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Mythes et réalités des Flèches d'Argent de Mercedes

Mercedes est revenu à une livrée entièrement noire cette saison, dans le cadre d'un effort exceptionnel de réduction de poids. Mais ce n'est pas la première fois au cours de sa riche histoire en Grand Prix que le constructeur allemand doit enlever de la peinture dans ce même but, comme le révèle un examen plus approfondi de l'histoire originelle des "Flèches d'Argent".

Rudolf Caracciola, Mercedes-Benz W25, devant Luigi Fagioli, Mercedes-Benz W25 et Hans Stuck, Auto Union A-typ

Rudolf Caracciola, Mercedes-Benz W25, devant Luigi Fagioli, Mercedes-Benz W25 et Hans Stuck, Auto Union A-typ

LAT Images

Le noir est à la mode ! Les livrées de F1 2023 ne s'annoncent pas mémorables, c'est le moins que l'on puisse dire. Le nom de la MCL60 rend hommage à la fondation de l'écurie McLaren il y a soixante ans, mais sa dernière création n'y fait pas honneur avec autant de fibre de carbone brute que de couleur papaye. 

Mercedes est allé encore plus loin. Le constructeur octuple Champion du monde a pour mission de renouer avec le succès face à Red Bull et Ferrari, avec une W14 qui se doit d'éradiquer la traînée et le marsouinage excessifs ayant tant ralenti la W13 en 2022, pour le retour de l'effet de sol en F1. Cependant, le principal point de discussion lors de la présentation Mercedes était le retour du noir sur les Flèches d'Argent. 

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La principale raison pour laquelle l'emblématique livrée argentée a été abandonnée est le poids. Bien que la FIA ait renoncé à abaisser le poids minimal de deux kilos pour 2023, les écuries sont loin d'atteindre les 798 kg confortablement. En conséquence, les départements commercial et marketing ont perdu le débat sans appel face aux ingénieurs. Peu importe l'envie de satisfaire les sponsors à la télévision, aucun poids superflu n'est acceptable. 

Mercedes a donc renoncé à sa livrée argentée et renoué avec la robe noire qui ornait ses voitures lors des saisons 2020 et 2021. Si l'on regarde de près, bien que les surfaces au-dessus du Halo et autour de l'arceau soient peintes, la fibre de carbone est brute sur les pontons. 

"Nous étions en surpoids l'an dernier", a expliqué le directeur d'équipe Toto Wolff. "Cette année, nous avons essayé de comprendre où nous pouvions trouver le moindre gramme à enlever. Alors l'histoire se répète. Vous verrez que la voiture a des pièces en fibre de carbone brute, avec d'autres qui sont peintes en noir mat." 

Jochen Mass, W25

Jochen Mass, Mercedes W25

Cela tombe bien, cette mesure reproduit l'histoire de Mercedes, près de 90 ans plus tard, ce que la marque ne manque pas de souligner. D'après les archives, Mercedes avait dévoilé sa nouvelle W25 auprès d'Adolf Hitler en janvier 1934, et celle-ci arborait le blanc, la couleur nationale de l'Allemagne en sport auto. Mais pour les débuts de la voiture en compétition (retardés par un problème de carburant à l'AVUS fin mai) au Nürburgring en juin, les trois W25 dépassaient la nouvelle limite de poids maximal de 750 kg à un kilo près. 

Il est quasiment certain que cela a mené le directeur d'équipe Alfred Neubauer et le pilote Manfred von Brauchitsch à enlever la peinture au plomb afin de passer sous la limite. Quand Von Brauchitsch a triomphé, le surnom de Flèche d'Argent est né – du moins, c'est ce que dit la légende. 

Cependant, prendre ce récit comme parole d'évangile est un peu trop révisionniste. N'oublions pas que deux mois après la présentation de la W25 blanche au gouvernement nazi mais trois mois avant sa course sans peinture dans l'Eifel, Auto Union a dévoilé sa Type A. Cette dernière était surtout connue pour son moteur central V16 4,4l, mais elle aussi a arboré l'aluminium brut à la teinte argentée – y compris pour la course de l'AVUS, où les Mercedes n'ont pu prendre le départ. 

