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Beltoise, épisode 2 - "Savez-vous que j'ai été approché par Ferrari?"

À l’occasion du premier anniversaire de la disparition de Jean-Pierre Beltoise, le 5 janvier 2015, Motorsport.com publie l’interview exclusive qu’il avait accordée en 2011 au magazine F1 Racing.

Jean-Pierre Beltoise

Après être revenu sur ses débuts et sa progression jusqu’à la Formule 1 en 1968 avec Matra, Jean-Pierre Beltoise reprend le fil de sa carrière en commençant par sa saison 1969 aux côtés de Jackie Stewart. Et l’on apprendra qu’il fut un jour contacté par le Commendatore, auquel il réagit de façon étonnante, puis laissa passer une chance de rejoindre McLaren... (Photos Jérôme Chabanne)

Puis Matra s’associe avec Ken Tyrrell, et en 1969, vous courez aux côtés de Jackie Stewart avec le V8 Ford...

À la fin de l’année 1967, Stewart avait comparé les deux moteurs à Albi et conclu que le V12 n’était pas assez performant. Lagardère était un peu ennuyé, mais il a dit : “Très bien, on fait une année de transition, on confie des châssis à Tyrrell sur lesquels il monte des V8, et après on verra.” Et il m’a proposé d’être le second pilote.

Vous-même, quelle conclusion avez-vous tirée de la comparaison à l’époque?

La même qu’avec le V12 BRM que j’ai eu par la suite : à qualité égale, un V12 est plus agréable car ça ne vibre pas – c’est presque comme un moteur électrique –, ça monte très haut en régime, c’est plus souple, mais on a plus de résistance mécanique et on manque de couple à moyen et bas régime. Avec le V8 Cosworth, on sentait presque comme des coups de marteau, c’était moins agréable, mais il y avait un couple fantastique.

Compte tenu des maigres connaissances qu’on avait en matière d’aérodynamique, de tenue de route et de qualité d’adhérence des pneumatiques à l’époque, il se trouvait que dans une courbe comme la Parabolique à Monza, le V12 donnait une tendance un peu sous-vireuse à l’entrée et qu’on n’arrivait pas à passer sur l’équilibre avant de survirer un peu en sortie. Alors qu’avec le Cosworth, dès qu’on remettait les gaz, on était déjà performant. C’est ça qui faisait la différence.

On allait aussi vite en ligne droite, on était bien en accélération mais on manquait de couple – d’où un gros handicap dans une grande partie des virages.

Stewart était quelqu’un de très, très bien. En arrivant à Spa, par exemple, comme je le titillais un peu quand même, il se mettait à ma place, se disait que je ne rêvais que de le battre mais qu’il fallait que je fasse attention à moi.

 Au sujet de son coéquipier titré en 1969

Cette saison 1969 avec Tyrrell, quel souvenir en gardez-vous?

Un bon souvenir. Un très bon souvenir même. Je n’ai fini que 5e au championnat, ce qui allait rester mon meilleur classement d’ailleurs, mais la voiture était très bonne. Et puis, Stewart a gagné. C’était quelqu’un de très, très bien. En arrivant à Spa, par exemple, comme je le titillais un peu quand même, il se mettait à ma place, se disait que je ne rêvais que de le battre mais qu’il fallait que je fasse attention à moi.

À Spa, donc, où il avait eu un très grave accident quelques années auparavant, il est venu me voir et m’a dit : “Jean-Pierre, ne sois jamais en survirage sur ce circuit. Fais-toi une voiture neutre. Tu ne peux pas faire autrement, car sinon, tu sors à 300 à l’heure et ici, tout autour, il n’y a que des maisons ou des fossés...”

 

Jean-Pierre Beltoise
Jean-Pierre Beltoise

Photo by: Jérôme Chabanne

Après cette saison 1969, et la séparation entre les deux parties, auriez-vous pu rester chez Tyrrell plutôt que de rejoindre l’équipe Matra-Simca avec le V12?

JPB : Je ne me souviens pas... Mais vous savez, quand je courais à moto, je n’avais qu’une envie qui était d’être Jean Behra sur Gordini. Donc, moi, je n’étais intéressé que par des voitures bleues! Savez-vous que j’ai été approché par Ferrari?

Vous savez, quand je courais à moto, je n’avais qu’une envie qui était d’être Jean Behra sur Gordini. Donc, moi, je n’étais intéressé que par des voitures bleues!

Parlant de son passage chez Matra qui s'était séparé de Tyrrell

Non, mais j’allais vous poser la question un peu plus tard.

