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Édito - Jenson Button, tellement plus qu'un pilote

Il part, mais il reste. Il reste, mais il part.

Sebastian Vettel, Ferrari avec Alexander Wurz, mentor des pilotes Williams et Jenson Button, McLaren

XPB Images

C’est peut-être parce que le premier mot venant à l’esprit de beaucoup est gentleman pour qualifier Jenson Button en tant que personnage que son parcours en tant que sportif est trop souvent snobé ou relativement peu crédité par les observateurs, comparativement à d’autres talents plus scintillants de la grille F1.

Et il faudrait, je l’admets, bien des lignes pour espérer renverser cela et déconstruire certaines préconceptions, clichés à la peau dure ou fausses-vérités au sujet du pilote anglais. Ainsi, après une longue réflexion sur la direction que devait prendre cet édito dédié au Champion 2009, il me semble vain de vous résumer pourquoi, depuis le début de sa carrière F1, en 2000, Jenson Button a toujours représenté à mes yeux l’incarnation du pilote moderne de référence ; mon favori ; et, globalement, pourquoi il est le pilote le plus sous-estimé de sa génération. Nous avons tous nos raisons et nos critères pour évaluer un pilote/homme/sportif, mais notez bien, avant de me tomber dessus, que je vous ai épargné l’utilisation du terme "le meilleur" et évité quelques crises d’épilepsie, même si cela pourrait aussi être développé de manière biaisée en quelques pages offrant nombre d’opportunités de contradiction !

Autant ne pas s’en cacher, nous sommes tous quelque peu subjectifs tour à tour et avons nos têtes. Chacun, aussi, nos raisons propres nous poussant à nous passionner pour la F1. Si nous sommes capables de mettre cela de côté en vous proposant le contenu quotidien de Motorsport.com dans le traitement des actualités et analyses, les colonnes de ce type nous autorisent cependant à un peu plus de subjectivité épisodique et je n’ai pas peur d’admettre que l’immense majorité de mon intérêt pour le sport durant ces 15 dernières années a consisté à suivre le parcours du N°22 ; et que l’absence de celui-ci sur la grille 2017 me fait me poser des questions sur où trouver un palliatif de substitution (indice : il est Australien).

Jenson Button, McLaren
Paradoxalement toujours à la recherche de l'équilibre parfait sur le sec, JB brille sur piste humide

Ainsi, plutôt que de débattre comme au comptoir où figure JB dans le Panthéon des pilotes de Grand Prix, pensons donc à ce qu’il deviendra, car c’est peut-être cela qui fera comprendre plus largement son profil. Celui qui - si le service communication de McLaren vous en laisse l’opportunité - est l’un des rares pilotes avec lesquels vous pouvez parler 30 minutes de n’importe quoi sauf de F1, ne se ment pas lorsqu’il dit qu’il sera très heureux en n’étant pas au départ de la vingtaine de GP de la saison prochaine.

Il suffit de regarder de qui s’entoure Button (comme les frères Alistair et Jonny Browlee, champions olympiques du triathlon à Rio 2016) pour comprendre que son univers de la compétition ne se limite pas à une unique approche du pilotage, ni même à une discipline. Un trait d’ailleurs illustré par sa carrière : ses performances les plus remarquables ne sont pas ses tours de qualifications, mais ses victoires acquises sur certains des GP les plus endurants, difficiles, ou psychologiquement éprouvants ; ou des saisons rondement menées avec un équipier réputé et/ou un matériel inférieur - et oui, on osera dire que deux tiers de la saison 2009 correspondent à ce dernier point !

Mais ne retombons pas dans nos travers de subjectivité ! Je pense que le meilleur exemple de pair est un autre pilote avec qui le temps est passé bien vite quand j’ai partagé sa table au Mans en juin : Alexander Wurz, avec qui JB s’entraine d’ailleurs régulièrement dans le Sud de la France. 35 minutes de conversation enregistrée, plus pas mal de off, qui révèlent à quel point la richesse intérieure et la versatilité de ces hommes hors du commun dépassent le cadre des dimanches de GP.

