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Quand Damon Hill voyait en Frank Williams un père adoptif

Damon Hill avait longtemps vu en son directeur d'équipe, le regretté Frank Williams, un père adoptif, rôle que ce dernier n'était pas disposé à jouer.

Frank Williams et Damon Hill

Photo de: LAT Images

Frank Williams (1942-2021)

Frank Williams, emblématique fondateur de l'écurie éponyme, s'est éteint à l'âge de 79 ans. La rédaction de Motorsport.com lui rend hommage.

C'est avec l'écurie Williams que Damon Hill a pris 65 de ses 115 départs en Grand Prix, disputant les saisons 1993 à 1996 au sein de la structure basée dans l'Oxfordshire, à Didcot puis à Grove. Alors que son légendaire fondateur Sir Frank Williams nous a quittés ce dimanche, Hill est certainement l'un des mieux placés pour raconter qui était Williams dans le monde de la Formule 1, et leur relation avait justement été abordée à plusieurs reprises dans son autobiographie publiée en 2016.

Fils du double Champion du monde Graham Hill disparu dans un accident d'avion en 1975, Damon avait déjà 23 ans quand il a commencé sa carrière en sport automobile, et son arrivée en Formule 1 a ainsi été très tardive, puisqu'il avait passé le cap de la trentaine lorsqu'il a obtenu un poste d'essayeur chez Williams, en 1991.

"Être recruté par une écurie de F1 comme pilote d'essais n'était pas considéré comme un bon choix de carrière dans les années 1990", se remémorait le fils du double Champion du monde Graham Hill. "C'était une voie de garage, on était considéré comme celui qui n'avait pas assez de talent pour être pilote titulaire. On était la doublure, juste au cas où un pilote attraperait un rhume – et encore, ils prendraient sûrement quelqu'un d'autre."

"Mais peu m'importait ! Je voulais travailler avec les meilleurs de cette industrie, et ç'allait être comme le bon vieux temps dans le jardin secret d'une écurie de F1, comme j'y avais déjà été avec l'équipe de mon père. De plus, j'admirais Frank et Patrick [Head, directeur technique et bras droit de Williams pendant des décennies, ndlr]. Je savais qu'ils étaient des hommes durs, mais j'avais vécu avec Graham Hill comme père, alors je pensais pouvoir gérer la manière dont ils allaient me traiter."

Frank Williams et Damon Hill

Frank Williams et Damon Hill au début de la saison 1993

Après un passage infructueux dans la désormais modeste écurie Brabham en 1992, un concours de circonstances allait propulser Hill dans l'équipe Championne du monde en titre, et Frank Williams n'y était évidemment pas étranger…

"L'opportunité d'un volant de titulaire en F1 s'est présentée plus tôt que je ne m'y attendais – et avec mon écurie favorite", poursuivait Hill. "Personne n'aurait pu prédire ce qui s'est passé fin 1992. Malgré – ou peut-être depuis – son titre mondial, Nigel Mansell en avait marre de jouer au jeu des négociations avec Frank. Ce dernier avait fait signer Alain Prost à l'insu de Mansell. C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase pour Nigel, qui est parti aux États-Unis en IndyCar en 1993. Croyant que Nigel allait rester avec l'arrivée de Prost, Patrese pensait qu'il n'y avait pas de place pour lui et a signé pour rejoindre Michael Schumacher chez Benetton."

"Quand la musique s'est arrêtée à Monza en septembre et que Nigel a révélé son départ en IndyCar, Frank s'est soudain retrouvé avec un baquet à remplir. […] Martin Brundle était en lice mais, en tant que pilote expérimenté, il avait ses exigences financières. S'il y a une chose que Frank n'aime pas, c'est payer ce qu'il considère comme étant trop cher pour les pilotes. Je remplissais deux critères : j'étais bon marché et j'étais disponible."

