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Les obstacles surmontés dans l'irrésistible ascension de Verstappen

Max Verstappen a transcendé le karting et la Formule 3 grâce au soutien indéfectible de son père Jos. Malgré l'évident talent du futur Champion du monde, qui lui a valu un volant en Formule 1 dès 2015 après une seule année en monoplace, il n'a pas été facile pour lui d'arriver jusque-là.

Max Verstappen, Van Amersfoort Racing, Dallara F312 Volkswagen

Photo de: LAT Images

Septembre 2013. Pembrey. La pluie galloise ne faiblit pas alors qu'un jeune Belgo-Néerlandais, qui va sur ses 16 ans, se prépare à prendre la piste pour la toute première fois dans une monoplace. À l'exception de son père, ses seuls spectateurs sont les moutons trempés des champs environnants. Cela vaut-il le risque ?

"Il ne voulait pas le laisser prendre la piste, mais je lui ai dit d'y aller", relate Tony Show qui, aux côtés de son épouse Sarah, gérait la moitié "Manor" de l'écurie Manor MP Motorsport en Formule Renault 2.0, avec laquelle la star du karting Max Verstappen allait découvrir la monoplace. "Il", c'est la légende néerlandaise Jos Verstappen, qui a dédié sa vie à la carrière de son fils, convaincu qu'il allait être une star en Formule 1 également.

Douze ans plus tôt, ingénieur au sein de l'incarnation précédente de Manor, Shaw avait contribué aux premiers essais d'une autre sensation du karting, également en Formule Renault 2.0 : un certain Lewis Hamilton.

"Il n'y a pas beaucoup de pilotes de karting de premier rang que l'on voit débuter en monoplace comme eux", poursuit Shaw. "Lewis a roulé à Mallory Park ; je dois dire qu'il attaquait fort, et il l'a crashée ! Mais il s'est facilement adapté, et Max aussi. Sarah et moi étions à Pembrey à côté de Jos. Max a fait son tour de sortie des stands, et au passage suivant, on s'est dit : 'Putain, c'est incroyable !' On a dû se tourner vers Jos et lui demander si c'était vraiment la première fois de Max dans une monoplace. Jos était vraiment nerveux, il faisait les cent pas, ce qui est inattendu de la part de Jos Verstappen."

Nerveux, c'est peu dire. En 2016, George Russell, ancien coéquipier de Max Verstappen en karting, rapportait : "Jos était dur avec lui – il n'acceptait pas la deuxième place ! On se disait 'ça alors, c'est un peu sévère', mais c'est en grande partie grâce à ça qu'il est devenu le pilote qu'il est à ce jour."

La science de la course de Verstappen, qui allait être admirée en F1, existait déjà. Russell se remémorait une épreuve dans la catégorie KF2 en 2013 : "Il était très agressif, il ne fallait jamais le faire chier. Je ne dirais pas qu'il était incroyablement rapide pour la pole – à vrai dire, ça ne change pas grand-chose en karting – mais il gagnait la plupart du temps. Il était vraiment bon sous la pluie. Je me rappelle, à Sarno, il menait, j'étais deuxième et Esteban Ocon était troisième. Il est parti en tête-à-queue parce qu'il attaquait trop et il est quand même remonté à la deuxième place : on savait toujours qu'il était vraiment à la limite."

Max Verstappen's first outing in a racing car came at a soggy Pembrey in 2013 and his talent was immediately clear

Max Verstappen a fait ses premiers tours de tour en monoplace sous la pluie de Pembrey en 2013, et son talent était évident d'emblée

Avec une mère, Sophie Kumpen, qui était également une excellente pilote de karting, il était inévitable que Verstappen veuille courir. Ses parents étaient réticents, mais alors que Max avait 4 ans et que Jos était en déplacement sur un Grand Prix, Kumpen a commis l'erreur de l'emmener à la piste de karting de Genk avec la famille Pex. Richard Pex était l'ami de Jos depuis leurs années karting, et son fils cadet, Stan, enchaînait les tours sur un kart CRG Puffo, à 3 ans seulement.

"Max n'avait pas le droit de rouler, mais il avait un an de plus que Stan et il commençait à s'énerver !", se souvient Richard Pex. "Jos avait dit qu'il devrait attendre d'avoir 6 ou 7 ans. La mère de Max a appelé Jos et a dit que Max voulait vraiment rouler, alors il a répondu 'OK, laisse-le faire quelques tours'. Jos avait perdu…"

Le fils aîné de la famille Pex, Jorrit, avait quatre ans de plus que Max, et ils allaient beaucoup rouler ensemble, ce qui jouerait un rôle crucial dans la progression de Max en tant que pilote. Jos, quant à lui, allait préparer les moteurs utilisés avec succès par son fils et les Pex. Jos et Sophie se sont séparés, et si Max vivait avec sa mère, le karting – comme pour Lewis Hamilton et Jenson Button dans des situations différentes – allait permettre au père et au fils de nouer des liens. Les Verstappen partaient en vacances avec les Pex et voyageaient dans toute l'Europe pour les courses.

"Jos avait déjà investi tant d'argent dans la carrière de Max en karting qu'il n'en avait quasiment plus. Raymond avait de l'argent mais ne voulait pas investir. J'essayais de parler à des sponsors potentiels, mais ils ont dit non. Nous n'arrivions à rien trouver" Frits van Amersfoort

"J'ai fait environ 400 000 kilomètres dans un van Mercedes, avec Max qui dormait à l'arrière ; c'était du boulot, mais de très bons moments !", s'exclame Jos. "C'était normal pour Max de faire ça, c'était nécessaire pour lui. Il le demandait lui-même. Il avait 4 ans et demi et à cet âge, ce qu'on fait, c'est juste aller au circuit, démarrer le moteur et faire des tours. Mais on voit à partir de l'âge de 6 ans qu'ils commencent à développer des compétences de pilotage. Max était toujours le pilote le plus rapide en piste, il tenait le rythme de pilotes qui avaient trois ou quatre ans de plus que lui."

