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Dossier - Alonso et Ferrari, c'était un nouveau départ

Motorsport.com plonge dans ses archives et ressort un article publié initialement dans le magazine F1 Racing en avril 2010, alors que Fernando Alonso venait de rejoindre la Scuderia Ferrari.

Fernando Alonso au dîner de gala

Photo de: Ferrari Media Center

Dossier spécial : Fernando Alonso

Motorsport.com se penche sur le style de pilotage de Fernando Alonso ainsi que sur ses choix de carrière en F1, avec un accent tout particulier sur son passage chez Ferrari ou encore son retour chez McLaren.

Chez Ferrari, le discours de fin d'année à Maranello, tenu par le président Luca di Montezemolo, est un élégant déploiement d'autosatisfaction collective. Champagne et canapés pour vous mettre l'eau à la bouche, et il presidente peut commencer son récapitulatif de la saison passée. En 2009, une fois les mots "double diffuseur" lâchés, il n'y avait plus grand-chose à dire. La Scuderia était tombée dans un de ces trous noirs techniques qui, en F1, peuvent piéger même les meilleures équipes. Ainsi, la saison fut catastrophique dès le début, et pourtant, di Montezemolo était étonnamment enjoué au moment du repas. Il avait décidé de tourner la page.

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Deux évènements ont marqué 2009 et rendu la pêche à sa majesté di Montezemolo : d'une part, le triomphe politique sur le grand gourou de la FIA, Max Mosley, sur la question des budgets plafonnés – une victoire qui a ouvert la voie à ce que di Montezemolo voit comme une nouvelle ère de collaboration dans le monde de la F1. Ensuite, il y a eu l'annonce de l'arrivée de Fernando Alonso chez Ferrari. Si le premier évènement garantissait la présence de la Scuderia dans un sport que l'écurie considère comme faisant partie de ses gènes, cette deuxième étape rendait à Ferrari non seulement son sentiment d'être la marque de prestige de la F1 mais également la famille accueillant régulièrement les meilleurs pilotes du monde.

Felipe Massa et Fernando Alonso

Felipe Massa et Fernando Alonso

Photo de: Ferrari Media Center

En Italie, les apparences, ça compte. L'arrivée d'Alonso, ça comptait vraiment. Durant les années Schumacher, Jean Todt avait tenté d'attirer Alonso dans ses filets à la suite de ses débuts fulgurants chez Minardi, mais sans succès. Après deux titres mondiaux remportés chez Renault, on comprend à présent pourquoi Flavio Briatore se le gardait bien précieusement. Ron Dennis, ennemi juré de Todt, s'accapara à son tour le jeune pilote espagnol dans l'allée des stands d'Interlagos en 2005. La combinaison d'Alonso sentait encore le champagne de son premier titre mondial lorsque Dennis lui fit ces avances audacieuses. Et nous savons tous comment cela s'est terminé.

Trois ans plus tard, Alonso a atteint dans sa carrière la période où la maturité rattrape le talent. Son échec relatif à Woking fut à mettre sur le compte de l'humeur et non des compétences. Si Alonso avait mieux compris comment fonctionne le monde étrange de sa majesté Ron Dennis, il aurait décroché son troisième titre d'affilée haut la main. Lewis Hamilton aurait toujours été un obstacle, mais nullement insurmontable pour un double Champion du Monde. Il fut quelque peu déprimant de voir un grand champion se désintégrer en présence de forces maléfiques complètement imaginaires. On pourrait écrire un roman rien que sur cette séance de qualifications en Hongrie, et il faut espérer qu'Alonso aura le courage de l'écrire lui-même un jour. Il déteste aborder le sujet mais, que cela lui plaise ou non, il doit assumer les conséquences de cette annus horribilis, point noir qui entachera sa carrière jusqu'au bout.

"Si Alonso avait mieux compris comment fonctionne le monde étrange de sa majesté Ron Dennis, il aurait décroché son troisième titre d'affilée haut la main".

