Édito - La relève francophone est là !
"Nous sommes maintenant avec Jarno Trulli, le plus francophile des pilotes !" Voilà comment Thomas Sénécal et TF1 tentaient jadis d'accroître l'intérêt pour la Formule 1 dans l'Hexagone, quand plus aucun pilote tricolore n'y courait.
Les Champions en GP2 et GP3: Pierre Gasly, PREMA Racing et Charles Leclerc, ART Grand Prix
GP3 Series Media Service
À cette époque, on comptait déjà les années depuis la dernière victoire d'un pilote français en Grand Prix, celle d'Olivier Panis à Monaco en 1996. Cela fait désormais vingt ans !
Seul Romain Grosjean était au départ de la saison 2016 : Jean-Éric Vergne et Charles Pic ont quelque peu raté le coche, tandis que Jules Bianchi a eu le triste destin que l'on sait. Mais à ce jour, il y a toutefois de belles raisons d'être optimiste, car la relève française, et surtout francophone, est bien là.
Le week-end dernier, à Abu Dhabi, Pierre Gasly et Charles Leclerc, respectivement français et monégasque, ont remporté les titres de GP2 et de GP3, deux championnats qui ont déjà propulsé de nombreux pilotes vers la Formule 1. Avec les couronnes remportées par le pilote québécois Lance Stroll en F3 Europe et par le tricolore Tom Dillmann en Formule V8 3.5 devant le pilote suisse Louis Delétraz, les quatre formules de promotion majeures ont sacré des francophones en 2016. Sans oublier la présence d'Esteban Ocon et de Stoffel Vandoorne en Formule 1 l'an prochain !
Certes, la relève, Tom Dillmann n'en fait pas partie. À l'âge de 27 ans, disposant de peu de budget, l'Alsacien peut surtout briguer une carrière honnête en endurance. En revanche, ses pairs ont aisément les atouts pour s'implanter durablement en Formule 1.
Camarades de classe
Ce qui est intéressant avec les pilotes de cette génération dorée, c'est qu'ils ont gravi les échelons tous ensemble depuis leurs premières compétitions de karting. Ils ont certes suivi des trajectoires un peu différentes : d'un côté les plus âgés, Vandoorne, Gasly et Ocon, qui se sont côtoyés dès la Formule Renault 2.0 en 2012, jusqu'au GP2 Series pour Vandoorne et Gasly.
Ces derniers ont d'ailleurs suivi une ascension identique en tout point, simplement à un an d'intervalle : une saison en F4 France (Vandoorne sacré), deux campagnes en Formule Renault 2.0 (tous deux titrés), puis une année en Formule Renault 3.5 (tous deux vice-champions) et deux saisons en GP2 (tous deux champions, Vandoorne plus aisément que Gasly !).
L'ascension d'Ocon a été plus rapide, celle de Charles Leclerc et Lance Stroll presque météorique, même si ce n'est pas comparable à Max Verstappen ! Leclerc et Stroll se sont d'ailleurs côtoyés en F3 Europe en 2015, avec des résultats très similaires à niveau d'expérience presque égal.
Stoffel Vandoorne est de loin leur aîné, à 24 ans. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu'il a végété en formules de promotion : c'est à 18 ans que le Belge a fait ses débuts en monoplace. À l'ancienne, quoi ! Pilote très complet, Vandoorne a tout raflé sur son passage depuis lors, au point de séduire McLaren.
Sa deuxième saison en GP2 fut mémorable, théâtre d'une domination sans précédent dans une formule de promotion de haut niveau. Cette année-là, il me donnait l'impression d'être une machine que rien ne peut enrayer, et jamais je n'ai eu ce sentiment avec un autre jeune pilote. En Formule 1, on sait que Mercedes va gagner ; en GP2, on savait que Vandoorne était invincible, même parfois quand les circonstances se liguaient contre lui !
Âgé de 20 ans, Pierre Gasly est le fer de lance du Red Bull Junior Team – Niko Kari et Richard Verschoor, brillants en Formule 4, doivent encore tous deux confirmer leur potentiel. Sacré en Eurocup FR2.0 en 2013, Gasly a ensuite connu une période de près de trois ans sans victoire – période toutefois marquée par 16 podiums – avant de démontrer définitivement son talent.
