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Les 10 plus belles courses du légendaire Jim Clark

Le 7 avril 1968 s'éteignait l'un des plus grands pilotes de l'Histoire de la Formule 1, lorsque le double Champion du monde Jim Clark a perdu la vie dans une course de Formule 2 à Hockenheim. Le timide Écossais a remporté 25 victoires en 72 Grands Prix seulement et a également eu du succès à Indianapolis, en Endurance et en voitures de tourisme. Voici notre classement des dix plus belles courses de sa carrière.

Jim Clark, Lotus 43 BRM franchit le drapeau à damier

Jim Clark, Lotus 43 BRM franchit le drapeau à damier

LAT Images

10e : GP d'Afrique du Sud 1961, East London

Lotus 21 
Grille : 1er 
Arrivée : 1er

Stirling Moss était sans conteste le meilleur pilote au monde en 1961, signant des victoires de prestige malgré un matériel inférieur, mais les performances de Clark en fin de saison auguraient d'une nouvelle donne. La Lotus 21 de Clark avait déjà battu le modèle 18/21 plus ancien de Moss au Grand Prix Natal en Afrique du Sud et a enfoncé le clou à East London.

Jim Clark, Lotus 21-Climax

Jim Clark, Lotus 21

Clark a conservé l'avantage de la pole position au départ devant son coéquipier Trevor Taylor, mais Moss n'a pas tardé à prendre la deuxième place, puis la tête lorsque Clark est parti en tête-à-queue en évitant une autre voiture. L'Écossais ne s'est pas laissé abattre et a attaqué, malgré des dégâts sur sa boîte de vitesses ; il allait plus vite que le chrono de sa pole position et Moss n'a pas pu l'empêcher de remporter la victoire.

"Clark a démontré que le titre mondial n'était pas un rêve fou", a affirmé le magazine Autosport quant à la performance du jeune homme de 25 ans. Ce dernier a tempéré sa prestation dans son autobiographie en 1964 : "J'ai eu la satisfaction de battre Stirling [Moss] deux fois en deux semaines, bien qu'à vrai dire, ma voiture fût plus récente que la sienne."

9e : GP d'Australie 1968, Sandown Park

Lotus 49T 
Grille : 3e
Arrivée : 1er

Jim Clark, Lotus 49 Cosworth, avec la livrée Gold Leaf

Jim Clark dans la Lotus 49 ornée de la livrée Gold Leaf

Clark a démontré sa résistance à la pression d'une voiture plus rapide lors d'un Grand Prix d'Australie très disputé en 1968. Il s'agissait d'une manche de la Formule Tasmane, championnat océanien qui a existé de 1964 à 1975.

Clark jouissait de la toute nouvelle monoplace Gold Leaf Team Lotus (sa Lotus 49T arborant la livrée rouge et or ensuite aperçue en F1), qu'il avait menée à la victoire pour ses premiers tours de roue au Lady Wigram Trophy. Il est arrivé à Sandown Park avec trois points d'avance sur Chris Amon au classement général.

Il s'est qualifié troisième derrière Jack Brabham et Amon ; seuls 12 pilotes étaient engagés, mais le top 5 se tenait en six dixièmes sur cette piste de 3,1 kilomètres. Clark s'est emparé de la tête au départ et a immédiatement dû se défendre face à Amon.

"Amon a tenté encore et encore, mais bien qu'il se soit porté à la hauteur de la Lotus à de nombreuses reprises, il n'est pas parvenu à la doubler", indiquait le résumé de course d'Autosport, soulignant qu'Amon avait placé son museau juste devant sur la ligne de chronométrage au 33e des 55 tours. "Clark parvenait à freiner une vingtaine de mètres plus tard, ce qui lui a permis de se maintenir devant."

Néanmoins, "ils ont franchi la ligne d'arrivée avec les roues avant de la Ferrari au niveau des roues arrière de la Lotus. On a rarement vu arrivée plus excitante en Australie." L'écart officiel était de 0,1 seconde. Jim Clark avait non seulement résisté à une pression énorme pendant plus d'une heure mais aussi remporté sa troisième couronne de Formule Tasmane.

