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Interview

Michael Schumacher : avant que l'homme devienne roi

Le 15 décembre 1993, Michael Schumacher se préparait pour une saison mouvementée lors de laquelle il allait remporter son premier titre mondial. Ce jour-là, il s'est entretenu avec notre reporter Adam Cooper…

Michael Schumacher, Benetton B194

Photo de: LAT Images

Cette semaine de décembre 1993, Michael Schumacher avait accompagné Flavio Briatore au Japon pour la présentation du nouvel accord de sponsoring de Benetton avec Mild Seven, et ayant appris qu'il allait rencontrer des journalistes locaux dans un hôtel, je me suis invité. Une partie de l'interview a été publiée dans le premier numéro d'Autosport en 1994, mais grandement réduite. La plupart des propos tenus par Schumacher ce jour-là sont restés secrets pendant 16 ans.

Il y a d'ailleurs des parallèles évidents entre le Michael Schumacher de la fin 1993 et le Sebastian Vettel de la fin 2009. Tous deux Allemands, ils avaient fait deux saisons et demie dans l'élite et avaient gagné des courses – cinq pour Vettel, deux pour Schumacher. Ce dernier avait signé 17 podiums, contre huit pour son cadet.

Une différence majeure, toutefois : le pilote Red Bull avait joué le titre en 2009, quand celui de Benetton ne s'était jamais trouvé dans cette position, mais ça allait changer. Prost avait pris sa retraite et Senna était passé de McLaren à Williams... Une nouvelle ère commençait, et Schumacher allait clairement jouer un rôle majeur, peut-être même être le principal rival d'Ayrton en 1994.

C'était un tournant à bien des égards. Les aides au pilotage étaient interdites pour 1994, et Benetton allait avoir un nouveau moteur Ford avant de passer, selon la rumeur, à Renault en 1995, pour être sur un pied d'égalité avec Williams. Et de manière plus intrigante, Schumacher et Willi Weber venaient de renégocier son contrat et avaient tiré de Briatore une belle augmentation. Michael était désormais sous contrat jusqu'à fin 1996. Eh oui…

Avant de discuter avec moi, Schumacher a donné un petit discours aux médias et aux VIP de Japan Tobacco. "Je n'ai que 24 ans, j'en aurai bientôt 25", a déclaré celui qui souffrait d'un rhume et d'une récente opération au genou. "Et même si 1993 n'était que ma deuxième saison complète en F1, j'ai eu la chance d'accomplir beaucoup de choses avec Benetton. Mon ambition est celle de tous les jeunes pilotes : d'être Champion du monde. J'estime qu'en tant que pilote numéro 1 chez Benetton, je suis au bon endroit au bon moment. Tous les ingrédients d'un package capable de remporter le Championnat du monde sont en train d'être rassemblés."

Comme le laisse entendre l'interview ci-dessous, c'est surtout à 1995 qu'il pensait. Mais les circonstances ont fait que 1994 allait être son année. Voici ce que nous sommes dit ce jour-là, mot pour mot.

Michael Schumacher, Benetton B193

L'an dernier, vous êtes monté sur le podium neuf fois et vous avez gagné au Portugal. Il y a évidemment eu des déceptions, comme Monaco, et en fin d'année, vous avez abandonné au Japon et en Australie. Quel bilan tirez-vous de cette saison ?

J'oublie toujours les déceptions pour garder les bonnes choses en mémoire. Et il y en a eu beaucoup – comme vous le dites, neuf. Si l'on regarde la saison entière, même si j'ai fini quatrième, une place moins bien que l'année d'avant, je pense pouvoir être satisfait. Comme vous l'avez dit, à Monaco nous aurions pu gagner, et il y a certainement quelques autres courses où nous aurions fini sur le podium. Par conséquent, nous pourrions être bien mieux placés.

Je pense que cette saison, d'une certaine manière, je n'ai pas eu de chance, j'ai été un peu malchanceux, mais c'était quand même un succès à mon avis. Si nous avons de la chance à l'avenir, nous aurons l'air encore meilleurs. C'est pourquoi je suis satisfait de la saison 1993.

La victoire au Portugal avait-elle plus de sens à vos yeux que celle de Spa ? Car à Spa [sous la pluie en 1992], il y avait une certaine chance.

Il y avait une certaine chance, c'est vrai. Je dirais une petite proportion, certainement par rapport à Estoril, où c'était juste une bonne stratégie, de bons arrêts au stand, et du pilotage ! Je pense que c'était encore plus un succès, surtout après un week-end qui avait été un désastre du vendredi au samedi. Personne ne croyait… Je n'aurais pas parié le moindre centime sur ma victoire, et nous avons gagné. Je pense que de cette manière cela compte davantage. D'habitude, on dit que la première est la meilleure, et la dernière aussi. Or, je n'en ai que deux !