Gasly s'apparente quelque peu à un diamant brut, extrêmement rapide mais disposant de quelques facettes à polir. Sa saison 2016 a été très critiquée en raison de quelques boulettes et du niveau de compétitivité de son coéquipier Antonio Giovinazzi, mais j'ai trouvé le Français irréprochable depuis le début de l'été, souvent intouchable même, et je ne pense pas que Red Bull y sera insensible. Bien qu'il n'ait pas de baquet en F1 pour 2017, le natif de Rouen a tout l'avenir devant lui.
Il est étonnant de voir à quel point l'avenir de la Formule 1 vient de Normandie, car c'est d'Évreux qu'est originaire Esteban Ocon, qui a aussi 20 ans. Ancien poulain de Gravity, Ocon a impressionné en remportant aisément la F3 Europe, si bien qu'il a alors rejoint le très sélectif programme de jeunes pilotes Mercedes. Avec succès, puisque le sympathique Français a ensuite été champion GP3 avec notamment une incroyable série de neuf 2e places consécutives, preuve d'une remarquable régularité quand on connaît le système de grille inversée en vigueur dans ce championnat !
Ocon a ensuite fait ses débuts avec Manor en Formule 1, auteur notamment d'une excellente performance sous la pluie à Interlagos, avant de rejoindre Force India dans la foulée pour sa première campagne complète en 2017. Au grand dam de son actuel coéquipier Pascal Wehrlein !
À 19 ans, Louis Delétraz est peut-être le pilote le moins bien coté des six, celui qui a encore le plus à prouver, jouant pourtant constamment aux avant-postes ces dernières années, que ce soit en Formule Renault 2.0 ou en Formule V8 3.5. Jeune homme aussi talentueux que réfléchi, Delétraz impressionne, en témoigne le soutien que lui apporte Renault. L'an prochain, le GP2 sera toutefois un véritable test – le plateau de F3.5 était relativement faible cette année.
Charles Leclerc, quant à lui, est monégasque, mais a fait ses classes dans les championnats de karting de la région PACA lorsqu'il était enfant – il a d'ailleurs toujours été très proche du regretté Jules Bianchi, lui-même emblème de la relève française il y a quelques années. C'est ainsi un beau symbole de voir le nouveau champion GP3 au sein de la Ferrari Driver Academy dont Bianchi lui-même faisait partie.
En piste, Leclerc impressionne non seulement par sa rapidité mais aussi par une sérénité remarquée par beaucoup à seulement 19 ans. L'an dernier, en F3 Europe, il a longtemps été le seul rookie à tenir la dragée haute aux nombreux redoublants, jusqu'à mener le championnat à mi-saison. Cette année, il a dominé le GP3 comme la Scuderia l'attendait de lui.
Enfin, le pilote québécois Lance Stroll est peut-être le plus critiqué par les observateurs extérieurs, son ascension rapide vers la Formule 1 ayant été grandement facilitée par la richesse de son père milliardaire, mais c'est vite oublier que Lance a démontré son talent en survolant le championnat de F3 Europe 2016 à 18 ans. Un pilote ne peut gagner des courses simplement en étant riche ; il faut également être rapide. Stroll a d'ailleurs la tête sur les épaules, conscient de son privilège.
D'ici quelques années...
C'est d'ailleurs la beauté de ce groupe de pilotes : ils viennent de milieux très différents, voire opposés. Stroll a toujours eu le budget nécessaire pour courir grâce à un père capable de dépenser des dizaines de millions d'euros pour lui concocter un programme d'essais privés F1 ; Ocon, lui, a dû se battre envers et contre tout, face aux difficultés financières de sa famille.
Tous sont bien élevés, sympathiques, travailleurs, mais c'est le talent qui les réunit, pour le meilleur, au sein d'un paddock F1 qu'ils arpentent pour la plupart depuis quelques années déjà !
Imaginer que l'on retrouvera, en 2020, Pierre Gasly chez Red Bull, Charles Leclerc chez Ferrari et Esteban Ocon chez Mercedes est loin d'être tiré par les cheveux. Qui sait si Louis Delétraz ne sera pas "le Vettel de demain" que cherche Renault pour construire son projet F1 ? Avec un Lance Stroll dont la manne financière pourrait hisser Williams vers le haut ainsi que Stoffel Vandoorne au sein d'une écurie McLaren qui remontera la pente tôt ou tard, ce sera alléchant !
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