Lotus 25 
Grille : 1er
Arrivée : 1er

Jim Clark, Lotus 25

Jim Clark, Lotus 25

Clark reste l'auteur du record du nombre de grands chelems (pole position, meilleur tour et toute la course en tête) dans l'Histoire du Championnat du monde. Le Grand Prix de France 1963 était son troisième, mais derrière cette domination se cache une course difficile pour le pilote Lotus.

Comme souvent cette saison-là, Clark a aisément signé la pole position et a creusé l'écart dès le départ. Il avait trois secondes d'avance au terme du premier tour, mais au 14e passage, son moteur Coventry Climax a commencé à avoir des ratés, et il a perdu environ 1500 tours/minute.

"J'ai soudain senti le moteur faiblir à haut régime", expliquait Clark. "Je me suis rapidement rendu compte qu'en réduisant drastiquement les tours moteur, je pouvais maintenir un temps au tour raisonnable, mais derrière moi, Jack Brabham et Dan Gurney réduisaient sûrement l'écart."

"Comme pour exaucer mon vœu, il s'est soudain mis à pleuvoir. Sur piste humide, je suis parvenu à m'échapper de nouveau, mais le son du moteur était si rauque que je doutais encore de pouvoir finir la course. La pluie a redoublé d'intensité et est devenue un handicap au lieu d'un avantage : mes pneus commençaient à être lisses, car c'était le quatrième Grand Prix que je faisais avec le même train, et ils n'évacuaient plus bien l'eau."

"Brabham a commencé à me rattraper, mais heureusement pour moi, il a perdu un câble d'allumage, ce qui l'a retardé. Cela m'a donné l'espace dont j'avais besoin pour m'imposer au volant de cette monture blessée." Deux ressorts de soupape cassés étaient en cause, mais Clark a néanmoins gagné avec plus d'une minute d'avance.

Lotus 25 
Grille : 1er 
Arrivée : 3e (et 7e)

Jim Clark, Lotus 25

Jim Clark, sur la droite, est en difficulté avec sa Lotus 25

Cette course a été le théâtre de l'une des plus belles remontées de Clark, après une panne de batterie sur sa Lotus 25 au départ, alors qu'il occupait la pole position (monoplace #3 sur la photo). L'Écossais est finalement parvenu à s'élancer, mais quelque chose clochait sur sa voiture, et il l'a échangée avec celle de son coéquipier Trevor Taylor, qui occupait la troisième place et s'est finalement classé septième avec la monture de son partenaire.

Clark, lui, a repris la piste à 1'38 du leader Graham Hill mais est remonté au troisième rang à seulement 28"6 du pilote BRM. Il a également signé le meilleur tour en grappillant pas moins de 3,2 secondes sur sa référence du Grand Prix de Grande-Bretagne 1962, qu'il avait dominé.

"Le remarquable pilotage de Clark est quelque chose de rarement vu depuis la retraite de Stirling Moss", jugeait Autosport, tandis que l'intéressé, pourtant modeste, confirmait : "J'ai fait une belle course en remontant le peloton et en écrasant le record du tour. J'ai vraiment pris du plaisir dans cette course, plus que lors d'un certain nombre de Grands Prix auxquels j'allais participer cette saison-là."

Lotus 33 
Grille : 1er 
Arrivée : 1er

Le vainqueur Jim Clark, Lotus, reçoit son trophée avec le directeur d'équipe Colin Chapman sur le podium

Jim Clark reçoit le trophée du vainqueur aux côtés de Colin Chapman, fondateur de Lotus

Il est intéressant de noter qu'Autosport a qualifié cette victoire de "quelque peu chanceuse", tout en concédant que Clark a pris soin de son moteur souffrant "avec beaucoup de talent". L'un de ses points forts était sa capacité à économiser la mécanique, ce qui lui a permis d'arracher des résultats avec les monoplaces rapides mais fragiles conçues par Colin Chapman, fondateur de Lotus.