On sait Ron Dennis toujours prompt au "Ron Speak", cet art de vous faire oublier l’éléphant rose devant vos yeux avec des tirades dignes de Shakespeare. Mais le DG de McLaren ne tente pour une fois pas de vous enfumer lorsqu’il évoque un "programme novateur" mis en place pour garder Button au sein du giron McLaren. Cela a effectivement tout l’air d’un Ron Speak typique pour dire qu’on range Button au placard, n’est-ce pas ? Bien entendu, son rôle sera celui d’un ambassadeur de luxe et permettra de retenir des sponsors comme Santander. Bien sûr, la pression était monstre en interne pour faire passer Vandoorne dans un baquet de titulaire. Mais il est aussi vrai, croyez-le ou non, que le futur de Button sera bien plus que celui d’un pilote reconverti commentateur TV ou salarié de luxe pour quelques apparitions de relations presse, et que son importance pour McLaren et globalement le paddock demeurera des plus influentes, avec effectivement un gros programme de développement, de management et de coaching, et l’utilisation de sa stabilité pour soulager le Directeur Sportif. Ainsi que nombre d'autres domaines d'action.

Pour vous en parler, revenons à Wurz. L’autre homme souvent premièrement qualifié de gentleman, dont le regard bleu perçant vous fixe droit et s’imprègne de son interlocuteur. Retraité sportivement (même s’il disputait les 24H de Daytona en proto quelques jours après son retrait !), l’Autrichien est connu pour être un médiateur respecté de ses pairs. Il dirige le GPDA en dépit du fait de ne plus avoir piloté en F1 depuis 2007, et a été sollicité cette année par Gérard Neveu pour créer une organisation similaire au sein du WEC pour que les pilotes disposent d’un groupe équilibré et entendu. Beaucoup de pilotes en mal d’activité se seraient rués sur une telle opportunité. Avec son sens de l’analyse et le recul nécessaire, Wurz admet qu’il s’interroge encore "sur la nécessité même d’un tel organe en endurance, même si le rôle ne [lui] déplairait pas à titre strictement personnel."

Alexander Wurz et le président de la Commission Endurance de la FIA, Lindsay Owen-Jones
Alexander Wurz et le président de la Commission Endurance de la FIA, Lindsay Owen-Jones

Le WEC, bien entendu, est son environnement de prédilection. Multiple vainqueur des 24 Heures du Mans, Wurz est sans doute l’unique pilote pouvant s’amuser d’un fait très particulier : le prototype Toyota de cette année a été designé pour lui alors qu’il ne fait pas partie des line-ups de titulaires cette saison! Sa qualité d’analyse et de développement a en effet fait de lui l’un des piliers de l’équipe japonaise, qui lui a confié le programme de R&D du package qu’il a développé en tests et avec lequel il roule encore très régulièrement en séances privées entre les courses. Mais pour cela, il a fallu adapter l’auto et imposer aux six autres pilotes des aménagements propres à leur mentor ! Comme avec Williams, c’est un rôle de soutien bien plus que moral que Wurz apporte aussi sur les courses à Toyota ; et tant pis s’il n’attire pas les caméras et les micros et reste difficilement quantifiable aux yeux de l’extérieur : la sérénité absolue et vierge d’ego mal placé de Wurz prouve qu’il connaît le bénéfice de son apport pour lui-même et les autres.

