Inside - Dans le garage de Haas F1 Team à Montréal
Comment les séances d’essais se déroulent-elles dans le garage d’une écurie de Formule 1 ? Motorsport.com a eu la chance de suivre les Essais Libres 2 du Grand Prix du Canada dans le stand de Haas F1 Team.
Romain Grosjean, Haas F1 Team VF-16
XPB Images
R.F., Montréal - Les équipes de Formule 1 aiment bien accueillir des stars et vedettes sportives ou du cinéma dans leurs garages, mais pas vraiment des journalistes, parfois trop curieux ou trop observateurs…
Toutefois, vendredi après-midi à Montréal, l’écurie Haas ont accepté de nous faire une (toute) petite place dans son stand. Armé d’une radio, nous pouvons écouter ce qui se dit entre les ingénieurs et les pilotes.
L’équipe est divisée en deux: le team vert pour s’occuper de la voiture de Romain Grosjean et le team rouge pour celle d’Esteban Gutiérrez.
13h40
Les moteurs sont démarrés et chauffés. Les trains de pneus, numérotés, sont préparés. Les pilotes enfilent leur casque et embarquent dans les monoplaces. Tout est incroyablement tranquille, comme le calme avant la tempête. "Grip 7 pour le départ. Multi 3", dit-on à Grosjean.
14h05
Les moteurs Ferrari sont démarrés et les voitures quittent le garage. Une odeur de chaud vous prend au nez. Les mécaniciens replacent tout dans les garages, très étriqués, et nettoient le sol qui doit rester immaculé.
Ce qui étonne, c’est la quantité de messages radios envoyés aux pilotes à propos du trafic. "Tu es à quatre secondes d’Alonso et deux secondes devant Hamilton", par exemple.
Grosjean demande : "Que se passe-t-il avec le MGU-K ? Il coupe de façon intermittente. Et il y a un boîtier ici à droite qui n’est pas bien fixé."
14h14
Alerte ! On demande à Grosjean de rentrer, car on note une surchauffe du moteur. Un membre de l’équipe, qui suit les voitures par GPS, annonce à l’équipe que Grosjean sera dans les stands dans 40 secondes, puis dans 20 secondes.
Le Français se plaint de sous-virage et de blocage des roues arrière au virage 8. On change aussi les ouïes de refroidissement. Tout se fait dans le calme. Les carrosseries sont astiquées à l’extrême.
14h27
Second run, relativement court, car Grosjean stoppe de façon imprévue.
"Le blocage de roues arrière est un gros problème", affirme-t-il. On ajoute de l’essence dans le réservoir.
"Nous ajustons la pression d’air des pneus de 0,5 PSI, et on met +1,5 tour au flap de l’aileron avant. On modifie aussi d’un cran la barre antiroulis arrière", annonce-t-on à Grosjean.
Entre-temps, Gutiérrez est de retour au garage. "Train de pneus 843, s’il vous plaît", demande l’ingénieur de Gutiérrez. Oui, chaque demande est accompagnée d’un s’il vous plaît ! Les mécaniciens qui manipulent les piles de pneus ont des gabarits de joueurs de rugby…
"Nous examinons aussi les rétrogradages. On a noté deux rejets de rétrogradages", explique-t-on à Gutiérrez.
Pour le dernier run en piste, les voitures rouleront avec le plein de carburant afin d’estimer l’usure des pneus.
"La cartographie du moteur a été changée. Démarre avec la 3", indique-t-on au Mexicain, qui quitte le garage.
14h56
"Dernier run avec un train de pneus tendres. Tu fais cinq tours avec le DRS, puis trois tours en économie d’essence", demande-t-on à Grosjean qui démarre des stands.
15h02
Autre alerte ! "Esteban, refroidis les freins dans les lignes droites…", puis "Le frein arrière-gauche surchauffe. Rentre, Esteban. Box, box !" lui ordonne-t-on par radio.
Le chef mécanicien lance un ordre à ses troupes : "Allez, vite les gars !" La Haas n°21 rentre, instantanément entourée d’une nuée de mécaniciens munis d’extincteurs.
"Nous devons comprendre ce problème de freins avant de retourner en piste", annonce son ingénieur. L’odeur de brûlé est vraiment âcre. Les mécaniciens courent un peu dans tous le sens et les pneus valsent dans toutes les directions. Ce sera toutefois le seul moment de petite panique.
15h17
Grosjean continue à rouler. "Excellent travail, Romain. Si tout va bien, reste en piste et tente d’économiser les pneus", lui indique-t-on.
Entre-temps, le travail est terminé sur la VF-16 de Gutiérrez, qui retourne en piste. "Attention au feu à la sortie des stands et à ne pas franchir la ligne blanche", lui rappelle-t-on.
15h30
Le drapeau à damier est agité. Gutiérrez revient au garage en premier et les mécaniciens en profitent pour effectuer un pit stop. Grosjean arrive peu après. Les monoplaces sont rentrées dans le garage et les pilotes mettent pied à terre.
En moins de cinq minutes, les carrosseries sont retirées, l’essence est vidangée du réservoir, les ventilateurs sont installés et soufflent à plein régime pour refroidir la bête. Le démontage des deux Haas commence. Les mécaniciens font face à de longues heures de travail et les ingénieurs, eux, à beaucoup de travail d’analyse des données enregistrées.
Quant aux pilotes, ils participent au débriefing avant d’aller participer à des événements médiatiques à Montréal.
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