Était-ce frustrant d'être confronté aux deux Williams ? Vous vous battiez toujours pour la troisième place, à part à la fin de l'année où il y avait peut-être la possibilité de s'insérer entre elles.

Ce n'est pas vrai. Il y a eu des moments, certes, où nous ne pouvions pas faire mieux que troisième. Mais il y en a eu d'autres comme Spa, comme Monaco, en début ou milieu d'année. Monza, nous étions au niveau. Et il y a eu d'autres courses où nous étions plus rapides. Mais la Williams était parfois invincible. Je ne peux pas vraiment dire que c'était frustrant. Nous le savions, et pour nous c'était une victoire si nous finissions derrière eux, car McLaren était notre grand rival. J'avais donc beaucoup de motivation.

Était-ce bien de se mesurer à Senna avec le même moteur ?

Oui, c'était très bien.

Vous y avez pris du plaisir ? Car si vous étiez plus rapide que lui, forcément ça vous faisait apparaître sous un jour positif.

Je dirais que nous l'étions, la plupart du temps. Malheureusement, ils ont remporté quelques victoires, ce qui leur a donné beaucoup de points. Enfin, lors des deux dernières courses, ils étaient encore très bons. Je dirais que nous étions plus rapides en Australie, mais nous n'avons pas pu le prouver.

Ayrton Senna, McLaren MP4-8, devance Alain Prost, Williams FW15C, et Michael Schumacher, Benetton B193A

Michael Schumacher a passé la saison 1993 dans l'ombre d'Ayrton Senna et d'Alain Prost

Que s'est-il passé lors des deux dernières courses ? Juste de la malchance ?

Suzuka est une course où j'ai simplement été malchanceux, dès le départ. J'ai dû démarrer en seconde. Je ne le savais pas avant la fin de la course, je croyais être en première ! La voiture n'a pas pris un très bon envol, et j'ai perdu deux ou trois places. Parce que nous n'avions pas vraiment un avantage de puissance et que nous avions pas mal d'aileron, je n'avais aucune chance de dépasser en ligne droite. J'étais plus rapide dans les virages, mais impossible de doubler. J'ai donc saisi la première opportunité que j'ai vue, et c'était la mauvaise [il s'est accroché avec Damon Hill, ndlr]. Bref, j'ai raté cette course.

L'Australie était aussi une course que nous aurions pu gagner. Nous avions pris une très bonne décision sur un changement de pneus, si j'avais continué je suis sûr que je serais ressorti deuxième ou troisième, et avec un autre arrêt au stand, encore plus loin devant, peut-être même sans rechanger de pneus. Il y avait donc une opportunité de gagner cette course, et opportunité ou non, nous ne l'avons pas fait, le moteur a cassé. Ça n'arrive pas très souvent, et je pense que Cosworth était aussi mécontent que nous, alors hors de question de rejeter la faute sur quelqu'un. Nous ferons mieux la prochaine fois, c'est tout.

Que s'est-il passé cet hiver avec votre contrat ? Tout le monde a écrit que McLaren essayait de vous recruter, mais vous aviez un contrat avec Benetton, que vous avez maintenant renégocié. Quelle est votre version de l'histoire ?

Ma version de l'histoire, c'est que je crois vraiment en ce que fait Benetton. Je vois depuis mon arrivée dans l'équipe son développement, et je vois ce que nous sommes capables de faire. Et j'ai assis ma position dans l'équipe en renouvelant le contrat ; je pense désormais que les deux côtés sont satisfaits. Auparavant, nous avions un contrat qui satisfaisait certainement l'une des parties, mais pas l'autre ! Flavio s'est rendu compte qu'il devait faire quelque chose, et il l'a fait d'une très bonne manière. Nous pouvons désormais nous tourner vers ces quelques années tous ensemble. Comme l'a dit Flavio précédemment, la stabilité est importante aussi, et j'aime la stabilité. C'est quelque chose que nous avons désormais.

En somme, ce qui s'est passé, c'est que quand vous avez signé le contrat d'origine, vous aviez fait quatre ou cinq courses. Mais maintenant, vous en avez gagné deux, vous êtes monté sur le podium 17 fois, donc c'est un autre Michael Schumacher désormais, et vous avez plus de valeur.

Oui, c'est un autre Michael Schumacher, et je pense qu'il faut se comparer aux autres pilotes…

Vous voulez dire que vous regardez ce que gagne Gerhard Berger !

