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Édito - Räikkönen, à quoi bon ?

Kimi Räikkönen va poursuivre sa carrière au moins un an de plus chez Ferrari. Certains craignent "la saison de trop" mais, au final, n'est-ce pas le cas depuis longtemps ?

Kimi Raikkonen, Ferrari, revient à son stand

Photo de: LAT Images

Autant le dire tout de suite, je suis dans le camp des déçus de cette prolongation de contrat. Non pas que je sois un détracteur du Finlandais, à qui je ne retire absolument rien du talent qu’il possède. Il est, de plus, un Champion du monde.

Sans doute pas le plus flamboyant, sans doute pas le plus passionné, sans doute pas le plus acharné, mais assurément l’un des plus atypiques. Il dénote parmi les grands pilotes des 15 dernières années : loin d’avoir la complétude d’un Fernando Alonso, la brillance d’un Lewis Hamilton, l’implacabilité d’un Sebastian Vettel, il ne fait pas tâche aux côtés de ses pairs pourtant multi-titrés.

Son parcours est une ode à la singularité : de son arrivée en F1 après une vingtaine de courses en monoplace à sa pause rallye, en passant par son titre acquis en revenant du diable vauvert et son incroyable retour chez Lotus, il n’a pas vraiment été un pilote comme les autres. Et finalement, alors même que son premier passage chez Ferrari avait tourné court au terme d’une saison 2009 ô combien crépusculaire, il a de nouveau surpris en reprenant le chemin de Maranello en 2014.

Kimi Raikkonen, Ferrari

Et c’est depuis que le bât blesse. Le Finlandais n’a jamais été capable d’apporter à ses équipiers respectifs ne serait-ce qu’un début d'opposition. La première année avec Alonso a été catastrophique – avec toutefois l’excuse d’un retour difficile au volant d’une monoplace inadaptée à son style et peu performante –, mais les deux qui ont suivi, aux côtés de Vettel, n’ont amorcé qu’une amélioration des résultats – encore heureux ! – qui a toutefois été loin de lui permettre de s’opposer à l’Allemand, quand bien même la saison 2016 du quadruple Champion du monde a été médiocre.

D’ailleurs, beaucoup se souviendront du fait que son avenir a parfois, surtout en 2015, semblé ne tenir qu’à un fil. Or, depuis deux saisons, il est reconduit relativement tôt, sans réel suspense.

Ferrari et l'assurance Räikkönen

Et c’est tout à fait compréhensible de la part de Ferrari, à bien des égards. D’abord, le marché des transferts ne laisse pas énormément d’opportunités. Les pilotes de pointe réalistes (pas Alonso, donc) sont quasiment tous hors de portée pour l'instant, les pilotes de milieu de tableau (Pérez, Grosjean...) ne sont pas forcément des valeurs sûres et les jeunes pilotes Ferrari (Leclerc, Giovinazzi...) manquent d’expérience de la F1. Et la Scuderia n'a jamais été très encline à offrir un baquet à des débutants. Ajoutons à cela le fait que le destin tragique de Jules Bianchi, dont la voie vers Ferrari semblait tracée, a sans doute joué un grand rôle dans le maintien de la situation actuelle.

Ensuite, il est évident que, dans le cadre des discussions en vue de la reconduction de Vettel, le fait de conserver Räikkönen a été un argument à même de faire pencher la balance. Non seulement pour l’Allemand mais aussi et presque surtout pour Maranello. Ils sont amis, le Finlandais est franc, transparent, apolitique et donc pas du genre à ruer dans les brancards si jamais les choses tournent en sa défaveur. En 2008, et alors qu’il était plus jeune et Champion en titre, il s’est mis sans broncher au service de Felipe Massa dans la course à la couronne.

Le poleman Sebastian Vettel, Ferrari, le second Kimi Raikkonen, Ferrari

Il est également un précieux allié sur le plan technique en raison de sa grande expérience mais aussi, et c’est souvent éludé, de ses retours techniques loués pour leur concision et leur précision. Sa sensibilité au volant des F1 est une force pour une équipe, notamment dans le développement, et peut aussi être une faiblesse pour lui, son attachement à l’obtention d’un ressenti précis, notamment du train avant, le mettant parfois en difficulté.

Enfin, ne l’oublions pas : aligner deux pilotes dont les performances ne sont pas au même niveau n’a jamais été un problème pour Ferrari, d’autant plus quand cela permet de dégager naturellement un leader qui bénéficiera alors d’un plus grand soutien, surtout dans une année où le titre pilotes est jouable. Pas besoin de plonger très loin dans l’Histoire pour comprendre cela, pas besoin, non plus, de rappeler que la dernière couronne mondiale pour un pilote de Maranello remonte à 2007.

Un goût amer

Mais tout de même, la collision entre cette reconduction annoncée à quelques jours de la reprise de la F1 et le scénario du dernier Grand Prix avant la trêve, en Hongrie, où Räikkönen, clairement plus rapide et mieux armé pour l’emporter, est sagement resté derrière Vettel pour jouer le garde du corps et favoriser sa victoire, laisse un goût amer.

