Sign up for free

  • Get quick access to your favorite articles

  • Manage alerts on breaking news and favorite drivers

  • Make your voice heard with article commenting.

Motorsport prime

Discover premium content
S'abonner

Edition

Suisse
Analyse

Ferrari vs. Red Bull, première bataille de la guerre financière ?

Le Règlement Financier entré en vigueur l'an dernier prend une nouvelle dimension cette saison, avec la lutte pour le titre entre Ferrari et Red Bull.

Max Verstappen, Red Bull Racing RB18, Charles Leclerc, Ferrari F1-75

Max Verstappen, Red Bull Racing RB18, Charles Leclerc, Ferrari F1-75

Sam Bloxham / Motorsport Images

La bataille pour le titre 2022 de Formule 1 s'annonce particulièrement serrée et devrait se jouer notamment sur l'aspect financier, mais pas de la même manière que d'habitude. C'en est fini de cette course au développement effrénée où dépenser sans compter pouvait faire la différence ; désormais, le plafond budgétaire impose de choisir soigneusement chaque investissement réalisé.

Le Règlement Financier de la Formule 1 est arrivé l'an dernier, mais les châssis étaient gelés en raison de la crise financière liée à la pandémie, et son impact sur les développements a donc été moindre. C'est cette année qu'il prend toute son envergure ; les écuries Ferrari et Red Bull, qui trustent les deux premières marches du podium à chaque Grand Prix, en sont bien conscientes.

Avec 22 Grands Prix au programme cette saison, les écuries doivent respecter ce plafond budgétaire annuel de 141,2 M$, dont sont exclus certains frais comme les salaires des pilotes et des trois autres employés les mieux payés de l'équipe, ou encore les dépenses marketing.

Dès le début de l'année, Christian Horner, directeur de Red Bull Racing, avait donné le ton : "Je pense que plus ou moins toutes les écuries sont très proches de la limite cette année. [Cette limite] est très agressive, alors il faut être très stratégique dans l'application des fonds au développement : plutôt que de courir aussi vite que possible et d'obtenir autant de performance de la voiture que possible, il faut être bien plus sélectif quant à ce que l'on choisit, selon le coût."

Or, il semble finalement que les approches divergent : tandis que Ferrari, victorieux à Bahreïn et à Melbourne, a attendu Barcelone pour lancer ses premières évolutions, Red Bull n'a pas perdu de temps pour installer de nouvelles pièces à sa RB18, d'où une certaine perplexité de la part de Mattia Binotto, directeur de la Scuderia.

"Il est vrai que Red Bull a amélioré sa voiture par rapport au début de saison, ils ont apporté des améliorations", a souligné Binotto. "Si je regarde les deux dernières courses, ils ont sans doute quelques dixièmes d'avance au tour par rapport à nous. Maintenant, je n'ai aucun doute que pour maintenir le rythme, nous avons besoin de développer et d'introduire des améliorations. J'espère, parce qu'il y a le plafond budgétaire, que Red Bull arrêtera son développement à un moment donné, sinon je ne comprendrai pas comment ils font ça."

"S'il y a une inquiétude, c'est l'envergure de leur développement dans le contexte du plafond budgétaire. Nous nous en inquiétons certainement. Mais plus qu'une inquiétude, c'est peut-être un espoir, car à un moment ils devront arrêter…"

Mattia Binotto, Ferrari Team Principal, Charles Leclerc, Ferrari, Laurent Mekies, Ferrari Racing Director

Mattia Binotto (directeur d'équipe), Charles Leclerc et Laurent Mekies (directeur sportif) chez Ferrari

Quant aux plans de Ferrari dans ce domaine : "Nous n'avons pas les moyens pour développer des évolutions à chaque course. C'est aussi simple que cela. Pas parce que nous n'en sommes pas capables, mais à cause du plafond budgétaire. Nous devons, dans une certaine mesure, essayer de nous focaliser sur le développement quand nous pensons qu'il s'agit du bon moment et de la bonne dépense."

En d'autres termes, Ferrari remet en question ce qui se passe chez Red Bull et ne se plaindrait probablement pas si la FIA – plus précisément l'Administration du Plafond Budgétaire – s'y intéressait de plus près. Les budgets plafonnés ont pendant longtemps été un projet jugé irréalisable en Formule 1 ; sous la houlette de Max Mosley, la fédération avait néanmoins proposé un budget de 40 M£ à partir de 2010, lequel ne s'était jamais concrétisé, au grand dam des nouvelles écuries Lotus/Caterham, Virgin/Marussia et HRT.

