Bottas : "J'ai l'impression que je n'ai encore rien accompli en F1"
Sans rien changer au caractère très "finlandais" qu'on lui connaît, Valtteri Bottas a conscience de l'importance que revêt pour son avenir en F1 la saison 2019. Lucide, capable d'autocritique, le pilote Mercedes ne lâche rien et entend démontrer qu'il peut se hisser au niveau attendu pour sa troisième saison en gris.
Photo de: Jerry Andre / Motorsport Images
Arrivé précipitamment chez Mercedes il y a deux ans, Valtteri Bottas a satisfait ses dirigeants à l'époque, notamment compte tenu du contexte. Malheureusement pour le Finlandais, la saison 2018 a été beaucoup plus difficile, au point de provoquer une véritable remise en question, de la part des observateurs comme du principal intéressé.
Le bilan de l'an passé a été rude à dresser pour l'ancien pilote Williams, seul membre d'un top team à n'avoir pas remporté le moindre Grand Prix. Il y a eu certes une part de malchance, avant de subir la loi des consignes d'équipe en Russie, mais Bottas est le premier à admettre qu'il lui faut progresser et rebondir. Confirmé tôt dans la saison, il doit probablement son baquet dans l'écurie de Brackley au fait d'avoir convaincu Mercedes de sceller un accord rapide, notamment avant la saga estivale du marché des transferts qui a laissé Esteban Ocon sur le bord de la route...
"C'était un bon hiver, c'était sans aucun doute important de réfléchir à l'année dernière, à la saison dernière, à toutes les choses que je peux mieux faire", reconnaît Valtteri Bottas dans le paddock de Barcelone pour les essais hivernaux. "Après ce genre de saison compliquée personnellement, c'est encore plus important d'utiliser la période hivernale. Il faut hiérarchiser les priorités, les choses sur lesquelles ont veut travailler, ainsi que la quantité de repos que l'on veut avoir, etc."
S'il n'est pas du genre à se morfondre, le pilote de 29 ans sait aussi être dur avec lui-même. Bien qu'il soit à la tête de trois victoires, six pole positions et 30 podiums en six saisons complètes de F1, le sentiment qui l'habite est loin d'être celui que l'on peut imaginer.
"Avant tout, j'ai l'impression que je n'ai encore rien accompli en Formule 1", lance-t-il avant d'embarquer dans l'exercice 2019. "Pour moi-même, j'ai encore beaucoup à faire. Et je veux atteindre mes objectifs. Alors oui, j'ai encore beaucoup à faire en Formule 1. J'ai le sentiment de ne rien avoir à prouver à personne d'autre que moi. L'équipe sait exactement de quoi je suis capable, mais ça dépend de moi, et de nous en tant qu'équipe, pour travailler dur et être performant à mon meilleur niveau. Je sais exactement ce que je peux faire si je suis à mon meilleur niveau."
Ne plus avoir le moindre regret
Être à son meilleur niveau, et surtout concrétiser en piste avec des résultats probants. Ce sera non plus un devoir mais une nécessité pour Bottas cette année. Sa place pour 2020 en dépendra assurément. Beaucoup supposent que l'ombre d'Ocon, dans la peau du réserviste amené à prendre sa place l'an prochain, a tout d'une épée de Damoclès au-dessus de la tête du Finlandais. En réalité, impossible de connaître aujourd'hui les intentions de Mercedes sur le sujet, et sans doute la firme à l'étoile ne les a pas encore définies. Mais la pression est inévitablement du côté d'un Bottas qui estime avoir identifié l'axe majeur pour se relancer : ne laisser filer aucune occasion.
"J'ai analysé beaucoup de choses de l'année dernière et de la précédente", explique-t-il. "Je dois juste faire en sorte de ne pas gaspiller la moindre opportunité, que ce soit pour un podium, que ce soit pour une victoire. Dans chaque situation de course, je dois essayer d'en tirer un avantage, de minimiser toutes les erreurs, de minimiser les situations qui m'amènent à penser : 'Est-ce que j'aurais dû faire quelque chose différemment ?'. Je ne veux pas avoir à réfléchir à ça après une course, je veux saisir ces opportunités."
"Il y a définitivement eu un tournant dans la saison [2018], je ne me souviens pas exactement, mais c'était plutôt clair à un moment donné que je n'allais pas me battre pour le championnat. Quand on est pilote et que certains objectifs sont fixés pour la saison, que l'on travaille dur pour ça et que ce n'est plus possible, il faut essayer de repartir à zéro et fixer de nouveaux objectifs, ce qui n'est pas toujours facile. Mais...oui, il était plutôt évident l'an dernier, quand j'ai su ça, que la fin d'année pouvait être difficile."
"Mais je ne m'inquiète pas de voir le pessimisme de l'an dernier se poursuivre, au contraire, peut-être que c'était une bonne chose pour moi. Je me sens vraiment bien désormais, j'ai réussi à oublier toutes les choses négatives, à transformer ça en motivation. Je n'ai pas d'inquiétude à ce sujet."
Malgré un bilan en demi-teinte, Valtteri Bottas a pour lui le fait d'avoir noué une relation de travail efficace avec Lewis Hamilton. Un argument insuffisant pour lui garantir éternellement de conserver son volant, mais qui pèse néanmoins très lourd. Cependant, l'harmonie que dégage cette belle entente peut jouer des tours à l'image qu'il renvoie de lui-même, à savoir celle d'un pilote peut-être trop tendre, voire trop "gentil" avec son voisin de garage. Une vision biaisée ? "Je crois, oui", se défend l'intéressé avant de s'en expliquer.
"Nous nous rendons compte que si nous travaillons ensemble au sein de l'équipe, lors des meetings, c'est mieux pour nous en tant que pilotes, nous aurons une voiture plus rapide et un meilleur développement. C'est mieux pour nous en tant qu'équipe. Avec l'état d'esprit que nous avons, nous allons travailler plus efficacement que s'il y avait de gros problèmes. Mais en même temps, nous savons tous les deux que lorsque nous mettons notre casque, lorsque nous sommes dans la voiture, nous ne voulons jamais être derrière l'autre. C'est la même chose pour moi, je ne veux pas être derrière Lewis et je ferai tout ce que je peux pour être devant, et il le sait aussi."
"C'est très ouvert, il n'y a pas de coups fourrés ni quoi que ce soit. Je suis certain que nous allons nous amuser en piste à nous battre l'un contre l'autre, mais nous devons toujours garder à l'esprit le besoin de développer la voiture, et c'est peut-être encore plus important cette année."
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