Tout comme l'équipe doit se comparer aux autres écuries. Si je le fais, je pense que nous apparaissons sous un jour positif, et je pense que nous effectuons des changements pour l'avenir qui seront très bons pour nous également. Et si toutes les conditions sont réunies, nous avons une véritable opportunité d'être Champion du monde. C'est simplement quelque chose qui compte pour moi, je le vois avec Benetton, et c'est pourquoi je reste chez Benetton.

Quel genre de conversations avez-vous eu avec Ron Dennis ?

Il y a certainement eu des conversations, il y avait certainement de l'intérêt de la part de Ron Dennis pour me recruter. C'est très agréable de savoir que l'on s'intéresse à moi, mais comme tout le monde le sait, même avant j'avais un contrat jusqu'à 1995, je n'aurais pas pu quitter l'équipe à moins que Flavio ne l'accepte. Je n'imagine pas vraiment que Flavio accepte de me laisser partir comme ça.

Mais c'était techniquement possible, avec une transaction financière, que vous alliez chez McLaren.

Nous n'en avons jamais discuté, car le sujet ne s'est jamais présenté.

Quelqu'un d'autre vous a-t-il approché pour l'an prochain ?

Oui, il y avait certainement d'autres équipes aussi. Il n'y avait pas que Ron, il y avait d'autres questions et de l'intérêt des autres écuries. Je suis très content d'avoir cet intérêt, cela accroît ma valeur sur le marché, et c'est quelque chose que j'apprécie !

Le vainqueur Michael Schumacher, Benetton, Flavio Briatore

Flavio Briatore a dû sortir le chéquier pour garder Schumacher dans son équipe

Quid du nouveau moteur l'an prochain ? Êtes-vous convaincu qu'il va être bon, ou au moins meilleur que le HBA7 ?

Oui. Enfin, ce que j'ai entendu de la part de Cosworth, c'est qu'il s'agit d'un moteur complètement nouveau, et ce moteur est déjà plus puissant – nettement plus puissant – que l'ancien avec lequel nous avons fini cette année en Australie. En voyant ça, j'attends déjà la saison prochaine avec impatience, même si je pense que ce ne sera pas une saison où nous aurons une opportunité réaliste d'être Champion du monde, car il reste le package Williams/Renault/Senna, qui a les meilleures chances d'être Champion du monde. Il faudra voir, mais nous devons travailler le reste du temps pour les battre. Même en 1994, nous essaierons. Si nous réussirons, je ne sais pas, il faudra voir.

Craignez-vous des problèmes de fiabilité, puisque ce sera un nouveau moteur avec beaucoup d'évolutions, notamment au niveau de l'électronique ?

Il faudrait [le craindre], oui.

Car vous avez eu beaucoup de chance au niveau de la fiabilité…

Justement. J'ai été chanceux, mais je l'ai été parce que nous sommes avec Cosworth, que Cosworth est très prudent et qu'ils font les choses pas à pas.

Ce moteur sera donc aussi fiable ?

Oui, je l'espère. Enfin, je ne suis pas qualifié d'un point de vue technique. Mais à ce jour, je fais confiance à Cosworth en raison de ce qu'ils m'ont montré dans le passé, c'est pour ça que je crois en l'avenir.

À plus long terme, il y a toutes les rumeurs d'un moteur Renault pour 1995. Y a-t-il des choses qui vont se passer en 1995 et 1996, dont vous auriez connaissance et qui vous auraient convaincu de signer ?

Je crois qu'on devrait faire une interview avec Flavio et que vous devriez lui demander !

Mais y a-t-il des choses qui se passent et que vous attendez avec impatience ?

Nous savons certainement avoir un déficit de puissance, et c'est un domaine majeur que nous devons améliorer. Nous allons faire mieux, et il nous faut voir le chemin déjà parcouru.

L'an prochain, évidemment, personne ne sait vraiment ce qui va se passer concernant la technologie, la suspension active, etc. Êtes-vous enthousiasmé par la nouvelle génération de monoplaces, avec moins de technologie, même si nous ne sommes pas sûrs du niveau précis ?

Nous avons construit une voiture complète, qui est prête pour les prochains essais en janvier. Une voiture complète et [à suspension] passive, sans toute l'électronique, et j'ai hâte de la piloter, car je sais – du moins j'espère – que tout le monde aura ça, et j'espère que la FISA aura une réglementation qui ne permettra à personne de trouver un compromis.

Est-ce que Williams aura encore un avantage, même dépourvu de toute la technologie, et où va se situer McLaren avec le moteur Peugeot ? La hiérarchie va-t-elle évoluer ?

