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Historique, GP Europe 1993 : Senna, l'artiste de la pluie

Grande-Bretagne, 11 Avril 1993, le circuit de Donington Park accueille la 3ème manche du championnat du monde de Formule 1

Grande-Bretagne, 11 Avril 1993, le circuit de Donington Park accueille la 3ème manche du championnat du monde de Formule 1. La saison allait être marquée par l’affrontement entre Alain Prost sur Williams et Ayrton Senna sur McLaren. Le français avait remporté la première manche, tandis que le brésilien remportait chez lui le GP du Brésil 15 jours plus tard. Nous voici donc en Angleterre.

Ayrton Senna n’était pas très satisfait de McLaren à cette époque-là, suite au départ de Honda. L’équipe n’avait pu se procurer qu’un moteur Ford client, moins performant que celui des Benetton. Pourtant, Senna était en tête du championnat.

À chaque course, Senna négociait son salaire avec Ron Dennis, et débarquait le vendredi juste avant les essais en jet. Son salaire était de 750.000$ par course, plus 250.000$ en bonus pour une victoire. La MP4-8 était une bonne monoplace, mais qui avait encore besoin d’être affinée.

Durant les essais du vendredi, la piste était humide et piégeuse. Ce tracé tortueux et étriqué n’est pas le préféré de Senna. Pourtant, c’était ici même que 10 ans auparavant, il essaya la Williams de Keke Rosberg pour réaliser son premier essai en F1. La journée du vendredi voit le nom du brésilien en haut de la feuille des temps.
Mais le lendemain, Prost arrachait la pole position, la 3ème en 3 courses, sur une piste sèche. La Williams reste la plus performante en vitesse pure. Reste donc ce fameux dimanche 11 Avril. Il ne fait que 6°C dans cette partie de l’Angleterre et il pleuvait de grandes averses.

Avec Prost en pole devant Hill, Schumacher et Senna, la grille de départ établie sur le sec était prévisible. La pluie submergeait la piste, mais elle avait cessée au moment du départ. Seul Lehto sur sa Sauber était en slicks. Pour Senna, l’avantage sur les Williams allait être tactique, car les FW15 étaient nettement supérieures aux autres monoplaces.

À l’extinction des feux, Prost, auteur d’un départ correct, emmène Hill dans ses roues, Schumacher en milieu de piste, Wendlinger sur sa Sauber surgissant aux cotés de l’allemand, se place aussi en milieu de piste. Ce qui eut pour effet de pousser Schumacher hors de la trajectoire. Et ce dernier emmena Senna avec lui, l’obligeant à mettre ses deux roues dans l’herbe.

Mais Senna ramena sa McLaren si brusquement qu’il traversa la piste et tenta l’intérieur sur Schumacher au virage de Redgate, une grande courbe à droite en fer à cheval. En fait, la manœuvre, vue de l’extérieur, paraissait effrayante et non calculée, mais en réalité elle l’était.
Prost, bien campé sur la trajectoire, était suivi comme son ombre par Hill, Wendlinger, en profondeur à l’intérieur de la trajectoire, et Senna derrière lui. Schumacher essaya à un moment de passer Senna à l’intérieur, mais cela se révéla impossible car le brésilien occupait déjà la place. L’allemand a pourtant tenu bon.

Dans la deuxième partie du fer à cheval, Prost plaça sa voiture en milieu de piste. Hill l’imita ainsi que Wendlinger, alors que Schumacher demeurait à l’intérieur. Ne restait que le couloir, libre à l’intérieur pour Senna qui se débarrassa du jeune allemand. Les deux pilotes fonçaient vers le gauche-droite de Craner Curves, quand Senna jeta sa McLaren à l’extérieur de Wendlinger pour aborder le virage gauche suivant. La McLaren alla si loin qu’elle décrivit un arc gigantesque autour de la Sauber. Troisième.

Le Brésilien remontait la côte vers Starkley Bridge, un gauche et il mit rapidement la pression sur Damon Hill. À la sortie de ce virage, il était à la hauteur de l’anglais, mais à l’intérieur, en position idéale donc pour la courbe suivante, à droite de McLeans. Senna déposa à l’accélération la Williams de Hill. Deuxième.

D’une rapidité déconcertante, Senna revenait sur Prost, toujours en tête. Au bout de la ligne droite de Starkeys, il était derrière les roues de son rival. En direction de l’épingle serrée de Melbourne Hairpin, Senna plaça sa monoplace rouge et blanche au beau milieu de la piste. Prost était à l’extérieur de la trajectoire et prit ensuite l’intérieur. Les deux voitures dérapèrent, mais Senna passa. Premier.

Lors de ce premier tour, Senna avait réalisé 1’35’’843. Alors que Prost, parti en tête sans doubler de concurrents, avait réalisé 1’36’’541.

Très vite, Senna prit un rythme absolument fou, creusant avec beaucoup de facilité un écart conséquent sur ses rivaux. Au deuxième tour, il signa un 1‘27’’882, alors que Prost, toujours deuxième, était en 1’31’’429.

Au 3ème tour, le classement était le suivant : Senna devant Prost, Hill, Barrichello sur sa Jordan, Alesi et Schumacher. Ce classement perdura jusqu’au 16ème tour, quand Alesi rentra au stand pour des slicks, suivi de Hill et Schumacher un tour plus tard. Senna s’arrêta au 18ème tour pour également chausser sa voiture de gommes slicks. Le Grand Prix prenait des allures surréalistes à partir de cet instant.

