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Beltoise, épisode 1 - "J'ai commencé par la moto car je n'avais pas d'argent..."

À l’occasion du premier anniversaire de la disparition de Jean-Pierre Beltoise, le 5 janvier 2015, Motorsport.com publie l’interview exclusive qu’il avait accordée en 2011 au magazine F1 Racing.

Jean-Pierre Beltoise

Au printemps 2011, Jean-Pierre Beltoise avait reçu votre serviteur, alors rédacteur en chef de F1 Racing, sur le magnifique circuit de Haute-Saintonge, en Charente-Maritime, proche du Périgord et du Bordelais. Un site dirigé par son plus jeune fils, Julien, et qu’il avait inauguré deux ans auparavant. Ponctuel, l’homme aux quatre-vingt-six de Grands Prix de F1 disputés entre 1966 et 1974 s’était prêté au jeu de la séance photo avant de s’attabler en bord de piste pour près de deux heures de discussion à bâtons rompus... (Photos Jérôme Chabanne)

 

Jean-Pierre Beltoise, vous êtes la seconde personnalité de la F1 mise à l’honneur dans cette nouvelle série d’interviews, après Patrick Head...

Patrick Head, de Williams... Grand amateur de vins de Bourgogne!

Dans notre interview, il parlait en effet d’un détour par cette région quand il se rendait à Magny-Cours, en moto, pour le GP de France. Mais parlons plutôt de vous. Dans son intitulé, cette série d’interviews dit que chaque mois, une “légende” de la F1 se confie à F1 Racing. Donc, Jean-Pierre Beltoise, première question : ça fait quoi d’être une légende?

Je ris parce que forcément, je ne me prends pas pour une légende. Je suis un autodidacte, destiné à être garçon boucher puisque je ne travaillais pas bien à l’école et mon père était boucher. Et puis, un jour, j’ai entendu parler des courses automobiles par Le Mans, les duels entre Jean Behra et Robert Manzon ou Pierre Levegh – vers 1952, par là.

D’autre part, il se trouvait que nous allions en vacances à la Baule-les-Pins, qu’il y avait le circuit d’Escoublac pas loin et qu’on avait tendance, avec mes frères et un copain, à se lancer des défis pour aller le plus vite possible à vélo, etc. Tout ça a fait qu’à l’age de 15 ans, je me suis programmé “futur éventuel coureur automobile”. Mais j’ai commencé par la moto, car je n’avais pas d’argent du tout...

Avec mes frères et un copain, à se lancer des défis pour aller le plus vite possible à vélo, etc. Tout ça a fait qu’à l’age de 15 ans, je me suis programmé futur éventuel coureur automobile..

Jean-Pierre Beltoise, évoquant ses (tout) débuts

L’idée, c’était déjà la voiture...

Tout à fait. Mais j’ai été 15 fois champion de France à moto, avec une seule idée : arriver à faire des courses de voitures. Mon idole était Jean Behra, qui avait couru à moto avant d’aller chez Gordini. Et finalement, quand j’ai quitté la moto pour faire de la voiture, ce fut en quelque sorte une erreur de ma part car c’était l’époque, en 1964, où les constructeurs japonais arrivaient en force.

J’étais déjà bien “coté” pour avoir été pilote officiel chez Bultaco, Kreidler, et les Japonais lorgnaient sur moi. Mais, bon... Pour moi, une seule chose comptait : la course automobile. Et je suis rentré chez René Bonnet, une toute petite “boîte” avec, il faut le dire, des voitures pas top et plutôt dangereuses.

Bref, quand vous me parlez de légende, ça me fait sourire car je suis un homme normal, avec sa bande de copains... Je n’y crois pas.

 

Jean-Pierre Beltoise
Jean-Pierre Beltoise

Photo by: Jérôme Chabanne

C’est donc chez René Bonnet que vous avez débuté sur quatre roues...