Le Grand Prix de Grande-Bretagne 1965 en est un parfait exemple : bien que Richie Ginther (Honda) soit passé devant au départ, Clark a repris l'avantage dans le premier tour et a bâti une avance qui paraissait décisive : il menait avec 36 secondes de marge après 62 des 80 boucles au programme lorsque sa pression d'huile a chuté. Hill s'est rapproché mais était en difficulté avec les freins de sa BRM.

"Évaluant parfaitement l'état de son moteur et le contexte général de la course, Clark a joué avec l'allumage et levé le pied dans certains virages afin de réduire la quantité d'huile nécessaire, tout en maintenant Hill à distance", a écrit Graham Gauld dans le livre Jim Clark - Portrait of a Great Driver. Clark s'est finalement imposé avec trois secondes d'avance, malgré le record du tour signé par Hill dans l'ultime boucle.

Lotus 38 
Grille : 2e 
Arrivée : 1er

Jim Clark, Lotus Ford

Jim Clark, Lotus-Ford

Les débuts éblouissants de Jim Clark aux 500 Miles d'Indianapolis en 1963, où il a été vaincu de manière controversée par la monoplace de Parnelli Jones, auraient pu être mentionnés ici. Mais la victoire de Clark en 1965 est encore plus belle. Même l'intéressé l'a décrite ainsi : "Parfaite, précisément comme nous l'avions prévue."

La plupart des bolides engagés avaient désormais le moteur à l'arrière, mais la Lotus-Ford 38 conçue par Len Terry et Colin Chapman restait à la pointe de la technologie. Et Clark a toujours eu l'avantage sur son coéquipier Dan Gurney, qui s'est battu avec Jones avant d'être contraint à l'abandon.

Clark menait au premier tour, a été dépassé par le poleman AJ Foyt au deuxième passage et a repris l'avantage dans la troisième boucle. Par la suite, sauf lors des arrêts au stand, Clark a dominé la course et a creusé l'écart. Foyt a été contraint à l'abandon après 115 tours en raison de problèmes de transmission, mais en avait presque un de retard.

Clark n'a fait que deux arrêts au stand (19,8 s et 24,7 s, parmi les plus rapides de la course), aidé par un nouveau système d'injection plus efficace. Jones a été handicapé par un manque de carburant en fin d'épreuve, résistant tout juste à Mario Andretti pour la deuxième place et laissant Clark s'imposer avec près de deux minutes d'avance. L'Écossais a écrasé le record du tour, devenant le premier à tourner à plus de 150 miles par heure de moyenne en course (241,4 km/h), mais aussi le premier à remporter cette épreuve avec une voiture à moteur arrière.

"Clark était de loin le meilleur pilote présent", a fait savoir Michael Kettlewell, reporter d'Autosport. "Même le New York Times, généralement avare en compliments, a comparé son talent à celui de Stirling Moss et de Juan Manuel Fangio." Cette performance a également permis à Clark de s'octroyer plus de 150 000 $, bien davantage que ce qu'il a gagné en F1.

Lotus 49 
Grille : 1er 
Arrivée : 3e

Jim Clark, Lotus 49 Ford devance Dan Gurney, Eagle T1G Weslake

Jim Clark (Lotus) devance Dan Gurney (Eagle)

Cette course est souvent mentionnée comme la plus belle de la carrière de Clark, voire la meilleure de tout pilote dans l'Histoire de la F1.

Clark a signé la pole position et s'est engagé dans une bataille classique à l'aspiration sur un circuit de Monza alors dépourvu de chicanes, face à son coéquipier Graham Hill et aux Brabham de Denny Hulme et de Jack Brabham. Puis, au 13e des 68 passages, il est rentré au stand à cause d'une crevaison et a repris la piste avec plus d'un tour de retard sur les leaders.

Clark a rattrapé ce trio et a fini par prendre l'avantage, donnant à Hill une aspiration cruciale au passage. Les deux hommes se sont échappés, et lorsque Hill a été contraint à l'abandon à dix tours du but, la victoire semblait destinée à Clark, mais ce dernier a manqué de carburant dans les dernières kilomètres et a chuté au troisième rang. Colin Chapman a jugé cette course comme l'une des meilleures de son poulain.

