Le 200e GP : Stewart triomphe en Principauté

Le Grand Prix de Monaco est la troisième étape de la saison 1971. Le Champion du monde 1969 Jackie Stewart aborde cette manche en position de force, seul pilote à être monté sur le podium lors des deux premières épreuves de l'année. Le pilote Tyrrell reste sur une belle victoire à Montjuïc face à la Ferrari de Jacky Ickx.

L'Automobile Club de Monaco avait la particularité d'imposer une grille limitée à 18 concurrents en Principauté, et les essais revêtaient donc une importance d'autant plus grande pour les 23 engagés. Des essais qui ont mal commencé, marqués par des précipitations le jeudi : Amon signe le meilleur temps en 1'48"8, mais les conditions sont si mauvaises que la séance des F3 est ensuite annulée.  

Craignant (à raison !) que la pluie ne vienne à nouveau perturber les festivités le samedi, les concurrents tirent le maximum de l'heure d'essais qui leur est accordée la veille, cette fois sur piste sèche. Jackie Stewart égale le record du circuit établi par le regretté Jochen Rindt un an plus tôt, en 1'23"2. Sont relégués à plus d'une seconde Jacky Ickx, Jo Siffert (BRM), Chris Amon (Matra), Pedro Rodríguez (BRM), Denny Hulme (McLaren) et Jean-Pierre Beltoise (Matra). Victime d'un problème d'alimentation en essence sur sa Ferrari, Mario Andretti fait les frais de cette grille limitée puisqu'il ne signe que le 20e chrono : ce n'est pas suffisant pour se qualifier.

Pas de course pour Mario Andretti, ici sous la pluie en essais

La piste est sèche au départ de ce Grand Prix disputé le 23 mai, même si certains nuages se font menaçants. Stewart conserve la tête à l'extinction des feux, cette fois devant Siffert et Ickx, tandis qu'Amon accuse d'emblée un demi-tour de retard à cause d'un problème moteur. 

Et dans la deuxième boucle, à la surprise générale, Graham Hill – déjà quintuple vainqueur du Grand Prix de Monaco – accroche le rail à l'intérieur du Bureau de Tabac et démolit sa Brabham contre le mur extérieur. 

Déjà vainqueur en Principauté en 1966, Stewart ne tarde pas à creuser l'écart, enchaînant les meilleurs tours en course pour, cette fois, améliorer le record du circuit d'une seconde en 1'22"2. Face à cette démonstration, toute l'attention se porte vers la lutte pour la deuxième place. Troisième derrière Siffert, Ickx commence à perdre du terrain, victime d'une barre anti-roulis arrière en piètre état. 

Pendant ce temps, un Ronnie Peterson en grande forme fait le spectacle. Huitième sur la grille de départ, le pilote March s'est hissé au cinquième rang dès le premier tour et met désormais la pression à Rodríguez. Ce dernier fait un gros plat sur son pneu dans un freinage extrêmement tardif à l'épingle du Gazomètre (qui va être redessinée pour l'édition 1973, transformée en deux virages, La Rascasse et Antony Noghès ; le S de la Piscine va également faire son apparition). Rodríguez doit rentrer au stand, laissant Peterson poursuivre sa marche en avant.

Malchanceux, Chris Amon se fait prendre un tour par Jackie Stewart

Alors que Stewart mène confortablement devant Siffert, Ickx, Peterson, Hulme et Beltoise, la bataille fait rage pour une septième place qui ne permet pourtant pas de marquer de points : Wisell, Pescarolo, Regazzoni, Stommelen, Fittipaldi, Surtees et Gethin sont regroupés ! Un pépin de boîte de vitesses fait perdre quatre places au Français dans le tunnel, et Regazzoni s'attaque à Wisell, mais le pilote Lotus semble manquer un rapport et le Suisse tente de l'esquiver, mais percute le trottoir ; les deux hommes sont contraints à l'abandon, leurs monoplaces passablement endommagées sans que l'on sache avec certitude s'il y a eu accrochage.  

Quant à Peterson, il se défait promptement d'Ickx au 30e des 80 tours et de Siffert au passage suivant, mais à ce stade, il est déjà à 17 secondes de Stewart et ne parviendra jamais à réduire l'écart. Le reste de la course sera effectivement une procession avec deux événements à retenir seulement : la sortie de piste de Beltoise à la chicane, permettant à Emerson Fittipaldi de s'emparer de la sixième place, et la perte de pression d'huile subie par Siffert, qui occupait le troisième rang. Jacky Ickx hérite ainsi du podium aux côtés de Peterson et d'un Stewart intouchable et exalté. Étreint par son épouse Helen, l'Écossais remportera six des 11 Grands Prix de l'année et son deuxième titre mondial.

 Grand Prix de Monaco 1971

Pos	Pilote	Voiture/Moteur	Tours	Écart/Cause
1	Jackie Stewart	Tyrrell/Ford	80	1:52'21.3
2	Ronnie Peterson	March/Ford	80	25.6
3	Jacky Ickx	Ferrari	80	53.3
4	Denny Hulme	McLaren/Ford	80	1'06.7
5	Emerson Fittipaldi	Lotus/Ford	79	1 tour
6	Rolf Stommelen	Surtees/Ford	79	1 tour
7	John Surtees	Surtees/Ford	79	1 tour
8	Henri Pescarolo	March/Ford	77	3 tours
9	Pedro Rodríguez	BRM	76	4 tours
10	Tim Schenken	Brabham/Ford	76	4 tours
Ab	Jo Siffert	BRM	58	Conduite d'huile
Ab	Jean-Pierre Beltoise	Matra	47	Différentiel
Ab	Chris Amon	Matra	45	Différentiel
Ab	Clay Regazzoni	Ferrari	24	Accident
Ab	Peter Gethin	McLaren/Ford	22	Accident
Ab	Reine Wisell	Lotus/Ford	21	Roulement
Ab	François Cevert	Tyrrell/Ford	5	Accident
Ab	Graham Hill	Brabham/Ford	1	Accident

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