En 2017, nous avions évoqué le sujet avec Otmar Szafnauer, alors directeur de l'équipe Force India, et ce dernier n'avait pas manqué de souligner son scepticisme : "Si nous avons une limite, les gens vont-ils la contourner ? Il devrait y avoir des méthodes et des mécanismes. Les gouvernements en ont, par exemple, pour savoir si les gens paient bien leurs impôts. Il y a un grand avantage au fait de ne pas payer ses impôts, puisqu'on garde plus d'argent. Mais les gouvernements ont des mécanismes pour vérifier. Je suis sûr qu'il y a plein de gens qui s'en tirent sans que nous le sachions, mais de temps à autre, quelqu'un se fait prendre et reçoit une énorme amende. Donc il y a des méthodes."

"Aux États-Unis, d'où je viens, au niveau des compétitions universitaires – juste en dessous des sports professionnels –, c'est immense. C'est énormément d'argent. Encore plus qu'en F1. Et les athlètes n'ont pas le droit d'être rémunérés. Les meilleurs athlètes peuvent choisir dans quelle université ils vont et avoir un impact énorme sur les revenus de cette université, mais ils ne sont pas payés. Vous savez quoi ? Les universités veulent toutes les attirer, mais n'ont pas le droit de les payer, donc elles achètent une nouvelle voiture à leurs parents, ou tout d'un coup ils vivent dans une villa, mais ils ne sont pas rémunérés. Ce sont toutes ces méthodes-là. Maintenant, il y a des budgets plafonnés en NFL [Ligue nationale de football américain, ndlr]. Les gens vont voir une chaîne de télévision et disent : 'Si vous voulez faire une interview avec untel, il faut le payer pour l'interview, mais payez-le dix fois plus que la normale et je rembourserai la différence.' Ce gars-là, malgré les budgets plafonnés, a donc un salaire plus élevé grâce aux autres choses qu'il fait."

Otmar Szafnauer, Team Principal, Alpine F1

Otmar Szafnauer, directeur d'Alpine F1 Team, s'était exprimé sur le sujet en 2017

"Mais ce genre de chose, ça finit par se savoir. Si on est suffisamment puni quand on se fait attraper – 100 millions si vous apportez ce dossier de Ferrari chez McLaren, par exemple ! [en 2007, un dossier de 780 pages confidentiel de la Scuderia Ferrari, contenant des informations techniques, avait été transmis en secret à McLaren, qui avait été disqualifié du championnat constructeurs et avait reçu une amende record de 100 M$]. Si la sanction est suffisamment grande et qu'on se fait avoir, alors je pense que l'on peut maintenir l'ordre. Pour moi, le meilleur moyen de dissuasion dans notre sport, ce sont les gens qui quittent une équipe en sachant quelque chose et qui en rejoignent une autre. Ils disent : 'Vous savez ce qu'ils font, eux ? Ils contournent le plafond de 150 millions en faisant ça'. La dénonciation est le meilleur moyen de dissuasion."

Le Règlement Financier a donc été rédigé de manière minutieuse par Federico Lodi et Nigel Kerr, tous deux à la tête de ce projet à la FIA, avec le soutien des dirigeants techniques de la fédération et de la Formule 1, Nikolas Tombazis et Pat Symonds. Ces derniers ont permis de déterminer combien d'argent dépensent les écuries pour développer et exploiter leurs monoplaces. L'entreprise Deloitte UK, qui a conçu le fair-play financier pour l'UEFA en football, a par ailleurs apporté son expertise.

La réglementation est suffisamment détaillée pour prendre en compte des facteurs comme les congés maternité ou maladie, tout comme l'assignation de certains mécaniciens à un programme historique – chez Williams par exemple – en sachant qu'ils pourraient donner un coup de main à l'écurie contemporaine à l'occasion.

Surtout, les sanctions qui peuvent être encourues sont un moyen de dissuasion notable : pénalité financière, retrait de points au championnat des constructeurs ou même des pilotes, exclusion d'un ou plusieurs Grands Prix, réduction des essais en piste ou en soufflerie, voire du plafond budgétaire… mais tous ces facteurs sont-ils suffisants ?