Instruit et analytique, il sait s’adresser à n’importe quel représentant du sport, qu’il soit sponsor, responsable logistique de circuit, pilote, promoteur, directeur d’équipe. C’est aussi un fin peaufineur et sa passion ultime est la préparation physique et mentale. Coach ou mentor selon le point de vue adopté, il s’occupe notamment d’encadrer le jeune pilote Alex Lynn, en qui il croit beaucoup, et à qui il inculque les bonnes manières en piste et dans la vie. Wurz a aussi pendant plusieurs années canalisé psychologiquement les énergies chez Williams, pas seulement avec les parfois instables Pastor Maldonado et Felipe Massa, mais aussi en aidant les petites mains du team à optimiser leurs processus internes, gérer la distance avec les familles, la fatigue et les coups de mou inévitables. Son travail physique et moral avec les membres de l’équipe, et nombre d’autres facteurs presque inquantifiables mais pouvant faire la différence sur une éprouvante saison passée loin de la maison pour les hommes de l’ombre, près de 200 jours dans l’année, est réel. Et qu’en dit-il ?

"Oh que oui, j’adore la vie, actuellement. Clairement! Je me concentre énormément sur mon business actuellement."

#5 Toyota Racing Toyota TS050 Hybrid: Anthony Davidson, Sébastien Buemi, Kazuki Nakajima, Alexander Wurz, Mike Conway, Stephane Sarrazin et Kamui Kobayashi
Toyota Racing Toyota TS050 Hybrid: Anthony Davidson, Sébastien Buemi, Kazuki Nakajima, Alexander Wurz, Mike Conway, Stephane Sarrazin et Kamui Kobayashi

Vous seriez surpris du catalogue énuméré au-delà du coaching par celui qui s’est même essayé à la course moto de manière discrète et est bien loin de se contenter d’investir ses deniers de vieille gloire dans quelques projets rentables.

"J’ai mis ça de côté pour me concentrer sur toutes mes affaires. Il y a le design de circuits, qui m’occupe beaucoup. Je réfléchis à si je peux vous dire lesquels !" sourit-il avec malice.

Tout ce que Wurz touche est contrôlé directement et pleinement. Il mesure sa rentabilité par l’équilibre personnel qu’il reçoit de ses missions, et jauge cet équilibre comme étant positif uniquement si ces missions servent à autrui.

Il faudra débrancher le micro et jurer de garder bouche cousue pour entendre le nom des circuits sur lesquels travaille le grand Alex, mais les deux projets évoqués et bien avancés dans leur réalisation physique sont pour le moins stupéfiants : ces tracés qui feront bientôt l’actualité de premier plan en sport mécanique et sont supervisés de manière extrêmement innovante par le pilote, qui a designé le parcours, pensé des solutions de sécurité innovantes, revu les standards d’aménagements pour inspirer les pilotes, et optimisé l’expérience pour tous les autres protagonistes.

"Je travaille aussi avec l’armée et la police sur des choses top secrètes ! En substance, sur des sites et des méthodes d’entrainement secrets, c’est très cool !", se marre-t-il. Du bout des lèvres, Alex lâchera juste quelques mots-clés, comme "résistance au stress, à la fatigue ; gestion des émotions, du corps et de l’esprit."

Voici - peut-être mieux qu’en une réduction d’une carrière en quelques honorables chiffres que sont plus de 300 GP en fin de saison, 1 titre mondial, 15 victoires et 50 podiums ou le combat apolitique et d'égal à égal contre Villeneuve, Hamilton et Alonso - ce dont est fait Jenson Button, qui équilibre sa propre vie et place ses pions exactement de la même façon que son heureux homologue, sachant qu’il recevra lui aussi pendant bien longtemps des coups de fil pour rouler, tester et développer quoi qu’il en soit, mais désire plus, au-delà. Un pilote qui ne fera peut-être pas écrire autant de lignes dans les livres d’Histoire de la F1 que son équipier actuel, mais qui laissera derrière lui un héritage au-delà de quelques souvenirs en piste ou données chiffrées.

Un esprit sain, dans un corps sain.

Célébrations de Brawn GP: Jenson Button, Brawn GP, Ross Brawn, directeur général de Brawn GP, Rubens Barrichello, Brawn GP

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