Pourquoi n'est-elle pas en tête de ce classement ? Un peu d'analyse permet d'expliquer notre parti pris. Tout d'abord, la Lotus 49 était bien plus rapide que ses rivales en 1967. Cette monoplace à moteur Cosworth DFV a signé la pole position de tous les Grands Prix de l'année à partir de ses débuts aux Pays-Bas. Sur le rapide circuit de Spa, Clark s'est qualifié 3"1 plus vite que son plus proche concurrent.

Si l'on regarde le meilleur chrono de chaque voiture lors de chaque week-end de Grand Prix, exprimé en pourcentage du meilleur temps, l'écart entre la Lotus 49 et le reste du plateau était de 1,217% sur l'ensemble de la saison 1967. À titre de comparaison, en 2009, le peloton tout entier se tenait en 1,241%.

En vitesse pure, la Lotus 49 était la voiture la plus dominatrice des années 1960 et la dixième plus dominatrice de l'Histoire du Championnat du monde. Et les 400 ch du moteur Cosworth DFV rendaient les dépassements plus faciles.

À Monza, seules les Brabham-Repco sont parvenues à s'en rapprocher, et la course de Graham Hill montre le véritable niveau de la Lotus ce week-end-là. Hill, seul pilote de pointe à avoir vraiment été associé à Clark chez Lotus, a roulé dans le groupe de tête en début d'épreuve avant d'en prendre le contrôle après l'arrêt au stand de Clark.

Il a dépassé Hulme, dont le moteur commençait à donner des signes de faiblesses, pour la première place au 28e tour et est parvenu à casser l'aspiration, avec l'aide d'un Clark qui venait de reprendre son tour de retard. Le Champion du monde 1962 a creusé l'écart au rythme de plus de deux secondes au tour en moyenne.

En revanche, les deux pilotes Lotus ont tourné à un rythme très similaire. Du 28e au 58e tour, Clark n'a repris que deux secondes à Hill, même s'il a perdu du temps à dépasser certaines voitures. Le fait que Clark ait emmené Hill dans son aspiration pendant un certain temps montre qu'il était le plus rapide, mais son aîné tenait le rythme.

Hulme, plus proche rival des Lotus ce jour-là, avait déjà abandonné. Quand Hill a jeté l'éponge à son tour au 59e tour, Clark était à moins de quatre secondes du nouveau leader Brabham, ayant déjà dépassé la Honda de John Surtees. Deux boucles plus tard, l'Écossais a pris la tête avant que la victoire ne lui échappe de manière cruelle.

Jim Clark, Lotus 49 Ford

Jim Clark au Grand Prix d'Italie 1967

Clark lui-même ne jugeait pas cette course comme sa meilleure. Dans le livre de Graham Gauld mentionné précédemment, le journaliste Gérard Crombac, ami proche de Clark, a même laissé entendre que l'intéressé était agacé que cette performance soit source de telles louanges.

"Ce qui l'a contrarié, c'est tout ce tapage, tous les éloges qu'il a reçus, après cet infructueux GP d'Italie 1967", avait révélé Crombac. "Il était considéré comme le plus grand pilote du monde, mais il jugeait n'avoir rien fait d'exceptionnel lors de cette course. Il ne voyait pas Monza comme un circuit de pilote ; si la voiture de son coéquipier n'avait pas défailli, il n'aurait pas pu le rattraper, et dans tous les cas, il savait avoir simplement une meilleure monoplace que tous les autres."

Le GP d'Italie 1967 demeure la preuve de la détermination de Clark : quel que soit le contexte, mener une course après avoir accusé un tour de retard est remarquable. Mais cette épreuve à Monza, où il est difficile pour les pilotes de faire la différence, en dit davantage sur la suprématie de la Lotus 49 que sur l'exceptionnel talent de Clark.