Alonso avait le sentiment que la direction de McLaren accordait un traitement de faveur à son jeune coéquipier. Il eut Hamilton sur le dos depuis le début et celui-ci ne lâcha pas prise. Dès la troisième course, dans le paddock de Bahreïn, on a pu voir Alonso en grande conversation avec Dennis, cherchant à se faire rassurer. À Monaco, où Hamilton fit un scandale durant la conférence de presse d'après course pour protester contre le fait qu'on ne le laissait pas disputer le titre à Alonso, l'écurie était déjà proche de la rupture. Rupture qui finit par arriver en Hongrie lorsque, voyant qu'Hamilton s'obstinait, Alonso en vint à perdre patience et le bloqua délibérément devant son stand lors de la séance de qualifications. La conférence de presse de McLaren qui suivit cet incident fur l'une des plus suffocantes qu'on ait vue depuis longtemps. Le conflit s'envenima le lendemain lorsqu'Alonso envoya son email accablant qui allait déboucher sur l'exclusion de l'équipe du Championnat du monde des constructeurs, assortie d'une pénalité record de 100 millions de dollars pour avoir volé les secrets de Ferrari.

Lewis Hamilton, McLaren MP4-22, devant Fernando Alonso, McLaren MP4-22, à la sortie des stands

Lewis Hamilton, McLaren MP4-22, devant Fernando Alonso, McLaren MP4-22, à la sortie des stands

Photo de: Steven Tee / LAT Images

Toute sa vie, Alonso restera persuadé d'avoir été humilié par McLaren. En réalité, les torts étaient partagés, et chez Ferrari, on est fermement décidé à ne pas renouveler ces erreurs. Dès le départ, di Montezemolo était focalisé sur le statut du pilote. "J'en ai discuté avec Domenicali au moins mille fois – je dis bien mille fois, pas cent fois -, et avec Alonso", assure-t-il. "Je lui ai dit : 'Si tu bosses pour nous, tu bosses pour une équipe, un groupe, pas juste pour ta pomme. Si tu veux une équipe à toi tout seul, très bien, tu n'as qu'à fonder ta propre écurie comme John Surtees. Chez Ferrari, on veut t'offrir les meilleures conditions pour la victoire. Si ce n'est pas possible, on ne te prendra jamais.'"

Michael Schumacher lui-même aurait pu se sentir lésé, lui qui n'a jamais reçu le moindre traitement de faveur chez Ferrari, s'imposant progressivement, de façon naturelle, dans les petits papiers de Jean Todt. Adroitement, Alonso inverse le problème. "Ce n'était pas d'être numéro 1 qui comptait", explique-t-il, "mais de ne pas être le numéro 2. Je ne prétends pas à un quelconque favoritisme, mais je bosse à 110% avec l'équipe et si tout le monde n'en fait pas autant, ça ne va pas. J'ai beaucoup appris chez McLaren. Felipe [Massa] est ici depuis longtemps, ce qui est une bonne chose pour moi."

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Mais Alonso n'a pas été pris pour soutenir Massa. Chez Ferrari, on sait qu'on a engagé un gagnant pure race qui va modeler l'équipe autour de lui. L'auteur de ces lignes se souvient d'une conversation avec Mike Gascoyne durant l'épisode Renault, début 2003. Jenson Button donnait du fil à retordre à Jacques Villeneuve chez BAR. Tenant absolument à voir dans le jeune Anglais un potentiel Champion du monde, on demanda son opinion à Mike Gascoyne. Il répondit quelque chose du genre : "Désolé, mais si c'est un nouveau Champion du monde que vous cherchez, vous faites erreur. Jenson est bon, mais ce petit-là est très spécial. Si vous voulez savoir sur qui je miserais mon argent, eh bien ce serait Fernando à tous les coups."

L'avis de Gascoyne était partagé par Pat Symonds qui, avant sa spectaculaire disgrâce, avait le don d'analyser les rouages dans l'esprit des pilotes.  Le directeur de l'ingénierie de Renault F1 ne tarissait pas d'éloges sur l'intelligence d'Alonso. "Tous les pilotes de Grand Prix sont rapides", disait-il, "mais la plupart ne savent pas pourquoi". Les briefings de pilotes étaient particulièrement instructifs pour Symonds qui avait une approche assez simpliste de la stratégie, se contentant d'expliquer comment le week-end devait se dérouler. Pas besoin de dire un mot à Alonso. Tout était là : une organisation mentale à la hauteur de la télémétrie de la voiture.

