Guerre des mots politique entre Damon Hill et Mercedes
Une déclaration faite par Damon Hill sur Twitter affirmant que Mercedes et Ferrari devraient quitter la F1 a mené le Champion du Monde 1996 et l’équipe allemande à en venir à une joute verbale salée.
Photo de: Sutton Motorsport Images
C’est en marge de la manche d’ouverture du GP d’Australie que Damon Hill, aujourd’hui consultant Sky Sport F1, a choisi pour faire connaitre sa position sur les menaces faites par deux top teams de mener le front vers une série rivale à la F1, se plaignant des "complexes industriels gigantesques qui ruinent le sport", qu’il aimerait voir quitter la F1. "Le plus tôt serait le mieux". Le Britannique a par ailleurs déclaré que "la FIA a perdu le contrôle de la F1."
Le tweet a provoqué une réponse du compte officiel de l’équipe Mercedes, suggérant que Hill ne se plaignait pas lorsqu’il remportait des courses "avec une motoristation Renault de premier plan", ce qui a amené Hill à rappeler qu’il pilotait en fait pour l’équipe indépendante Williams, considérée selon lui comme "de dégoûtants garagistes débutants".
Rares sont les coups de gueule du pilote, connu pour son sens analytique, mais également son a attachement pour une F1 puriste. Interrogé sur le sujet par Motorsport.com, Hill a estimé que Mercedes et Ferrari ne traitaient plus la F1 comme un sport.
"Ferrari et Mercedes agissent de concert et essaient de créer des conditions dans lesquelles ils pourraient rester dans le sport. Si vous les aviez accusés de travailler ensemble dans le passé, ils l’auraient nié, mais maintenant, ils s’unissent bien pour essayer d’obtenir les conditions sous lesquelles ils resteraient devant la meute. Mon argument est qu’il s’agit d’un sport, qui devrait au moins au tenter de créer l’opportunité pour tous les concurrents d’avoir une chance raisonnable de se battre. Cela a toujours été un problème difficile pour la discipline, car elle récompense ceux qui dominent de manière disproportionnée."
"Ils ne devraient peut-être pas être là" : la FIA visée
Hill a ajouté que les menaces de départ de la F1 de Ferrari et Mercedes sont un peu plus que de la posture politique, et que la FIA se doit de tenir sa fermeté. C’est finalement l’institution sportive, plus que les équipes nommées, qui est visée par la critique du Britannique.
"Il s’agit juste d’une tactique de négociation, vous voyez ? Seraient-ils prêts à participer à un championnat dans lequel ils n’auraient pas de conditions si favorables ? Où ils disposeraient de conditions plus égales ? S’ils ne sont pas préparés à faire cela, ils ne devraient peut-être pas être là.
Ils pourraient dynamiter toutes les équipes hors de l’eau. L’idée de complexe industriel que j’ai utilisé, c’est parce qu’ils ont alloué bien plus de ressources que n’importe quelle équipe F1 ne pouvait imaginer, à moins d’être un autre constructeur. Donc si vous amenez des ressources énormes, quelqu’un doit fixer les règles. Quelqu’un doit dire : ‘OK, on ne peut pas continuer comme ça, il faut mettre en place une sorte de limite’. C’est le travail de la FIA, et ils n’ont pas le pouvoir approprié car elle y a renoncé."
Le désir de Hill n’est pas tant de voir des conditions absolument paritaires pour tous, conscient qu’il est de la réalité de la F1. Mais un effort pour montrer qu’une tentative est au moins faite pour aider la compétition à se développer avec plus de parité demeure possible, selon lui, dans une certaine mesure.
"Finalement, voilà mon point de départ : les pilotes ont aussi des carrières, et c’est le pinacle de notre discipline. C’est ce que nous n’arrêtons pas de dire et c’est sur cette base que les pilotes déterminent leurs objectifs. Globalement, c’est présenté comme l’Everest. On ne peut donc pas verrouiller 99% de la compétition. Il faut trouver des moyens d’ouvrir cela. Et je sais que c’est une tâche impossible, car seules quelques personnes pourront être compétitives. Mais il y a au moins besoin de voir une tentative d’élargissement de la base de la pyramide. Un petit peu !"
Propos recueillis par Adam Cooper
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