"Frank m'a appelé un vendredi en fin d'après-midi, disant qu'il aimerait bien que je vienne à Didcot. Me donnant l'air d'être sûr de moi et cool, j'ai répondu : 'Frank, on est vendredi soir, il y a plein de bouchons. Il y a intérêt à ce que ça vaille le coup !' Il a dit qu'il pensait que je devrais venir. Quand je suis arrivé à Didcot, Frank a simplement dit : 'Nous aimerions que tu coures pour nous'. J'ai répondu quelque chose du genre : 'Oh, bien, merci'. Deux Anglais à la constipation émotionnelle chronique qui essayaient de ne montrer aucun sentiment, mais j'étais ravi."

Hill a ainsi passé quatre saisons au sein d'une écurie toujours aux avant-postes, avec des hauts et des bas néanmoins, notamment la mort tragique d'Ayrton Senna au Grand Prix de Saint-Marin 1994. "Je ne pouvais m'empêcher de penser à ce que Frank a dû ressentir", a confié Hill. "Le plus grand pilote de tous les temps venait de mourir dans une de ses voitures. Frank n'a jamais montré l'ombre d'une faiblesse, mais aussi stoïque fut-il, ça devait faire mal. Il était solennel et songeur, c'était sa manière à lui de composer avec ça."

Damon Hill, Williams FW16 Renault

Damon Hill (Williams FW16) au Grand Prix de Grande-Bretagne 1994

Et comme nombre de ses pairs, Hill ne manquait pas de souligner le rapport particulier qu'entretenaient Frank Williams et Patrick Head avec leurs pilotes, alors même qu'il luttait face à la Benetton du redoutable Michael Schumacher pour le titre mondial 1994. "Courir pour Frank et Patrick n'est pas pour les âmes sensibles. 'En fin de compte', disait Frank de ses pilotes, 'ils ne sont que des employés', et bien que j'aie relevé le défi face à Michael toute la saison dans des circonstances extrêmement difficiles, je n'ai jamais eu le sentiment qu'ils croyaient en moi ou, si c'était le cas, qu'ils étaient prêts à le montrer. Tout était toujours provisoire."

"Le terme 'équipe' est mal approprié en ce qui concerne les pilotes en F1. Il y a des gens qui travaillent chez Williams aujourd'hui qui y étaient quand j'y courais, mais les pilotes ne font que se succéder. […] C'est frustrant de penser à ce que j'aurais été capable de réaliser si Frank et Patrick m'avaient fait un signe encourageant de temps en temps. Peut-être qu'ils l'ont fait et que je ne l'ai simplement pas réalisé ? Frank allait finalement me qualifier de 'dur salaud', mais c'était après mon départ !"

De surcroît, la situation allait se compliquer lors d'une campagne 1995 dominée par Schumacher et plus difficile pour Hill, qui a commis plusieurs erreurs. De là à rejeter la faute sur Williams et Head ? Le pilote anglais préfère chercher la réponse en son for intérieur. "Je pourrais les accuser de mal gérer les ressources humaines, mais ce ne serait pas juste", affirmait-il. "Le problème venait de moi. Je les admirais comme des figures paternelles et je projetais sur eux un rôle qu'ils ne souhaitaient pas jouer. J'avais désespérément besoin de leur assentiment, et toute la saison j'avais l'impression qu'ils me laissaient dans le doute, ou que leur confiance en moi était provisoire, ce qui me déstabilisait."

"Ils n'avaient aucune responsabilité envers moi, si ce n'est me fournir une voiture pour que je fasse mon travail. Je le sais désormais, mais à l'époque je ne comprenais pas combien la perte de mon père continuait de m'affecter. J'avais été le fils du directeur d'équipe et ainsi profité d'une relation spéciale avec le boss. Une partie de moi essayait de recréer cette relation avec Frank et Patrick. Ils étaient peut-être des gars super, mais je comprends qu'ils n'aient pas voulu être des parents d'adoption. Ils avaient assez à faire à gérer une écurie de F1."

Hill a finalement trouvé davantage de sérénité pour une campagne 1996 lors de laquelle il a remporté le titre face à son coéquipier rookie Jacques Villeneuve, mais Williams n'a pas attendu ce dénouement pour recruter Heinz-Harald Frentzen à la place de son fer de lance. Ce dernier s'est éclipsé sans rancœur mais allait se retrouver en fond de grille chez Arrows, avant son chant du cygne victorieux avec Jordan.

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