Le podium: Giancarlo Fisichella, Renault, Kimi Raikkonen, McLaren, Fernando Alonso, Renault

Le podium: Giancarlo Fisichella, Renault, Kimi Raikkonen, McLaren, Fernando Alonso, Renault

Photo de: Sutton Images

Alonso a fait ses armes en affrontant Kimi Räikkönen en 2005, alors que le Finlandais était au meilleur de sa forme, et Schumacher en 2006. Son dépassement par l'extérieur sur Michael dans le fameux 130R de Suzuka, en 2005, ne fut éclipsé que par celui de Räikkönen sur Giancarlo Fisichella dans le Turn 1 au dernier tour. Un an plus tard, sur le même circuit, Alonso nous gratifia de son discours à la Greta Garbo, exprimant son sentiment de solitude alors que le championnat atteignait une étape critique…

Son avenir entre les mains de McLaren, Alonso se dit alors horrifié du peu de soutien que lui apportait son équipe, Renault, au Grand Prix de Chine où sa lutte pour le titre contre Schumacher prit une tournure potentiellement dramatique. La décision de ne changer que les pneus avant lors de son premier pit-stop, après un départ en pole gâché par la pluie, se retourna contre lui. Si les performances étaient laborieuses, il reprochait à l'écurie d'avoir permis l'approche agressive de Fisichella alors qu'il était deuxième et qu'il aurait mieux fait, d'après Alonso, de contenir Schumi, alors troisième. Fisichella rata sa première tentative de le passer, mais la seconde fut la bonne. Alonso finit par redresser la situation et termina second derrière Schumacher, mais il était furieux.

Lors de la conférence de presse d'avant Grand Prix à Suzuka, Alonso déversa sa rage devant un public d'observateurs médusés. Renault était en lice dans le championnat des constructeurs et celui des pilotes. Alonso ne courait que pour ce dernier. C'était du grand Alonso en mode "moi je", une facette du personnage qui allait se manifester de la façon la plus destructrice l'année suivante.

Podium: le vainqueur Michael Schumacher avec Fernando Alonso et Giancarlo Fisichella

Podium: le vainqueur Michael Schumacher avec Fernando Alonso et Giancarlo Fisichella

Photo de: Ferrari Media Center

Alonso affirme aujourd'hui que ce qu'il a vécu a fait de lui un homme meilleur. "Je suis là pour offrir à l'équipe tout mon professionnalisme, déployer mes compétences pour piloter la monoplace", dit-il, "et je sais que le pilote doit aussi continuer à bosser avec les ingénieurs sur le développement de la voiture. Il faut aussi établir une bonne relation avec le public, la presse, et je pense être mieux préparé pour tout cela aujourd'hui que lorsque je décrochais des titres chez Renault, ou que quand j'étais chez McLaren. Maintenant, je me sens paré à relever ce défi qui est loin d'être aisé, car vu la renommée mondiale de Ferrari, on va attendre beaucoup de moi – que ce soit au Japon, en Europe, en Inde… Ferrari est un grand nom partout, mes résultats auront donc un impact considérable dans la presse, et on sait que l'on doit gagner."

L'arrivée d'Alonso va dans le sens de l'esprit Ferrari. La perfection de cette alliance a été confirmée par les premiers sons de cloche. Alonso était en contact avec l'équipe avant son intronisation officielle à Madonna di Campiglio, début janvier. Lorsque Kimi Räikkönen est descendu de l'hélicoptère Ferrari sur la neige en 2007, la tenue rouge ne lui allait pas très bien. Alonso, lui, avait l'air de faire déjà partie de la famille. "Nous étions en contact, surtout avec mon ingé course et les techniciens de l'équipe", expliquait-il. "On s'échangeait des emails, on s'appelait… Ils me tiennent informé sur le développement de la voiture, pour qu'on soit fin prêts quand les essais commencent. On a bien bossé. Je me suis senti chez moi dès le premier jour, l'ambiance a toujours été très familiale. Quand je suis allé à Maranello, j'ai vu la passion qui animait les gens de Ferrari. C'est quelque chose d'unique en F1. Pour tout pilote, être intégré à la Scuderia est la meilleure chose qui puisse arriver dans une carrière. Il est presque impossible de trouver la motivation de courir sous une autre enseigne après Ferrari, car jamais on ne retrouvera le même environnement, ni ce sentiment d'être dans une écurie qui a une grande Histoire. C'est une équipe de légende, symbolisée par le cheval cabré. Alors, oui, je me sens serein à présent, car j'ai atteint un but."

Pour di Montezemolo, Alonso est sans conteste l'homme qu'il lui faut. "C'est un pilote qui a un talent et un esprit d'équipe remarquables", dit l'élégant patron de Ferrari, "ainsi qu'un désir absolu de gagner. Je pense qu'il arrive chez nous juste au bon moment de sa carrière. Nous nous étions déjà mis d'accord pour 2011, où les contrats de nos pilotes prenaient fin. Mais on a réalisé que l'équipe avait besoin d'un pilote qui s'implique avec les ingénieurs, ce qui n'était pas dans les gènes de Kimi – même si c'est un type incroyablement talentueux."

