consécutives sur les neuf derniers Grands Prix. Les doutes sur la capacité de Ferrari à construire une monoplace vraiment capable de l'amener au titre se multiplient dans l'esprit du double Champion du monde. Un espoir, malgré tout : le changement réglementaire 2014, qui voit l'arrivée des blocs V6 turbo hybrides.

"Il n'y a pas de puissance dans le moteur"

Mais rapidement, il est clair que la Scuderia a fait fausse route et s'apprête à vivre une saison compliquée. Les deux premiers jours des essais hivernaux sont attribués à Kimi Räikkönen, de retour dans le giron de la marque après deux années chez Lotus. La suite, c'est Luca di Montezemolo qui la raconte au micro de la BBC : "Il m’a dit : 'Il n’y a pas de puissance dans le moteur’."

"Et le troisième jour, c’était Fernando et il m’a dit exactement la même chose. Et j’ai compris que la saison était terminée parce qu’il était impossible de travailler sur le moteur, parce que sous ces règles il était gelé [le développement était limité par un système de jetons, ndlr]. Je pense que ça a été le moment où Fernando s’est dit : 'Si je reste chez Ferrari, je ne vais jamais gagner de championnat à nouveau’. Parce que ça a vraiment été un moment de choc."

"Dans son esprit, il pensait : 'Peut-être que ce n’est pas le meilleur moment pour rester chez Ferrari parce que McLaren peut peut-être être meilleur, peut-être que Rosberg peut laisser un baquet vacant chez Mercedes – c’était deux ans avant que Rosberg ne signe le nouvel accord avec Mercedes –, peut-être que je peux aller chez Red Bull’. Il a commencé à réfléchir à d’autres possibilités."

Mais il n'était pas le seul à envisager son avenir ailleurs. Au même moment, Vettel sent qu'il ne va pas tutoyer les mêmes sommets que lors des quatre saisons précédentes. Et il va alors directement rencontrer Di Montezemolo pour lui faire part de son envie de courir pour la Scuderia.

"Il est venu chez moi avec une très belle boîte de chocolats suisses, parce qu’il vit en Suisse. C’était avant le début de la saison [2014], et pour faire court, il m’a dit : 'Écoutez, si cette saison, comme je le suspecte, je ne gagne pas le championnat, je veux venir piloter pour Ferrari’."

Un Alonso "très incertain" et "très critique"

Tout le monde aura vu juste : Mercedes écrase la saison 2014 et aucune équipe n'a les moyens d'offrir à Lewis Hamilton et Nico Rosberg la moindre résistance en conditions normales ; seul Daniel Ricciardo tire son épingle du jeu en privant l'Étoile de trois succès. Chez Ferrari, l'échec se traduit notamment par le départ de Stefano Domenicali, remplacé par Marco Mattiacci à la tête de l'écurie au bout de trois Grands Prix. Et c'est notamment avec ce dernier que Fernando Alonso, pour qui le futur semble de moins en moins passer par l'Italie, va entamer des discussions en vue de son avenir. 

"Fernando, au début, a dit oui et puis il a dit non, et ensuite il a dit : 'Je ne veux pas prolonger’", raconte Luca di Montezemolo. "Mattiacci était très favorable au fait de mettre fin à la relation avec Alonso, sans même effectuer de profondes négociations pour trouver un moyen de prolonger. Je n’étais pas aussi convaincu."

"Si Alonso était venu me voir en disant : 'Ecoutez, j’y crois. Je veux rester parce que je pense que Ferrari est Ferrari et je suis sûr que l’année prochaine on peut progresser’, j’aurais signé dans les 30 secondes. Mon inquiétude se portait sur le fait que, dans mes conversations avec Fernando, je me souviens toujours de lui comme étant très incertain, très critique, une personne qui ne croyait pas vraiment dans la possibilité que Ferrari puisse être compétitif en 2015."

"Mattiacci a décidé que si on pouvait avoir Vettel, il était mieux pour les deux de changer. Pour [Alonso], parce que s’il restait, il y aurait beaucoup de doutes dans son esprit ; pour nous, parce que nous n’avions pas un pilote très motivé. Vettel veut pousser, il aime Ferrari. Michael [Schumacher] était le meilleur supporter de Vettel vis-à-vis de moi."

"Donc, au final, j’ai dit : 'Je suis d’accord. Si la situation avec Fernando est toujours qu’il ne veut pas prendre de décision finale, qu’il veut attendre, qu’il n’est pas heureux, qu’il se plaint, il est mieux de le laisser partir. Peut-être qu’il pourra trouver une opportunité ailleurs et nous, de l’air frais."

"Il est temps pour toi de changer"

Dans ce tourbillon d'incertitudes et de désirs secrets, de discussions inabouties et de résultats toujours plus décevants, s'est ajouté le fait que Luca di Montezemolo lui-même était en difficulté à la tête de Ferrari et allait bientôt être remplacé par Sergio Marchionne, alors président de Fiat, avec qui il n'entretenait pas de bonnes relations.