Si tout le monde est pareil au niveau technique – sans suspension active, traction control et tout ça – je pense que les éléments majeurs comme le châssis, le moteur et le pilote deviendront de plus en plus importants. Et du côté du moteur, nous savons que chez Williams, ils sont les meilleurs. Ils devraient donc conserver l'avantage qu'ils avaient l'an dernier, voire ces dernières années.

Pensez-vous que Senna va être invincible dans des circonstances normales ?

Oui, je pense.

Est-ce quelque chose de vraiment déprimant pour vous ?

Hum… Non, car je pense qu'il reste d'autres écuries et pilotes contre lesquels nous devons nous battre, et je pense que nous devons nous établir dans la position de numéro 2 – ce que nous avons essayé de faire cette année déjà, et nous n'y sommes pas arrivés, alors nous devons le faire la saison prochaine. Et l'année d'après il faudra que le package ait ce niveau, afin que nous ayons d'emblée l'opportunité de jouer les victoires et le titre mondial.

Vous avez bon espoir de pouvoir vous installer à la deuxième place, McLaren ayant désormais Peugeot et ayant perdu Senna ?

Ce n'est plus seulement McLaren. Ferrari est là et est rapide, Sauber est là et est rapide, et peut-être Ligier avec le moteur Renault. Il y a donc beaucoup de concurrents contre lesquels nous devons nous battre. J'espère que nous ferons le job, et comme je l'ai dit, nous devons nous établir comme numéro 2, et après ça nous pourrons nous établir comme numéro 1. Pour l'instant, le package de la Williams a un avantage, nous devons travailler afin que ce ne soit plus le cas.

Michael Schumacher,  Benetton B194, et Ayrton Senna,  Williams FW16

Schumacher s'attendait à ce qu'Ayrton Senna et Williams dominent la saison 1994

Revenons à votre problème de genou. D'où est-ce qu'il vient ?

Ça fait déjà cinq ou six ans que ça a commencé. Mais le gros problème a commencé il y a deux ans quand j'ai commencé à faire de plus en plus d'exercices pour améliorer ma condition physique. Le souci est que je suis prédisposé à avoir ce problème, et surtout si je m'entraîne fort, je l'ai. C'est ce qui m'est arrivé. Ces deux dernières années, j'ai fait plus d'exercice physique, et maintenant j'en paye le prix ! Ce que je dois faire, c'est modifier ma préparation physique, et il a fallu faire cette opération pour repartir d'une nouvelle base, car il n'était pas possible de simplement réduire l'intensité de l'entraînement : les dégâts étaient déjà faits.

Ça vous faisait vraiment mal ?

Oui, j'avais vraiment mal l'an dernier. Pas tant que ça en pilotant, mais parfois, lors de courses dures comme au Canada, où il faut freiner très fort ou rester longtemps sur l'accélérateur, j'avais mal aux jambes. La pire douleur était toujours quand je jouais au football ou au tennis, ou quand je faisais du vélo. Je n'étais pas content de ne pas pouvoir jouer au football ou au tennis à 24 ans. Je me sens trop jeune pour ça, je me sentais trop jeune pour abandonner ce que je pense être mon plus grand avantage, à savoir mon niveau de performance, ma forme physique. C'est quelque chose que je veux garder, et c'est pourquoi j'ai fait cette opération, afin d'être dans une bonne situation pour l'avenir.

Quel était le problème concernant votre entraînement ?

J'en faisais trop, c'était trop rude, et il me manquait quelqu'un d'expérimenté qui puisse me donner des conseils pour contourner le problème, c'était important. Il y avait des possibilités, dont je viens de prendre connaissance et dont je dois m'occuper. C'est trop tard.

Ce n'était qu'une opération ?

Une opération aux deux genoux, c'est tout. C'est une opération qui a été faite à de nombreuses reprises à des footballeurs et des skieurs. Ce sont des gens qui peuvent avoir ça très vite, et ça m'est arrivé. Je connais juste le mot allemand, qui est "Patellaspitzensyndrom" [tendinopathie patellaire, ndlr], mais je ne le connais pas en anglais ! C'est le bout du genou qui s'est déplacé de manière néfaste et a commencé à s'enflammer.

Vous a-t-on dit que vous ne pouviez pas piloter jusqu'en janvier, ou bien évitez-vous de le faire par sécurité ?