"Je fais parfaitement confiance à la FIA", a déclaré Binotto à Imola lorsque nous lui avons demandé s'il y avait des zones d'ombre. "Mais il n'y a aucun doute sur le fait que c'est une toute nouvelle réglementation et que comme pour toutes les réglementations, il y a toujours un avantage compétitif si l'on peut essayer de les lire de la bonne manière. Cela ne signifie pas qu'il y a des zones d'ombre, c'est plutôt la manière dont les écuries pourraient comprendre, lire ou interpréter la réglementation elle-même."

"Je pense donc qu'il faut un grand effort de la part de la FIA pour veiller au respect des règles. Pour ce faire, je pense qu'ils doivent renforcer le staff en interne, et le nombre de personnes qui auditionnent et surveillent, car c'est un élément clé. Je trouve ça aussi important que les réglementations technique et sportive, car il se trouve que c'est une véritable réglementation. À ce jour, les directeurs financiers [des écuries] sont peut-être aussi importants que les directeurs techniques."

Max Verstappen, Red Bull Racing RB18, Charles Leclerc, Ferrari F1-75

Max Verstappen (Red Bull RB18)

Certes, la situation est compliquée par le fait que certaines écuries conçoivent et construisent leurs propres unités de puissance et/ou boîtes de vitesses, contrairement à d'autres, tandis que certaines collaborations étroites entre teams peuvent soulever des interrogations. Le cas de Red Bull Racing et de la Scuderia AlphaTauri, qui se fournissent tous deux chez Red Bull Technology, est particulièrement complexe, mais Federico Lodi assure qu'il n'y a pas d'inquiétude à avoir à ce sujet.

"Je pense que nous avons traité cela dans la réglementation financière, car en principe, Red Bull Technology relèvera de la déclaration de Red Bull Racing", révèle Lodi. "Nous disons que les coûts F1 sont engagés par une écurie, mais la réalité est qu'ils sont engagés par les entités juridiques du groupe de l'écurie, qui engage des coûts liés aux activités F1, ce au nom de l'écurie."

Globalement, les directeurs d'équipe comptent sur le dialogue pour éviter toute polémique. "Il y a beaucoup de discussions entre le staff financier des écuries et la FIA afin de continuer à améliorer ça", indique Jost Capito, PDG de Williams Racing. "Si une équipe identifie une zone d'ombre, je pense que le sujet est soulevé dans ce groupe [de travail]. Ce système est si complexe qu'il doit être développé davantage. Et je trouve qu'il y a une bonne coopération entre tous les directeurs financiers des écuries pour ce faire. Mais c'est beaucoup de travail avec la FIA aussi, ils surveillent ça très bien."

Günther Steiner, directeur de Haas F1 Team, assure pour sa part : "On peut trouver des zones d'ombre à exploiter, mais je pense qu'il n'y a pas beaucoup de failles pour faire quelque chose qui ne résulterait pas en une grosse pénalité."

L'avenir nous dira si de véritables polémiques éclateront d'ici la fin de la saison – voire plus tard ! – quant au respect du plafond budgétaire par l'ensemble des participants. Une chose est sûre : sa mise en œuvre et particulièrement encourageante pour des investisseurs comme Gene Haas, qui n'étaient pas forcément enthousiastes à l'idée de continuer à dépenser sans compter pour des résultats pas toujours à la hauteur des ambitions.

"Il y a eu des moments auparavant où l'on a tenté de mettre en œuvre la réglementation financière, mais c'était impossible. Cette fois, je crois que tout le monde était très, très déterminé et motivé à le faire, car nous voulions un business model viable pour les écuries à l'avenir", conclut Federico Lodi. Business model qui rend la Formule 1 plus attractive pour de nouvelles équipes également, avec une éventuelle arrivée d'Andretti à l'horizon 2024.

Lire aussi :

Avec Adam Cooper

Be part of Motorsport community

Join the conversation
Article précédent Les évolutions de Mercedes à Barcelone se révèlent
Article suivant François Sicard prendra ses fonctions au GP de Monaco

Top Comments

Il n'y a pas de commentaire pour le moment. Souhaitez-vous en écrire un ?

Sign up for free

  • Get quick access to your favorite articles

  • Manage alerts on breaking news and favorite drivers

  • Make your voice heard with article commenting.

Motorsport prime

Discover premium content
S'abonner

Edition

Suisse