C’est assez compliqué. Ma mère – qui, bien entendu, ne voulait pas que je fasse de la course mais a fini par céder devant mon obstination – m’a dit que par un de ses bons amis qui était un grand copain de René Bonnet, elle pourrait me faire entrer chez ce dernier. En fait, je suis rentré comme mécanicien tout en continuant à faire des courses de motos. Mais René Bonnet, lui, n’avait pas du tout compris la démarche. Et au bout de six mois à faire des soudures ou des vidanges, je suis parti. Mais je suis resté très copain avec son neveu, Jo, qui mettait sur son bureau mes résultats à moto.

Chaque lundi, il avait droit à la page de l’Équipe avec mes résultats mis en valeur. Et un jour, il s’est dit : “C’est peut-être le pilote qu’il me faut,” en ne se souvenant même pas que j’avais travaillé chez lui et que j’étais parti en pleurant ! Et donc, un jour, Jo me téléphone et me dit : “Il va t’appeler.” Il le fait, je me retrouve dans son bureau et là, il me dit : “Tu commences à la Targa Florio!” Voilà comment tout a commencé.

Éric Offestadt a dit à Jean-Luc Lagadère : prenez Beltoise, c'est le plus rapide d'entre nous. Et Lagardère a répondu : mais c'est un éclopé!

À propos de son entrée chez Matra

Les premiers résultats sont arrivés très vite, je crois.

La première année, en 1963, j’ai gagné les 24 Heures du Mans à l’indice énergétique avec Claude Bobrowski qui vient hélas de décéder. Puis j’ai fait le GP de Pau sur une F2, une voiture qui n’était pas si mal que ça puisque j’étais 5e avant de m’accrocher avec [Peter] Arundell, je crois, et d’abandonner. Et puis, aux 12 Heures de Reims en 64, je me suis retrouvé à l’hôpital avec une grave blessure au bras [Ndlr : lequel est resté en partie bloqué ensuite], entre autres multiples fractures.

C’est pourtant à ce moment qu’a débuté l’aventure Matra, non ?

En effet. Un jour, mon ami Jean-Louis Marnat vient me voir et me dit que Matra vient de racheter René Bonnet. Petit à petit, un autre de mes grands copains, Éric Offenstadt, déjà rentré comme pilote dans l’entreprise, dit à Jean-Luc Lagardère, le président de Matra : “Si vous voulez gagner des courses un jour, il faut prendre Beltoise, c’est le plus rapide d’entre nous.” Sympa! Lagardère a répondu : “Mais c’est un éclopé!” Et finalement, je l’ai convaincu rien qu’en lui parlant et il m’a engagé en F3 puis F2.

 

Jean-Pierre Beltoise
Jean-Pierre Beltoise

Photo by: Jérôme Chabanne

Ensuite, ce fut la progression logique jusqu’à la F1...

Exactement. J’avais déjà fait quelques Grands Prix en 1966 et 1967 avec une F2 lestée et en 1968, une aventure fantastique commence avec la Matra V12. À part Ferrari et BRM, également en V12, tout le monde avait le V8 Ford-Cosworth. Le V12 avait encore une image fantastique, très noble. Et Lagardère, fanatique de sport et vrai puriste, avait dit à l’ingénieur Georges Martin, qu’il avait engagé : “Ce qu’il nous faut, c’est un V12.”

Dès cette première saison, vous signez une 2e place à Zandvoort, au GP des Pays-Bas...

Oui, et c’est un des grands regrets de ma vie. J’aurais dû gagner. C’est de ma faute si je sors de la route. Je m’en sors bien, mais j’aurais dû gagner.

Vous étiez en tête?

J’étais en tête, et j’ai freiné un peu tard car un pilote, Chris Amon je crois, venait de sortir de la piste. Bêtement, j’ai voulu voir qui c’était. Une seconde d’inattention, et voilà, en sortant large dans l’épingle de Tarzan. J’ai pris du sable dans la crémaillère, je suis revenu au contact sous la pluie, moteur bloqué plein gaz, me suis arrêté au stand, les mécaniciens ont débloqué la crémaillère, et j’ai quand même fini 2e...

En remontant ou en étant reparti 2e?

Ah non, je suis reparti loin et remonté.

Et la sortie, c’était à quel moment de la course?

Aux deux tiers au moins. J’aurais dû gagner. J’ai fait une bêtise, quoi...

(À suivre)

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