Podium : Fernando Alonso (Ferrari), vainqueur, Felipe Massa (Ferrari) et Chrys Dyer (ingénieur de piste de Fernando Alonso)

Podium : Fernando Alonso (Ferrari), vainqueur, Felipe Massa (Ferrari) et Chrys Dyer (ingénieur de piste de Fernando Alonso)

Photo de: XPB Images

Alonso chez Ferrari, c'est l'évènement qui nous fait bouillir d'impatience pour la saison qui commence. La dynamique qui s'installera avec Felipe Massa sera aussi fascinante à observer que le retour de Schumacher chez Mercedes ou le duel Hamilton-Button chez McLaren. Massa a gagné les faveurs de Ferrari lors de l'incroyable dénouement de 2008, où le Brésilien était déjà au troisième virage de son tour d'honneur à Interlagos quand on annonça l'extraordinaire coup de théâtre signé Hamilton. Massa vit le titre lui passer sous le nez de la façon la plus rageante qui soit, mais accepta sa défaite avec héroïsme. Espérons que ses terribles blessures du Grand Prix de Hongrie ne l'auront pas diminué. Il va avoir besoin de tous ses moyens pour prendre le dessus sur Alonso.

Lorsqu'Alonso nous dit que le championnat sera difficile pour sa première saison chez Ferrari, on peut prendre ça pour de la modestie. Après le désastre du double diffuseur, la Scuderia s'est remise au travail très tôt cette année. Alonso affirme qu'il ne prendra pas le rythme avant les Grands Prix européens ; mais si la voiture est aussi rapide qu'on l'espère chez Ferrari, Alonso devrait l'être aussi. "Je sais que je vais devoir m'adapter rapidement à la monoplace", analyse-t-il. "Je n'ai que sept ou huit jours de tests, et pour les trois ou quatre premières courses, on ne sera peut-être pas au top – mais après ça, je suis sûr qu'on assistera à du grand Alonso et du grand Ferrari."

Il a fallu cinq ans à Schumacher lui-même pour décrocher un titre avec Ferrari. La F1 n'est pas un simple calcul.

Fernando Alonso

Lors d'un entretien avec Stirling Moss pour le livre F1 Opus à venir, nous lui avons demandé un tour d'horizon des meilleurs pilotes de la saison 2010. De son domicile à Mayfair, en Angleterre, l'ancien rival de Fangio ne manque jamais une course. Alonso est l'un des trois qu'il classe comme de vrais pilotes au sens traditionnel du terme : un pilote qui se nourrit du danger. Les deux autres sont Lewis Hamilton et Sebastian Vettel, la différence étant que ni l'un ni l'autre ne pilote une Ferrari.

1er Sebastian Vettel (Red Bull), 2e Lewis Hamilton (McLaren), 3e Fernando Alonso (Ferrari)

1er Sebastian Vettel (Red Bull), 2e Lewis Hamilton (McLaren), 3e Fernando Alonso (Ferrari)

Photo de: XPB Images

"Alonso dans une Ferrari, ça va être difficile à battre", nous a dit Moss, se faisant l'écho d'une opinion largement partagée. Les plus grands fans de Ferrari voient déjà l'Espagnol rivaliser avec les exploits statistiques de Schumacher, sans doute énervés par la défection de ce dernier vers Mercedes. Alonso ne veut pas entendre ce discours. "Ce n'est pas facile", assène-t-il. "Il a fallu cinq ans à Schumacher lui-même pour décrocher un titre avec Ferrari. La F1 n'est pas un simple calcul. C'est la même chose en football ou dans d'autres sports, où une grande équipe peut perdre face à une petite équipe. En F1, ça peut arriver aussi, ce n'est pas que de la théorie. Il faut que tout se passe bien en piste, et il faut prouver de quoi on est capable. Tout le monde veut gagner, mais sept titres mondiaux, c'est pratiquement impossible à refaire de nos jours. La compétition est si serrée et les règles sont strictes. Tout se joue à deux, trois dixièmes près, maintenant, alors gagner cinq championnats d'affilée, c'est impensable".

Si les dires de di Montezemolo se confirment et que la F1 connaît un renouveau où les pilotes peuvent à nouveau briller par leurs exploits, alors Alonso a une chance de revenir en force. McLaren fut une belle occasion ratée. Ferrari est l'occasion pour lui de se tisser une belle carrière – de devenir un vrai grand de la F1. Une occasion qu'il ne va pas manquer de saisir.

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