Pourquoi la FIA a banni les ailettes controversées de Ferrari
La FIA a expliqué pourquoi elle s’opposait à l’interprétation "frivole" et "désinvolte" faite par Ferrari du règlement qui concerne la position des rétroviseurs sur une F1.
La Ferrari SF71H et ses rétroviseurs sur le halo
Ferrari a été la première écurie à fixer ses rétroviseurs sur le Halo de protection, plaçant même une ailette au-dessus de chaque caisson.
Ces rétroviseurs ont évidemment attiré l’attention des directeurs techniques des autres écuries, notamment Andrew Green chez Force India, qui pensait que cette interprétation du règlement était interdite. Les deux SF71H ont toutefois été autorisées à disputer la course.
En revanche, la FIA est intervenue afin de demander à Ferrari de modifier cet arrangement litigieux pour le prochain Grand Prix, qui aura lieu dans les rues de Monaco.
Charlie Whiting, le directeur de course de la F1 à la FIA, explique pourquoi. "C’est l’interprétation libérale du mot 'support' qui décide de la conformité de ce montage. Tout dépend de savoir si nous considérons cette ailette comme un support ou pas. Nous ne croyons pas que ce en soit un", a déclaré Whiting.
"Ils [Ferrari] croient que cela rigidifie le rétroviseur. Je doute que cette ailette serait présente si elle n’apportait pas un gain aérodynamique. Aujourd’hui, tout gain, si minime soit-il, est recherché. Il y a quelques semaines de cela, plusieurs écuries nous ont demandé si elles pouvaient fixer les rétroviseurs sur le Halo. Nous leur avons donc envoyé une directive technique. Nous avons répondu favorablement, mais avons apporté quelques précisions, dont une sur les supports. C’est une question d’interprétation, et une telle interprétation frivole ne nous plaît pas."
Whiting ajoute que si rien n’est changé pour Monaco, la FIA ira en discuter avec les commissaires techniques. À la question de savoir si cette solution technique était désormais bannie même si elle ne contrevient pas à un règlement précis, Whiting a répondu : "Oui, von peut dire ça."
Ferrari a pu faire rouler ses monoplaces avec ces rétroviseurs en Espagne, car la FIA est habituellement tolérante quand un élément de la voiture est controversé et représente un problème d’interprétation.
Pilote Ferrari, Sebastian Vettel ne comprend pas pourquoi ces rétroviseurs seraient interdits. Il affirme que ce n’est pas différent des autres voitures qui utilisent des artifices aérodynamiques quand les rétroviseurs sont fixés ailleurs sur la voiture.
"La visibilité est meilleure. C'est pour cela que nous les avons déplacés", affirme Vettel. "Lors du moulage de nos baquets, nous avons demandé s’il était possible de déplacer les rétroviseurs et de les fixer sur le Halo. Quant à l’ailette, je crois que nous faisons la même chose que les autres écuries."
L’avis de Gary Anderson, consultant technique
Avec ses rétroviseurs rattachés au Halo, Ferrari a ouvert une boîte de Pandore.
Selon moi, il est évident que le but était de fixer une aube de déviation assez haute pour aider à diriger encore plus d’air vers l’ouverture supérieure des pontons.
Cette ailette est située assez loin du ponton, mais mieux diriger les filets d’air dans cette direction est facilité par la basse pression créée derrière le radiateur interne et qui va aspirer l’air vers l’ouverture du ponton.
Le caisson du rétroviseur n’a pas été déplacé de beaucoup, alors il est difficile de croire les propos de Sebastian Vettel, qui affirme que cela a été fait pour profiter d’une meilleure visibilité vers l’arrière. Fixer le caisson sur une aube et le rattacher à une autre qu’on dit être un "support" démontre clairement ce que Ferrari tente de faire.
La grande question est de savoir pourquoi Ferrari a-t-elle été autorisée à courir avec cette solution technique ? Les rétroviseurs originaux étaient disponibles en Espagne, car nous les avons vus sur les SF71H lors des essais libres de vendredi.
La FIA a bien fait d’exiger que la modification soit effectuée pour Monaco et de ne pas laisser la situation déraper. Toutefois, en réalité, la FIA aurait dû interdire à Ferrari de faire rouler ses voitures avec ces rétroviseurs dès l’inspection technique de jeudi, et qu’elle devait fixer les rétroviseurs orignaux pour disputer le Grand Prix d’Espagne.
Interviews réalisées par Roberto Chinchero
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