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Fangio et Alfa Romeo : le début d'un mythe, la fin d'un autre

En 1951, Juan Manuel Fangio décrochait le premier titre mondial, point de départ d'une carrière légendaire et d'un nom resté mythique. Au même moment, il y a 70 ans ce 28 octobre, le succès était crépusculaire pour Alfa Romeo.

Illustration de Juan Manuel Fangio

Illustration de Juan Manuel Fangio

Camille De Bastiani

Il y a une époque où Alfa Romeo était beaucoup plus en Formule 1 qu'une jolie livrée ou qu'un nom accolé à celui de Sauber pour en faire une équipe. La marque au Quadrifoglio, emblème légendaire incarnant le style et la grâce, restera à tout jamais comme la première superpuissance du Championnat du monde. Tout d'abord parce que l'Alfa 158 est l'auto qui a remporté le premier Grand Prix de l'ère moderne, le 13 mai 1950 à Silverstone. Aussi, et surtout, parce qu'elle détient un record encore inégalé aujourd'hui et qui a vraisemblablement encore de beaux jours devant lui : celui de l'invincibilité absolue sur une saison.

Aucune période de domination n'a par la suite fait vaciller cette supériorité : ni McLaren à la fin des années 80, ni Ferrari au début des années 2000, ni Mercedes au début de l'ère hybride. Certes, la première campagne mondiale, il y a 71 ans, ne comptait que six courses, mais les livres d'histoire sont d'un pragmatisme inflexible. Les 500 Miles d'Indianapolis figuraient à l'époque au calendrier, portant le nombre de manches à sept en réalité, mais ni Alfa Romeo ni ses adversaires européens ne s'y étaient présentés.

L'Alfetta (re)gonflée à bloc

L'Alfa 158, surnommée Alfetta, était d'emblée un petit monstre au potentiel avéré, qui allait bien grandir par la suite en devant la 159 et en portant Juan Manuel Fangio vers le premier de ses cinq titres mondiaux. Car pour raconter l'origine du premier sacre de l'Argentin, très longtemps – et parfois encore – considéré comme le plus grand pilote de F1 de tous les temps, c'est bien sur l'histoire de la première Alfetta qu'il faut se pencher.

Juan Manuel Fangio au volant de l'Alfa 158 en 1950.

Juan Manuel Fangio au volant de l'Alfa 158 en 1950.

L'Alfa 158 aura eu une carrière de 13 années, certes mise entre parenthèses par la Seconde Guerre mondiale. Elle était le fruit de l'imagination de Gioachino Colombo. Victorieuse dès sa première apparition à Livourne, en août 1938, elle promettait déjà avant-guerre un duel hors du commun face à la Mercedes W165. Mais le grand conflit mondial éclata…

On dit que, pendant la guerre, les Alfetta étaient stockées bien à l'abri dans une ferme près de Milan. Une fois la paix revenue en Europe, Mercedes était hors du coup, tout comme Auto Union. Alors, à la création du Championnat du monde de Formule 1, la 158 avait tout pour être l'arme fatale. Pourtant, il a fallu muscler la bête devant la menace que commençait à représenter la concurrence. Alors Gioachino Colombo parvint à gonfler le bloc à huit cylindres en ligne qui, au départ, produisait 195 chevaux, pour atteindre le chiffre impressionnant de 420 chevaux en 1951 !

Cette quête de puissance s'est toutefois faite au détriment du poids. Ainsi, après le premier titre remporté par Giuseppe Farina en 1950 avec la 158, la version 159 allait prendre du volume : châssis renforcé, tambours de freins en aluminium plus imposants, sabots doubles à l'avant comme à l'arrière. Quant au réservoir, il avait quasiment doublé par rapport à sa taille d'origine. Ce "body-building" paya néanmoins, la vitesse de pointe de l'Alfetta passant ainsi de 236 à 309 km/h entre 1939 et le début des années 50 !

Fangio résiste à Ferrari

Le premier triomphe de Fangio avec Alfa Romeo fut épique. Le constructeur italien avait dominé le retour des Grands Prix à la fin des années 40 et semblait ne pas avoir grand-chose à prouver, ce que confirma le premier cru du Championnat du monde. Cependant, la saison 1951 serait une autre histoire. Car un certain Enzo Ferrari, lui-même passé par Alfa Romeo, avait décidé de créer son propre empire et de couler le mastodonte auquel il faisait face.

Le triomphe de Fangio au Grand Prix de France, à Reims, avec l'Alfa 159 en 1951.

Le triomphe de Fangio au Grand Prix de France, à Reims, avec l'Alfa 159 en 1951.

Fangio s'imposa à Bremgarten et à Reims ; le champion sortant, Farina, remporta le Grand Prix de Spa. C'est Jose Froilán González qui brisa l'invincibilité d'Alfa Romeo en signant la première victoire de Ferrari, à Silverstone. Son coéquipier Alberto Ascari l'imita lors des deux courses suivantes, au Nürburgring puis à Monza.

Malgré la prise de pouvoir annoncée de Ferrari, Alfa Romeo et Fangio résistèrent. L'Argentin menait le championnat avec deux points d'avance sur Ascari avant le dernier Grand Prix en Espagne, à Pedralbes. Le pilote Ferrari y signa la pole position et mena la course, avant de tout perdre. La Scuderia avait choisi des pneus 16 pouces et Alfa Romeo des 18 pouces : une décision qui allait faire la différence, permettant à Fangio de s'imposer et de coiffer ainsi sa première couronne mondiale.

"J'ai de très bons souvenirs de mes années passées avec Alfa Romeo, en 1950 et 1951", dira au soir de sa vie le grand Fangio, disparu en 1995. "Sentimentalement, l'Alfetta 159 était peut-être ma voiture préférée de toutes, car elle m'a donné la chance de remporter mon premier titre mondial. Il y a eu des courses merveilleuses entre Alfa et Ferrari. J'avais beaucoup de respect et d'affection pour Alberto Ascari, qui a mené l'équipe Ferrari pendant tant d'années. Lui, et plus tard Stirling Moss, étaient sans aucun doute les deux rivaux que je craignais le plus."

Le triomphe de 1951 fut le premier pour Fangio et le dernier pour Alfa Romeo, dont la domination aura été aussi intense que brève dans l'Histoire de la catégorie reine. La marque italienne, faute d'argent et de motivation pour construire une nouvelle auto, tourna les talons. Le pilote argentin poursuivit sa carrière avec Mercedes, Ferrari et Maserati, décrochant quatre titres supplémentaires pour établir une référence seulement battue dans les années 2000 par Michael Schumacher.

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