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Édito - Le casque, une vraie prise de tête

Certes, la technologie des casques a largement évolué au fil du temps, mais subtilement, si bien que ceux de 2017 ont un aspect général assez similaire à ceux de 1980. Si leur forme a peu changé depuis 40 ans, leur design a considérablement évolué.

Ayrton Senna, McLaren Honda, et Ron Dennis, directeur McLaren-Honda

Photo de: LAT Images

Il est loin le temps où les pilotes gardaient la même décoration de casque, peu ou prou, tout au long de leur carrière. Les pilotes actuels sont devenus si friands de changement qu'il est difficile de suivre l'évolution des dessins de casques au fil des Grands Prix, à tel point que la FIA s’est fendue d'une réglementation spéciale, début 2015, visant à limiter les modifications de design au cours de la saison. 

Jacques Villeneuve, Venturi
Jacques Villeneuve

"Beau, beau ou laid, fais ce qu’il te plait"

À l’évocation des noms d’Ayrton Senna, Damon Hill ou encore Jacques Villeneuve, et au-delà des exploits de chacun en piste, viennent à l’esprit des couleurs et des formes : l’immuable jaune indissociable du génial Brésilien, puis l’élégance minimaliste qui sied si bien au gentleman britannique, ou encore cette bande rose, surprenante, qui vient interrompre la monotonie du casque du Québécois.

Des trois pilotes cités, aucun n’aura changé de dessin de casque au fil des ans, et ils ne furent pas des exceptions pour autant. Certains météores de la F1 auront, par ce biais, marqué le sport de leur empreinte. Ainsi, Stefan Bellof, jeune talent allemand, fauché à l'orée d’une prometteuse carrière, aura marqué les esprits autant par l’originalité contrôlée et rigoureuse de son casque - ingénieux rappel des couleurs germaniques - que par ses remarquables performances en piste. Inutile de les citer tous, tant les exemples jusqu’à la fin des années 90 sont légion.

Stefan Bellof
Stefan Bellof

Si d'aucuns pouvaient trouver fades certains casques pré-2000, c’était justement par monotonie, par manque d’éléments perturbateurs. Il semblerait que le milieu des années 2000 ait amorcé un changement : terminés les aplats de couleurs et les formes géométriques, bienvenus dégradés et effets d’ombre et de relief. Finies les grandes surfaces vierges de motifs : maintenant, tout le casque, ou presque, se voit décoré.

C’est, par exemple, en 2006 que Fernando Alonso abandonna son dessin classique mais efficace, fait de bandes de couleurs qui n’interfèrent pas les unes entre les autres (une adaptation du casque d'Adrian Campos), et le remplaça par un design plus agressif, composé de formes qui s’enchevêtrent, qu’un effet d’ombre vient tenter de hiérarchiser. Et si le dessin général donne "l’impression" d’être plus travaillé, sa structure devient difficile à cerner, de sorte que les détails s’estompent avec la distance, laissant davantage une impression de "complication" plutôt que de "complexité". 

Le casque de Fernando Alonso en 2004 (à gauche) et en 2006 (à droite)
Le casque de Fernando Alonso en 2004 (à gauche) et en 2006 (à droite)

Selon le peintre anglais Hogarth, une des règles fondamentales de la composition est d'éviter la régularité. Si ce principe est assimilé par beaucoup, il est souvent mal interprété : éviter la régularité, ce n’est pas installer le désordre pour autant. L’ordre doit rester au centre, le chaos à la marge : l’élément perturbateur peut venir de la couleur, le jaune fluo dans le cas d'Ayrton Senna, comme il peut venir de la forme, le dessin géométrique dans le cas d’Alain Prost. Mais rarement les deux à la fois ont fait bon ménage…

Crises d’identités ?

Si cette tendance peut en partie s’expliquer par une utilisation excessive de l’outil informatique pour créer ces designs, introduisant une multitude d’effets qui se faisaient rares par le passé - les fonctions d’ombres et de transparence ont fait leur apparition en 2000 dans Adobe Illustrator, logiciel prisé par les designers -, elle ne lui est pas intégralement imputable.

L’image que les pilotes renvoient a également changé : certains nostalgiques aiment à se plaindre du caractère policé des pilotes actuels, très mesurés, plus "communicants" que "franc-parleurs", moins imprévisibles et plus solennels. Mais les pilotes autant que les gens ordinaires sont "dans" leur époque, et reflètent les modes et les changements propres à leur temps. Là où les pilotes d’antan n’avaient que peu de contraintes quant à leurs actes et paroles, ceux d’aujourd’hui sont autant des sportifs accomplis que les représentants des entreprises qui les emploient, et se doivent de suivre la ligne qui leur est imposée.

Ayant assimilé ce nouveau fonctionnement et compris les avantages qu’ils pouvaient en tirer, certains en ont rapidement pris acte. Après l’explosion médiatique et la professionnalisation de la Formule 1 à la fin des années 80, les pilotes les plus populaires, Senna et ensuite Schumacher, avaient bien compris cette mutation, si bien que le nom apposé à leur casque s’est vu accompagné d’un logo, afin de se différencier de la concurrence et d’établir "la marque". 

Nico Rosberg, Mercedes GP casque
Le casque de Nico Rosberg

Au-delà du caractère purement artistique et finalement très subjectif du design, une frénésie de changement a également contaminé une grande partie du plateau F1, Sebastian Vettel étant l’exemple le plus significatif de cette mode, lui qui a changé plus de 50 fois de casque depuis ses débuts !

La culture du changement, assimilé au progrès, n’épargne pas les pilotes et s’applique à tous les modes d’expression alternatifs qu’ils peuvent trouver, notamment les réseaux sociaux : une grande partie des pilotes aujourd’hui se plaisent à mettre en scène leur vie quotidienne, si bien que les frasques extra-professionnelles de Lewis Hamilton sont aussi médiatisées, voire plus, que ses exploits en piste. 

Le casque de Sebastian Vettel, Red Bull Racing
Le casque de Sebastian Vettel

Aussi, dans une époque à bien des égards plus frileuse que ne l’étaient les années 70, 80 voire 90, n’est-il pas surprenant de voir les pilotes tenter d’exprimer, parfois avec brio, souvent avec maladresse, un pan de leur personnalité via les avatars que sont les casques, comme pour compenser le fait de ne pouvoir par le faire directement, face caméra ?

Si l’interdiction du changement de casque au cours de la saison est entrée en vigueur en 2015 pour endiguer cette prolifération, elle coïncidait aussi quasiment avec l’apparition d’une mesure presque "réparatrice", l’introduction des numéros personnalisés pour les pilotes : une démarche qui ouvre de nouveaux horizons commerciaux mais aussi, et c’est l’essentiel, un moyen donné aux pilotes de renforcer leur image et de donner aux fans de nouveaux points de repère et d’attache.

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