Au 21ème tour, la course aurait pu échapper à Senna. Dans Coppice, il remonta sur Fittipaldi et Blundell alors en bagarre. Dans la ligne droite de Starkeys, Blundell se déporta pour doubler Fittipaldi au moment où Senna allait l’attaquer ! Pris dans son élan, Blundell tira tout droit, tandis que Fittipaldi, effrayé par la manœuvre, heurta la roue avant de Senna qu’il n’avait pas vu. Un tour plus tard, Schumacher en pneu slicks, sortit de la piste.

La pluie retomba de nouveau et de manière intempestive. Et dans l’espoir de remontée sur Senna, Prost s’arrête au stand pour mettre des pneus « pluies ». Mais la tactique n’était pas sans danger, car personne ne savait à quel point la piste allait être humide. Pourtant, la pluie redoublait. Senna préféra rester en slicks. Mais les temps parlent d’eux-mêmes :

24ème tour : Senna 1’26’’363 ; Prost : 1’27’’015
25ème tour : Senna 1’26’’210 ; Prost 1’26’’552
26ème tour : Senna 1’26’’365 ; Prost 1’27’’720
27ème tour : Senna 1’26'249 ; Prost 1’27’’291
28ème tour : Senna 1’26’’706 ; Prost 1’16’’441.

C’est au moment où Prost s’est retrouvé le plus rapide que le brésilien décida de rentrer aux stands pour changer ses gommes. Mais le français était 3ème à 30 sec de lui, Alesi se trouvant à cet instant 2ème à 20 sec.
Après avoir chaussé ces pneus pluie, Senna repartit en tête des stands. Les positions au 30ème tour : Senna, Prost, Hill, Barrichello, Herbert, Alesi.

Au 33ème tour, alors que la piste séchait, nouveau pari de Prost qui s’arrêtait pour des slicks, imité par Senna un tour plus tard. Mais pour le brésilien, un soucis à l’arrière droit de sa monoplace l’immobilisera durant 20 sec et il repartira 2ème avec 7 sec de retard sur Alain Prost. 4 tours plus tard, la pluie retombait. Prost s’arrête au 38ème tour, mais Senna choisit de rester en piste encore une fois avec des pneus slicks, bravant les intempéries avec dextérité. On aurait cru à un moment que la McLaren dansait, tellement la maîtrise était présente.

D’ailleurs, ce fut le moment crucial de la course.

42ème tour : Senna 1’25’’686 ; Prost 1’28’’293
43ème tour : Senna 1’26’’460 ; Prost 1’26’’119
44ème tour : Senna 1’24’’166 ; Prost 1’26’’503

Au 46ème tour, Senna descendit en dessous des 1’23, alors que Prost tournait en 1’27. On pouvait alors se demander qui est-ce qui était en pneus pluie. 2 tours plus tard, la piste séchant encore une fois, Prost replongeait dans les stands pour remettre des slicks. Mais en repartant, il cala. À son retour en piste, les positions étaient les suivantes : Senna, Barrichello, Hill, Prost, Herbert et Patrese à un tour.

Au 53ème tour, Prost encore lui, regagna ses stands pour changer son pneu arrière gauche, car il pressentait une crevaison. Barrichello rentra un tour plus tard et Senna menait le GP d’Europe avec un tour d’avance sur tout le plateau.

La pluie refit son apparition et Senna emprunta la voie des stands pour monter des pneus pluie. À pleine vitesse, il fit signe de la main à son équipe et… ne s’arrêta pas !

Les mécaniciens de McLaren n’étaient pas encore prêts. Pourtant, ce détail qui fût la seule erreur de l’équipe durant ce Grand Prix a offert le meilleur temps en course à Senna. Détail incroyable et surréaliste à vrai dire.
Senna couvrit un tour supplémentaire, mais quand Hill le doubla pour revenir dans le même tour que lui, le triple Champion du Monde rentra au stand pour chausser des pneus pluie. Mais à force de rentrer, il n’y avait plus de pneus neufs. Alors les mécaniciens de l’équipe de Ron Dennis mirents des pneus pluie usés au brésilien.

Prost était rentré au 19e, 22e, 33e, 48e, 53e et au 69e tour, tandis que Senna était rentré au 18e, 29e, 34e, 55e, 66e tour.

Le Brésilien terminera les 76 tours en 1h50’46 ‘’570, Hill 2ème à 1’23s’’199 et 3ème, Prost à un tour comme tous les autres.
Senna était en tête du championnat du monde avec 26pts, contre 14 pour Prost.

Épilogue : Alain Prost paraissait bien évidemment très déçu face à la presse. Sur l’instant, le français était incapable de fournir une analyse détaillée de sa course. Ce qui étonna les journalistes présents.

"Il y a trop de chose à dire", lançait Prost. "Trop long à expliquer... la voiture se comportait assez bien en pneus pluie, mais j’ai calé en raison d’un problème d’embrayage. De même que j’ai connu des ennuis au niveau de la boîte de vitesses. Mais bon, il faut accepter de perdre... marquer 4 pts, c’est tout de même mieux que d’en avoir zéro !" , conclut Prost.

À ses côtés, Senna mijotait déjà sa réplique. Celle-ci allait gicler dans un sourire moqueur : "Si tu veux", dit le brésilien en fixant Prost, "on n’a qu’à échanger nos voitures !"

Prost ne répondit pas. Et Senna de continuer : "C’est incroyable. Je suis complètement sur la lune. Nous faisons ce que nous pouvons avec le matériel que nous avons, et nous gagnons !"

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