Il y a d'autres raisons de se méfier quant aux origines des "Flèches d'Argent", surnom apparu en 1958 dans les mémoires de Neubauer intitulés "Speed Was My Life". Avant leur publication, peu d'informations existaient sur la manière dont la peinture a été enlevée des monoplaces. De plus, beaucoup estiment que Neubauer avait tendance à embellir son autobiographie si une anecdote était croustillante. 

Par ailleurs, s'il était bienvenu que les W25 respectent la nouvelle réglementation de poids pour 1934, conçue pour interdire les gros moteurs qui permettaient aux vitesses d'augmenter à un rythme alarmant, la limite de 750 kg n'a pas été imposée pour le Nürburgring. Afin d'avoir plus d'engagés en attirant les écuries qui peinaient à atteindre cet objectif, l'AVUS et l'Eifelrennen ont suivi la réglementation Formula Libre. Sans les intentions louables de Neubauer, les Mercedes n'avaient pas encore besoin de devenir les Flèches d'Argent. 

Philippe Casse, Auto Union Type A 1934

Philippe Casse, Auto Union Type A 1934

Surtout, peut-être que ce surnom avait déjà deux ans de retard, et ce n'est pas un hasard que Von Brauchitsch ait joué un rôle majeur dans ce scénario : il avait une sacrée source d'inspiration. Avant que le gouvernement ne finance Auto Union et Mercedes, l'Allemagne manquait d'écuries d'usine. Von Brauchitsch a donc pris la Mercedes SSKL détenue par son cousin Hans von Zimmermann et s'est associé à Neubauer. Avec l'argent de ce dernier, ils ont développé une carrosserie à la ligne élancée afin que cette voiture conçue en 1927 puisse rester compétitive. 

Les Mercedes de l'époque étaient surnommées les Éléphants blancs en raison de leur couleur et de leur taille, permettant d'accueillir un moteur V6 suralimenté de 7000cc. Mais la SSKL pilotée par Von Brauchitsch, avec sa carrosserie volumineuse mais lisse, était plutôt connue comme le "cornichon" ou le "concombre". Elle n'était pas canon. Mais avec une vitesse de pointe avoisinant les 230 km/h, elle était efficace et s'est imposée en 1932, dépassant l'Alfa Romeo de Rudolf Caracciola dans le dernier tour. 

Il a été rapporté que le temps manquait pour construire la SSKL et qu'il n'a pas été possible de peindre la voiture pour la course, d'où le fait qu'elle ait couru avec cette couleur métallique. Par conséquent, à l'occasion de la toute première course commentée à la radio, une création de Mercedes a été surnommée "Flèche d'Argent" pour ce qui est considéré comme étant la première fois. 

Près de 90 ans plus tard, c'est le poids plutôt que le manque de temps qui cause l'absence de peinture dans de grandes zones de la W14. Le parallèle est évident avec la W11 et la W12, qui arboraient une livrée noire (entièrement peinte) en réaction au meurtre de George Floyd et pour promouvoir le mouvement Black Lives Matter. Si les superstitieux croient que le destin voulait que la W13 de 2022 soit délicate, alors revenir à la robe noire avec laquelle Mercedes dominait est sûrement de bon augure pour cette année. 

Mercedes affirme par ailleurs que la W14 est noire en référence à la Sauber C12 de 1993. Bien qu'elle ait été propulsée par un V10 3,5l construit par Ilmor, cette monoplace arborait un sticker "Concept by Mercedes" en raison du partenariat Mercedes/Sauber qui avait du succès en Endurance. Que la monoplace 2023 revienne au noir trente ans plus tard est, n'en doutons pas, une heureuse coïncidence plutôt qu'un hommage planifié à la C12 – voiture entièrement peinte qui a permis à Sauber de marquer 12 points pour ses débuts en F1.  

La Sauber C23 à moteur Mercedes de J J Letho.

La Sauber C23 à moteur Mercedes de JJ Letho

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