Lotus 33 
Grille : 3e
Arrivée : 3e

Jack Brabham, Brabham BT19 Repco devance Jim Clark, Lotus 33 Climax

Jack Brabham (Brabham) devance Jim Clark (Lotus)

Grâce à Chapman, Clark n'a pas souvent eu l'opportunité de montrer sa capacité à hisser une voiture inférieure en haut de tableau, du moins en F1. Cependant, le passage à la réglementation trois litres a causé quelques problèmes à Lotus au niveau du moteur.

Clark a passé la saison 1966 à se battre avec le moteur Climax deux litres ou le BRM H16, peu fiable. Sa victoire au Grand Prix des États-Unis avec la Lotus 43 à moteur BRM est célèbre, mais il a eu besoin de la malchance des autres pour la remporter. Le GP des Pays-Bas, à Zandvoort, s'est passé bien différemment.

Qualifié troisième sur un circuit où il a souvent excellé, Clark a concurrencé les Brabham-Repco de Jack Brabham et de Denny Hulme, plus puissantes, ainsi que la BRM de Graham Hill. "La bataille pour la tête faisait de cette course de Formule 1 la meilleure de l'année", estimait Autosport, mais Hulme a rapidement été contraint à l'abandon par des problèmes d'allumage, et Hill a perdu du terrain.

En revanche, Brabham ne parvenait pas à se débarrasser de Clark. "Sur une piste rendue glissante par l'huile et la gomme, le pilotage inspiré de Clark lui a largement permis de se hisser au niveau de la Brabham-Repco et de son trois litres", poursuivait le résumé d'Autosport. "Le Champion du monde en titre pilotait de manière impeccable et il était difficile de se rendre compte qu'il composait avec une capacité moteur inférieure d'un litre."

Clark a ensuite pris la tête au virage de Tarzan, au 27e des 90 tours, et a même commencé à creuser l'écart. Il a un temps joui d'une avance de dix secondes, mais Brabham s'est rapproché dans le dernier tiers de la course. L'Australien n'a repris l'avantage qu'au 76e passage, lorsque Clark est rentré au stand en raison de la fumée émise par son radiateur. L'amortisseur de vibration du vilebrequin avait cassé, obstruant le circuit d'eau. Les mécaniciens ont rajouté du précieux liquide et Clark a quand même fini troisième, signant l'un de ses deux seuls podiums de la saison 1966 de F1.

Lotus 25 
Grille : 8e
Arrivée : 1er

Jim Clark, Lotus 25-Climax

Jim Clark, Lotus 25

Clark est l'un des plus grands rainmasters de tous les temps, et cette performance fut l'une des meilleures jamais réalisées sous la pluie en Formule 1. Paradoxalement, le pilote Lotus abhorrait les 14,1 kilomètres du circuit de Spa-Francorchamps – théâtre de nombreux accidents mortels – autant qu'il y excellait. Il s'y est même imposé quatre fois, la seconde malgré une huitième place en qualifications à cause d'un survirage trop important et de problèmes de boîte de vitesses, sans oublier d'autres soucis en course.

Auteur d'un envol sensationnel, Clark a pris la tête avant même Eau Rouge, à une époque où la grille de départ se trouvait à la sortie de La Source. Hill l'a talonné un moment au volant de sa BRM, mais Clark n'a pas tardé à creuser l'écart. Après cinq tours, il avait huit secondes d'avance, et quand Hill a été trahi par sa boîte de vitesses à la mi-course, l'écart entre le leader et le reste du peloton est passé à une minute et demie.

Un orage a éclaté au 24e tour, avec des chronos qui sont passés de quatre minutes à six minutes. Les conditions étaient si mauvaises que Colin Chapman et Tony Rudd, qui dirigeaient Lotus et BRM, ont demandé l'interruption de la course, sans succès. Clark, lui, était comme un poisson dans l'eau et a même pris un tour à son dauphin Bruce McLaren, qui est toutefois repassé devant par la suite : Clark a gagné avec "seulement" 4 minutes et 54 secondes d'avance.

