Grosjean - "Spa 2012 fait partie de mon histoire"
Dans une interview exclusive accordée à Motorsport.com, Romain Grosjean revient sur son parcours à Enstone et les étapes difficiles qu'il a vécues avant de devenir le pilote qu'il est aujourd'hui. Deuxième partie.
Accident de Romain Grosjean au départ
XPB Images
Le crash au premier virage à Spa en 2012 reste un moment important dans votre carrière. Est-ce que cela vous a changé?
Oui, énormément. Le lundi après Spa, je suis allé voir mon psychologue et nous avons commencé à travailler et essayer de comprendre ce qui n’allait pas bien, et pourquoi je prenais les mauvaises décisions. Au final, c’était important, pour moi personnellement. Cela m’a aidé à rebondir et à revenir, et j’ai dû démontrer une grosse force mentale pour revenir sur la grille quand d’autres pilotes me critiquaient. Au final, oui, Spa fait partie de mon histoire, j’ai appris de ça et j’ai changé à partir de là.
Mais ce n’était pas la fin de vos problèmes. Mark Webber vous a appelé "le dingue du premier tour" au Japon…
C’était le pire pour moi. Pour moi, c’était ma plus grosse erreur. C’était à 100% de ma faute. Je me suis planté…
Comment ça se passe quand vous faites face à de telles critiques venant de vos rivaux. Est-ce que cela vous affecte?
C’est difficile. Surtout en venant sur la grille, où tout le monde vous regarde. C’était vraiment, vraiment dur à la fin de 2012. J’étais vidé. C’était vraiment difficile. D’autres pilotes jouaient avec le fait que j’étais sous pression, et il n’y avait rien à faire. On ne peut pas bouger, c’est difficile. Ensuite, quand j’ai prolongé avec Lotus en étant conservé, c’était un grand soulagement et je pouvais commencer à travailler de nouveau. Au cours de la saison 2013, j’ai commencé à attaquer plus dans le premier tour et je suis revenu à un niveau décent.
Et 2013 fut une saison fantastique, n’est-ce pas?
La seconde partie était vraiment bonne. Dans la première partie, nous étions un peu en difficulté avec le KERS, ce qui nous a coûté beaucoup. Si nous avions trouvé ça plus tôt, la saison aurait été très différente.
La deuxième moitié était vraiment bonne, en partant 17e pour finir 3e en Inde. Au Japon j’ai mené la course. J’étais deuxième à Austin, et à Singapour j’aurais dû être sur le podium mais nous avons eu un problème moteur. Ensuite, à Abu Dhabi nous avons eu un problème en qualifications, et c’était presque mauvais de terminer quatrième. C’était une formidable saison. La voiture fonctionnait bien, nous avions de bons développements, mais je pilote mieux aujourd’hui qu’en 2013.
Les dernières saisons ont-elles été difficiles pour vous?
L’année dernière [2014] oui. Nous sommes partis de vraiment haut et nous sommes tombés très bas. C’était la première fois que ça m’arrivait. Cette année était bien différente car il s’agit de la situation : comme les ingénieurs qui n’arrivent pas sur le circuit [tardivement], le matériel qui n’est pas là, nous n’avons pas de voitures! On apprend de tout ça.
C’est dommage car Enstone a montré ce que nous avions et ce que nous pouvions faire, et on peut imaginer quand on repense à l’équipe d’usine de 2005 et 2006, et comprendre pourquoi ils étaient Champions du Monde. Mais maintenant, il faut un certain temps pour relancer le processus. On va très vite du haut vers le bas, mais partir du bas pour aller vers le haut prend quatre, cinq, ou six ans.
C’était donc une décision difficile de choisir de partir?
Initialement, c’était dur. Initialement, je ne pensais pas à aller ailleurs, mais ensuite j’ai rencontré Günther [Steiner] et Gene Haas, et ils m’ont expliqué le projet. Je crois que ça peut être quelque chose d’assez incroyable, et c’était très facile d’y aller, et de voler de mes propres ailes, de voir quelque chose de différent. Cela aurait été bien d’être avec Renault, un pilote français dans une équipe française. Mais [rejoindre Haas] était la meilleure décision que je pouvais prendre. [Renault] a besoin de quelques années de plus pour revenir à un niveau décent, donc je pourrais revenir!
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