Hill - J'ai quitté la F1 car "je pensais que j'allais mourir"
À l’occasion de la sortie de son autobiographie "Watching the Wheels", Damon Hill est revenu sur le contexte personnel de sa carrière en F1 et de sa décision d'arrêter entre souvenir de la mort de son père et disparition d’Ayrton Senna.
Photo de: Andy Smerdon
Le 31 octobre 1999, alors qu’il est au volant d’une Jordan lors du Grand Prix du Japon, le Champion du monde 1996 rentre aux stands au 22e tour, a priori pour changer son aileron avant abîmé dans une sortie de piste. Mais finalement, il quitte sa monoplace et, du même coup, le monde de la Formule 1.
Cette année-là, son équipier Heinz-Harald Frentzen est longtemps en lutte pour remporter le titre mondial mais le Britannique n’est que l’ombre de lui-même. Une situation qui était notamment liée à son état d’esprit du moment, mâtiné d’une certaine forme de fatalité.
"Je voulais partir, je pouvais ressentir ce qui est arrivé à mon père en arrière-plan, il y avait un accident qui m’attendait au coin du virage qui allait m’emporter", explique-t-il pour le Daily Mirror. "Je pensais que j’allais mourir."
Après 1999, il a surtout souhaité se détourner de la Formule 1 avant de finir par chercher de l’aide pour venir à bout de ses démons. "Je n’ai pas lu les journaux, je n’ai pas regardé les courses pendant cinq ou six ans. Pendant une grande partie des années 2000, j’étais détaché de tout."
"En 2003, j’ai sollicité de l’aide. La thérapie, c’est apprendre à s’exprimer, ce que vous ressentez. Maintenant, j’ai des moments d’anxiété, mais rien à voir avec ce que c’était."
"Mais vous arrivez au point où vous pensez : ‘Je n’ai plus de réponses’. J’étais à un concert des Who à l’Albert Hall, ils jouaient 'The Kids Are Alright', et les larmes coulaient sur mon visage. C’était le deuil qui aurait dû se produire."
Un "deuil irrésolu"
Il explique d’ailleurs avoir vécu longtemps avec la difficulté de porter le deuil de son père, le double Champion du monde Graham Hill, qui est mort dans l’accident de son avion, au retour d’une séance d’essais sur le circuit Paul Ricard avec son équipe, en novembre 1975. Et ce, dans un contexte où beaucoup de pilotes - et d’amis de la famille Hill - se tuaient en course.
"Il y avait cette chose affreuse en arrière-plan, un ruissellement constant, un ruissellement de gars qui étaient anéantis. Mon père n’aurait pas pensé à en parler… Les hommes étaient censés faire face à ces expériences."
"Vous ne pouvez pas pleurer aux funérailles parce que tout le monde est là. Ce ne sont pas vos funérailles, il s’agissait de funérailles d’État." Il explique que c’est après son mariage que les larmes ont finalement coulé. "J’ai montré à Georgie [sa femme] la tombe de mon père quand j’avais 21 ou 22 ans et je pense que c’est la première fois où j’ai pleuré."
Une fois sa carrière en F1 entamée, il a aussi dû faire face à la mort d’Ayrton Senna et à ses implications à la fois publiques et personnelles. "Cette expérience totale du choc, ces choses resurgissent, le deuil irrésolu que j’ai connu quand mon père est mort."
Dans le vestiaire avant le Grand Prix de Monaco, le premier après Imola, avait été déposé machinalement le t-shirt porte-bonheur du triple Champion du monde brésilien. "Dans toute la confusion, ce minuscule détail a été négligé."
"Quand un pilote est dans un état de vulnérabilité, il n’a pas besoin d’un rappel que, quand il quitte le vestiaire pour monter dans une voiture de course, il peut ne pas revenir."
L'aide de Senna
Hill affirme toutefois que, d’une certaine façon, Senna l’ai aidé à conquérir son unique couronne mondiale en 1996, dans une lutte face à Michael Schumacher au cours d’une des dernières manches de la saison, où il a limité les dégâts en terminant juste derrière son adversaire pour le titre et équipier, Jacques Villeneuve.
"Michael m’a rattrapé, j’étais à ma limite et j’ai pensé ‘Je crois que je n’ai plus de marge’. Donc j’ai fait appel à Ayrton dans mon esprit, s’il pouvait faire quoi que ce soit pour aider et tout à coup, j’ai décollé."
"C’était juste une petite prière, ce que je sais ensuite c’est que j’ai filé comme une fusée. Ce qui s’est vraiment passé, je n’en ai aucune idée, mais c’était réel et je n’ai jamais plus piloté comme cela."
"Nous avons tous ce potentiel ; la question est de savoir si nous avons le courage de l’explorer. Senna avait la capacité d’explorer les extrêmes limites et pendant une minute j’étais relâché de toutes ces peurs qui nous retiennent. C’était la chose la plus extraordinaire."
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