J'ai fait une course de karting le week-end dernier, mais je ne serais pas capable de piloter une F1 à Barcelone à 100%, car je ne peux toujours pas faire de jogging. Tous ces freinages intenses et les choses comme ça, ça me fait encore mal, et il faut encore que je fasse de la thérapie. Mais il n'y a aucun problème pour tous les essais à la mi-janvier et pour continuer ensuite. Jusque-là, ça devrait aller avec mes genoux, puis je devrai prendre le reste du temps pour recommencer ma préparation physique. Je débute les essais le 17 janvier au Portugal avec la nouvelle voiture, avec toutes les nouveautés. C'est pour ça que nous ne nous sommes pas pressés. J'aurais pu faire des essais à Barcelone, mais ce n'était que l'ancienne voiture, il n'y avait rien d'important à faire là-bas. Et ils avaient besoin de tester des nouveaux pilotes. Nous avons donc décidé de commencer les essais mi-janvier avec la nouvelle voiture.

À quel point la vie a-t-elle changé pour vous ces trois dernières années, surtout en Allemagne où vous faites partie des grandes stars avec Boris Becker et, j'imagine, certains joueurs de football ?

Disons qu'elle n'a pas énormément changé pour moi car je ne passe pas beaucoup de temps en Allemagne. Depuis que j'habite à Monaco, j'ai récupéré ma liberté d'avant. Je suis relativement content de la manière dont je vis. Quand je suis en Allemagne, parfois ça va, mais parfois c'est pesant. Au moment où ça commence à être pesant, je pars. Je dirais donc que dans ma vie privée je suis relativement heureux.

Et vous vous êtes fiancé ?

Oui, je suis désormais fiancé à ma petite amie, Corinna. Et j'en suis très content. Cela fait deux ans que nous sommes ensemble, et comme je l'ai déjà dit plusieurs fois, la base du succès, c'est beaucoup de choses : c'est la forme physique, c'est le temps de détente à la maison – il faut une vie privée. Ça nous convient à 100%, à Corinna et moi, alors nous sommes tournés vers l'avenir.

Savez-vous quand vous allez vous marier ?

Non, nous devons y réfléchir. Nous l'organiserons nous-mêmes. Nous verrons quand le faire, je ne sais pas.

Peut-être l'an prochain ?

Je n'ai pas fixé de délai pour ça. Peut-être dans deux, trois ou quatre ans, ou bien l'an prochain, je ne sais pas !

Enfin, comment considérez-vous le programme de jeunes pilotes Mercedes, quatre ans plus tard ?

Je suis très satisfait que même Heinz-Harald [Frentzen] soit arrivé en F1. Nous savons tous qu'il est un pilote très rapide, et c'est bien de le voir, car je crois qu'il a manqué l'opportunité d'aller en F1 plus tôt, quand il a pris ses mauvaises décisions. Mais il est revenu, et il est revenu avec l'équipe dans laquelle il a commencé. Sauber est une écurie fantastique, et il sera avec [Karl] Wendlinger. [Frentzen] est un autre pilote allemand, ce qui enlève de la pression. Avec Mercedes, je pense que c'est très bien pour lui, et je suis très content pour lui.

Où pensez-vous que vous seriez maintenant sans Mercedes, s'ils ne vous avaient pas recruté fin 1989 ? Pensez-vous que vous seriez quand même arrivé en F1, mais peut-être deux ans plus tard par exemple ?

Je ne peux pas dire ça. Certes, je dois beaucoup à Mercedes. Où je serais sans eux, on le saurait si ça ne s'était pas fait. Mais ça s'est fait.

Jochen Mass, Michael Schumacher, Mercedes-Benz C11

La Mercedes C11 de Michael Schumacher et Jochen Mass en 1990

Pendant notre interview, Schumacher a dû s'absenter un moment afin de répondre aux questions des journalistes japonais. L'une d'entre elles était quelque peu inattendue : pensait-il que les pilotes de F1 étaient les sportifs qui côtoyaient la mort de plus près ?

"Non ! Pas du tout", s'est-il exclamé. "Parce que la dernière mort date d'il y a huit ans, et à ce sujet je pense que la F1 est l'un des sports les plus sûrs que nous ayons. Je pense que même le cyclisme est plus dangereux, les motos sont plus dangereuses. Il y a beaucoup de choses plus dangereuses."

"La F1 est dangereuse si l'on n'y est pas avec son esprit, avec 100% de concentration. Alors la F1 peut être dangereuse. Mais nous n'avons que des pilotes professionnels en F1, et à ce jour, tout le monde sait quoi faire, et c'est une question de professionnalisme. Le professionnalisme doit rester en F1, afin qu'il n'y ait aucun risque pour les autres pilotes."

Le sort a voulu que quatre mois et demi plus tard survienne le week-end noir d'Imola. La Formule 1 a changé pour toujours, et en l'absence d'Ayrton Senna, Schumacher est soudain devenu sa plus grande star.

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