"Jusqu’à un certain moment, j’ai fait tout ce qui était possible pour convaincre Alonso et qu’il soit motivé pour l’avenir. Ensuite, deux éléments : j’étais sûr de quitter Ferrari. Donc je n’ai pas voulu trop pousser Fernando parce que je ne pouvais pas tenir parole auprès de lui. Il n’était pas correct de ma part de le convaincre de rester et puis de partir. Fernando [aurait dit] : 'Pourquoi tu ne m’as pas dit que tu allais partir ?’ Et puis […] je n’ai pas vu Fernando convaincu. Pour moi, l’état d’esprit du pilote est le plus important."

Les discussions entre Alonso et Mattiacci s'enlisent, les deux hommes ne se tiennent pas en très haute estime. La rumeur veut que l'argent soit un problème dans les négociations mais Di Montezemolo l'écarte : "Je n’ai jamais parlé d’argent avec Alonso avant qu’il ait décidé de partir. L’argent n’était pas sur la table, en tout cas pas dans mes discussions avec lui. Jamais. En d’autres termes, il n’a pas décidé de quitter Ferrari pour l’argent, et nous n’avons pas décidé de ne pas faire tous les efforts pour le garder à cause de l’argent."

"Il n’était pas motivé, il n’était pas sûr, avait beaucoup de doutes. Et le père de Fernando avait également une grande influence sur lui. Son père a dit : 'Non, il est temps pour toi de changer. Quitte Ferrari. Pour beaucoup de raisons malheureusement, tu n’as pas pu remporter le championnat, il faut trouver une autre alternative pour remporter le titre’."

"J'ai pris la bonne décision en quittant Ferrari"

L'alternative, Ferrari l'a déjà trouvée. Un accord est conclu avec Sebastian Vettel dès la fin août, avant même que la fin de la relation entre la Scuderia et Fernando Alonso ne soit elle-même formellement entérinée. Cet arrangement comprend des clauses à satisfaire avant que le contrat n'entre formellement en vigueur, afin d'éviter que la Scuderia ne se retrouve avec trois pilotes pour deux baquets. C'est à Maranello, courant septembre, lors d'une réunion très tendue avec Mattiacci, que l'Espagnol va signer un document mettant fin à leur relation.

Pendant ce temps, Vettel est présenté au futur président de Ferrari : "Je me souviens très bien d’une chose", continue Di Montezemolo. "C’était début septembre, avant Monza. Donc le 5 ou 6 septembre. Marchionne était dans mon bureau et j’ai dit : 'Écoute, comme tu vas prendre ma place, je veux que tu parles avec Vettel’. À ce moment-là, il n’avait pas formellement signé. Mais tout était décidé, confirmé entre Mattiacci et Vettel."

"C’était juste quelques jours avant que Marchionne arrive pour me remplacer. Donc ma position était d’être correct, d’au moins mettre Marchionne en contact avec Vettel par téléphone. Marchionne était dans mon bureau, nous étions ensemble, Vettel chez lui, et Vettel a dit : 'Je suis très heureux’. Et Marchionne a dit : 'Je suis très heureux, je sais par Luca que vous serez notre pilote, donc je suis impatient de voir votre signature’. Et il a dit : 'C’est juste une affaire de rencontre entre avocats’."

Début octobre, le samedi 4 plus précisément, à la veille de la course du Grand Prix du Japon où une autre partie de l'avenir à moyen terme du programme Ferrari se jouera avec l'accident mortel de Jules Bianchi, Red Bull annonce par surprise que Vettel ne poursuivra pas l'aventure en 2015 et ses dirigeants ne tardent pas à faire comprendre que c'est vers Maranello que l'Allemand se dirige. Alonso est furieux : l'enchaînement des événements laisse croire que la décision vient de la Scuderia, alors qu'il s'agit d'un divorce par consentement mutuel. 

De plus, même si McLaren fait depuis un moment les yeux doux à son ancien pilote, avec une offre salariale très intéressante et nettement supérieure à ce qu'il touche chez Ferrari, rien n'est encore signé. Une visite est même prévue au lendemain de l'épreuve de Suzuka. Ron Dennis, à la tête de la structure britannique, a en effet convié Alonso au siège de Honda à Sakura. 

"Ce qui est sûr est qu’Alonso a décidé de quitter Ferrari fin août", conclut Luca di Montezemolo. "Quand il est allé à Sakura, c’était le dernier effort. Je ne me souviens pas s’il avait décidé [de rejoindre McLaren] avant, mais ça a été le dernier effort. 'J’ai pris la bonne décision de quitter Ferrari parce que je suis vraiment impressionné’, disait Alonso." Son arrivée sera officialisée le 11 décembre 2014.

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