D’autant plus amer que, sans parler de ses résultats qui, à mon sens, soulignent le fait qu’il n’est plus que l’ombre du pilote qu’il a été – ce qui ne veut pas dire qu’ils sont absolument mauvais, nuance –, le Finlandais semble heureux de cette situation. Il n’a eu de cesse de le répéter lors de la conférence de presse précédant le Grand Prix de Belgique, quand les questions ont fusé.

"Je [n’aurais pas prolongé] si je ne le voulais pas ou si je n'en étais pas content", a-t-il ainsi déclaré, avant d’ajouter, un peu plus tard : "J'apprécie la course, et je veux être performant. Si je ne pensais pas pouvoir être rapide, je ne serais pas là."

Kimi Raikkonen, Ferrari SF70-H

"Je ne veux pas perdre mon temps ou celui de l'équipe juste pour être là. Ce n'est pas l'endroit le plus agréable où traîner. Tant que la course est la plus grande partie, ça va. Tant que je pense pouvoir gagner des courses et me battre pour le titre, ça va. Quand ce ne sera plus le cas, je serai le premier à aller faire autre chose."

Je n’ai aucune raison de douter que Räikkönen est réellement satisfait de sa situation, il n'est pas vraiment homme à s'embarrasser des convenances quand quelque chose ne lui plaît pas. Mais, indéniablement, je ressens une forme de tristesse. J’ai le sentiment que la fin de carrière qu’il connaît n’est pas vraiment à la hauteur de ce qu’il a été ou est pour beaucoup et de ce qui fait aujourd’hui sa popularité.

Non pas que voir un Champion du monde en fin de carrière se mettre au service d’un autre soit inédit ou dégradant, non, seulement que cela ne cadre pas avec Iceman, en tout cas avec l'image que l'on s'en fait. Et c’est peut-être finalement ce qui est le plus intéressant dans le déroulé des événements.

Occasions manquées et manque d'occasions

Beaucoup ont apprécié sa prolongation en 2018, qu’ils soient fans du pilote ou non, pour des raisons diverses, allant du simple fait de se réjouir de voir son pilote favori une saison de plus en F1 à celui d’établir, d’ores et déjà, une hiérarchie claire et pacifique au sein de l’écurie pour faciliter la conquête du titre pilotes. Certains apprécient juste le fait qu’une figure de la discipline poursuive sa carrière.

Et comme moi, beaucoup ont le sentiment étonnant de voir traîner en longueur une carrière qui aurait pu tout aussi bien s’achever fin 2014 ou 2015 sans que l’on ait l’impression qu’il y ait de grande différence. J’ai beau savoir qu’il ne vaut mieux pas s’avancer trop, je ne crois pas vraiment à un Räikkönen qui, tel un Roger Federer en tennis, redeviendrait soudainement suffisamment compétitif pour jouer le titre ou même la victoire sur une base régulière.

Kimi Raikkonen, Ferrari sur le podium avec du champagne

En prenant 2014 comme point de départ, on peut retenir comme occasions manquées de briller (voire de l’emporter) une poignée de courses, tout au plus : Monza 2015, Barcelone 2016, Monaco 2017… Mais surtout, ce que je retiens, c’est qu’en trois saisons et demie, la plupart du temps, les occasions n’ont même eu de réalité tangible. Les 12 premiers GP de 2017 démontrent qu’en dehors d’un concours de circonstances favorables – la première d’entre elles étant que Vettel ne soit plus en lice pour une victoire et la seconde que Räikkönen soit suffisamment performant –, il n’y a pas de succès possible, et encore moins de titre à espérer.

Depuis le début de l'ère tubo hybride, de tous les pilotes passés par Mercedes, Red Bull et Ferrari, les seuls à n'avoir pas gagné de course ont été Fernando Alonso en 2014, Daniil Kvyat en 2015/début 2016 et Räikkönen, qui lui est chez Ferrari sans discontinuer depuis 71 courses. Certes, la marque à l'étoile a laissé peu de miettes entre 2014 et 2016, mais en 2017, avec une voiture en lutte pour la victoire sur presque toutes les courses, il n'a toujours pas gagné et n'a mené que 38 tours (contre 303 pour Hamilton, 234 pour Vettel et 131 pour Valtteri Bottas). Pire, après 12 GP sur 20, il est devancé par Daniel Ricciardo au classement pilotes, avec une Red Bull RB13 pourtant nettement inférieure à la SF70H.

S’il est heureux de cela, bien à lui, et sa situation est enviable dans de nombreux domaines, mais je dirais avec un brin de désabusement que c’en est presque pathétique. Mon jugement est sévère, je le concède, mais à la hauteur de l’impression laissée. Le Finlandais n’est pas au fond du trou, non, mais il n’est clairement plus à son meilleur niveau ; son talent naturel et son expérience le font surnager, faisant de lui un équipier inoffensif pour son leader et encore assez performant pour que Ferrari continue à l'employer.

Mais à l'heure de faire les comptes, je crains que ce que je considère personnellement comme la troisième ou quatrième année de pré-retraite d'Iceman ne devienne, l'an prochain, la véritable "saison de trop" du Finlandais...

Kimi Raikkonen, Ferrari SF70H

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