"J'aime piloter sous la pluie, mais c'est Spa : je suis resté bien loin de mes limites", écrivait Clark dans son autobiographie. "Le plus haut rapport de boîte peinait à rester enclenché, et à Spa, ce n'est pas amusant."

La courbe de Masta, abordée aux alentours de 240 km/h par la Lotus 25, en devenait d'autant plus périlleuse. "En approchant la courbe, je tenais le levier de vitesse en place avec la main droite et je déplaçais la main gauche vers le bas du volant. Je procédais ainsi car la voiture a tendance, dans cette courbe, à passer d'un côté de la route à l'autre, et j'avais souvent besoin de corriger sa trajectoire. En gardant la main sur la partie basse du volant, je pouvais le faire tourner d'une main tout en maîtrisant la glissade."

Cedric Selzer, l'un des mécaniciens de Clark, estimait que cette performance était l'une de ses meilleures. "Jimmy a piloté à une main pendant une bonne partie de la course, tout en maintenant le levier de vitesse au plus haut rapport avec l'autre", expliquait-il dans son livre If You Have Come Second You Have Lost"C'était une performance incroyable, probablement l'une des plus belles de l'Histoire des Grands Prix."

Pour bien se rendre compte des conditions, soulignons que Clark s'est imposé à 183 km/h de moyenne : c'était le GP de Belgique le plus lent depuis 1953, lorsque le Championnat du monde employait la réglementation de Formule 2. D'où les critiques d'Autosport : "Avoir poursuivi la course dans des conditions non seulement épouvantables mais aussi extrêmement dangereuses est fâcheux pour les organisateurs. Voir de malheureux survivants tourner en rond, quasiment aveuglés par les projections d'eau, et disparaître dans la brume ténébreuse de l'Ardenne n'est pas l'idée que se fait Autosport d'une compétition sportive."

Lotus 25 
Grille : 3e
Arrivée : 4e

Jim Clark, Lotus 25

Jim Clark, Lotus 25

Clark n'est même pas monté sur le podium lors de la course qui nous plaçons au premier rang, qui a eu lieu sur l'un des circuits les plus exceptionnels au monde. Le Nürburgring de 22,8 kilomètres faisait partie de ses pistes favorites, et la course qu'il considère lui-même comme sa meilleure a commencé par une erreur.

Clark s'est qualifié en première ligne derrière la Porsche de Dan Gurney et la BRM de Graham Hill, mais a oublié d'activer sa pompe à essence au départ et s'est fait doubler par le peloton. Sous la pluie a commencé une remontée où il a repoussé ses limites. 

"J'étais extrêmement agacé d'être là, dans une voiture silencieuse, alors que rugissaient les autres bolides", a expliqué Clark. "J'ai immédiatement compris mon erreur et, l'ayant corrigée, je me suis lancé, déterminé à me racheter de mon impardonnable bévue. J'étais loin derrière, mais j'ai doublé une dizaine de voitures au premier tour. Je suis remonté à la quatrième place, et j'apercevais les leaders, avant de me rendre compte par une grosse glissade que j'étais trop proche de la limite. J'ai décidé que j'allais devoir me contenter de la quatrième place."

Clark s'est rapproché à 14 secondes du leader Hill, s'illustrant dans une bataille avec Dan Gurney et John Surtees, avant de lever le pied, d'autant que sa Lotus a commencé à connaître des soucis d'alimentation en carburant. Il a finalement franchi la ligne d'arrivée 42 secondes derrière Hill, mais Gérard Crombac a fait savoir dans Jim Clark - Portrait of a Great Driver : "D'après Jimmy, la meilleure course qu'il ait jamais réalisée est le GP d'Allemagne 1962. C'est probablement la seule course où il a piloté à 100% de bout en bout, et le fait qu'il n'en ait pas été félicité est à la charge de la plupart des journalistes."

Colin Chapman, qui a collaboré avec Clark pour l'intégralité de ses succès en Grand Prix, a confirmé : "Il avait le sentiment, à raison ou à tort, qu'il avait commis une erreur et que c'était à lui de la rattraper. Il a piloté de manière fantastique ce jour-là."

 

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