C’était très longtemps avant, en 1966 je pense, quand je me battais souvent en tête en F2 avec Jim Clark et les autres. À Albi, [Ludovico] Scarfiotti est venu me voir et m’a dit qu’Enzo Ferrari voulait me rencontrer, qu’il fallait fixer un rendez-vous. Mais j’étais tellement bien dans ma famille Matra, avec tout plein de voitures bleues, que j’ai dit non. Je n’y suis même pas allé ! Il n’y a pas un pilote aujourd’hui qui réagirait ainsi ! J’étais heureux où j’étais. Quatre ans avant, j’étais tout près d’être un voyou et là, j’avais mes voitures bleues... [rire]

Vous n’avez jamais regretté?

Non. Un petit regret que je peux avoir, c’est d’être passé chez René Bonnet quand Honda m’a approché pour courir en moto. Mais je voulais faire de la course automobile. Et chez Ferrari, j’aurais eu de suite une bonne voiture mais on sait comment c’était là-bas à l’époque, c’était difficile à vivre.

Scarfiotti est venu me voir et m’a dit qu’Enzo Ferrari voulait me rencontrer, qu’il fallait fixer un rendez-vous. Mais j’étais tellement bien dans ma famille Matra, avec tout plein de voitures bleues, que j’ai dit non.

À propos de ses contacts avec Ferrari

Et cette aventure Matra-Simca, ne regrettez-vous pas que ça n’ait pas mieux marché?

Si, mais en même temps, c’était tellement bien! Ma situation chez Matra évoluait chaque année, je gagnais pas mal d’argent pour l’époque, j’étais très heureux. C’était magnifique.

La marque s’impliquait aussi en Endurance à l’époque, et allait gagner trois fois de suite au Mans. Qu’est-ce qui vous apportait le plus de plaisir? Les monoplaces ou les protos?

Les monoplaces, sans aucun doute. En Endurance, c’est la marque qui est mise en avant. Et en faisant tout pour la marque, on assure, alors dès qu’un jeune va plus vite, on est catalogué. Pour tout dire, je n’aime pas Le Mans. Je déteste courir la nuit. J’ai vu un pilote se tuer devant moi, j’ai failli me tuer moi-même... Mais j’étais payé pour le faire, alors je le faisais.

 

Jean-Pierre Beltoise
Jean-Pierre Beltoise

Photo by: Jérôme Chabanne

Comment s’est passée la rupture avec Matra, puisque rupture il y a eu malgré tout?

Très bien. Impeccable. Avec à peu près tout le monde. Je vous explique la fin de la saison 1971. Lagardère commence à piétiner un peu. Chris Amon, qui n’a jamais gagné mais vient de signer de nombreuses pole positions sur Ferrari, est sur le marché et on le sait très rapide. Lagardère a beau me faire confiance, il se dit qu’on a besoin d’un grand pilote international. Jusque-là, rien à dire. Moi, je demande la garantie d’avoir le même matériel et le même traitement qu’Amon. Et là, on me dit non. J’insiste, et je vais voir Lagardère qui me dit qu’il ne peut aller contre le choix des responsables de l’équipe.

Et puis, à la même époque, Louis Stanley de BRM m’appelle en pleine nuit et me dit : “Jean-Pierre, do you want to be world champion?” [Rire]

Carrément...

Oui. Ça m’ennuyait de quitter Matra, où j’étais bien, mais il m’appelait directement, chez moi. J’y ai été sensible. On a eu des pourparlers, j’ai insisté auprès de Matra qui m’a confirmé qu’il y aurait un n°1, Amon, et un n°2, Beltoise. Alors je suis parti. Enfin, je suis resté pilote Matra en prototypes mais suis devenu pilote BRM en F1. Ce que je regrette le plus, c’est de ne pas avoir pu revenir chez Matra en GP en 1975, comme cela était prévu...

On a eu des pourparlers, j’ai insisté auprès de Matra qui m’a confirmé qu’il y aurait un n°1, Amon, et un n°2, Beltoise. Alors je suis parti.

Évoquant son départ de chez Matra pour rejoindre BRM

Nous y reviendrons, mais parlons d’abord de cette période chez BRM si vous le voulez bien, et bien sûr de votre victoire sous la pluie à Monaco en 1972...

Ça commence très fort, en effet. La première année, je gagne Monaco puis la Course des Champions hors championnat à Brands Hatch en fin de saison. Le châssis était moins rigide que le Matra, le moteur [BRM, comme le châssis] était bien mais tournait 500 ou 1000 tours en dessous du Matra. Par contre, il était très souple, avec beaucoup de chevaux “en bas” par rapport au Matra.

Nous avions une bonne voiture, vraiment. Et puis, fin 1973, je fais une grosse erreur. Marlboro, qui quitte BRM, veut m’emmener chez McLaren. Et moi, je dis non car je suis bien chez BRM et bêtement, je reste attaché au V12. Une grosse erreur. Je suis trop sentimental, en fait.

(À suivre)

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