Après le test avec Manor MP en 2013, Verstappen a fait des essais chez KTR à Hockenheim et à Barcelone, ainsi qu'avec Josef Kaufmann Racing à Spa-Francorchamps, sans oublier un nouveau test chez Manor MP à Jerez. Il a ainsi convaincu tout le monde de son talent.

"En tant qu'équipe, nous mourions d'envie de l'avoir pour 2014", confie Shaw. "Nous nous pliions en quatre pour l'avoir dans la voiture. Il était réceptif, c'était très facile de travailler avec ce gamin. Mais ils estimaient qu'il n'avait pas besoin d'aller en Formule Renault – le problème est que l'on pouvait s'y perdre si l'on n'était pas dans la bonne écurie. Cela pouvait dépendre simplement de se procurer les bons moteurs."

Les Verstappen se sont donc rendus à Valence pour des essais avec Motopark, écurie allemande de premier plan en Formule 3. Tandis que le championnat de F3 Europe adoptait une nouvelle formule moteur pour 2014, la compétition allemande conservait l'ancien matériel. Les performances de Max avec Motopark étaient époustouflantes. Le talent de Max montrait clairement qu'une année en F3 Europe serait préférable, et c'est là que Van Amersfoort Racing a fait son retour dans l'histoire des Verstappen.

Jos Verstappen had an integral part in steering the career of his son

Jos Verstappen a joué un rôle majeur dans la carrière de son fils

Avec VAR, Jos avait remporté la Formule Opel Lotus Benelux 1992 dès sa première saison en monoplace, sous l'aile de l'ancien pilote de F1 Huub Rothengatter, ami de longue date du directeur d'équipe Frits van Amersfoort. Rothengatter, qui souffrait de problèmes d'audition, a accueilli Raymond Vermeulen à ses côtés dans les années 1990 pour gérer la carrière de Jos et allait jouer un rôle crucial dans l'accord de Max avec VAR.

"Jos avait déjà investi tant d'argent dans la carrière de Max en karting qu'il n'en avait quasiment plus", explique Van Amersfoort. "Raymond avait de l'argent mais ne voulait pas investir. J'essayais de parler à des sponsors potentiels, mais ils ont dit non. Nous n'arrivions à rien trouver. Nous n'avions pas d'argent pour acheter une voiture à Max, et pour la saison, n'en parlons pas. Huub a dit : 'Et puis merde, si personne ne le fait, j'achèterai la voiture et je payerai la première partie de la saison'."

En parallèle, les Verstappen se sont rendus aux États-Unis en janvier pour le Florida Winter Series. Ce championnat utilisant les désormais obsolètes Formula Abarth était une nouvelle initiative de la Ferrari Driver Academy, dont le très riche jeune loup canadien Lance Stroll s'apprêtait à faire ses débuts en monoplace dans le nouveau championnat de F4 Italie – pour lequel la FDA a également joué un rôle majeur – avec Prema Powerteam. Quatre meetings de FWS ont eu lieu ; dans les faits, il s'agissait de rendez-vous privés gérés par Prema et son personnel. Parmi les autres pilotes, on retrouvait des membres de la FDA tels Raffaele Marciello et Antonio Fuoco, ainsi que Nicholas Latifi.

L'une des clés du succès de Prema lors de la décennie passée est l'entreprise de coaching et de management Winway fondée par deux anciens pilotes, Nuno Pinto et Pieter Belmans. Pinto assurait le coaching en Floride et travaille encore avec Stroll en F1 à ce jour.

"Nous avons fait un petit test à Homestead, et en sortant des stands, Max a percuté Fuoco, qui était arrêté au feu rouge !", s'esclaffe Pinto. "Il a dit qu'il regardait son tableau de bord." Verstappen n'a pas pu rouler, ce qui a rendu sa performance en essais pour la manche d'ouverture à Sebring encore plus remarquable.

"C'est un circuit très difficile, et il pleuvait", poursuit Pinto. "Il était plusieurs secondes plus rapide que son dauphin. Dans le dernier virage, il était complètement en travers, et à la radio je leur ai demandé de le rappeler au stand parce qu'il prenait trop de risques. Max m'a regardé et a dit : 'Non, tout est sous contrôle'. J'ai répondu : 'Mec, je t'ai vu contre-braquer, complètement en travers'. Il a rétorqué : 'Mon approche depuis le début, c'est d'attaquer autant que possible afin de trouver la limite'. Il n'y a jamais eu d'accident…"

The young Verstappen was adept at gearbox assembly in the Florida Winter Series

Le jeune Verstappen était habile au montage des boîtes de vitesses en Florida Winter Series

Ça, c'était avant les courses, et Pinto a une explication intéressante : "Il n'avait pas les mêmes limites que les autres pilotes. Il arrivait au point de freinage et tout le monde freinait plus tôt. Il a aussi eu beaucoup d'accrochages avec Fuoco car, depuis le karting, ils ne se laissaient pas le moindre centimètre."

Verstappen a remporté deux des 12 courses, et Pinto a trouvé que "Jos avait de l'influence et donnait toujours des conseils, mais il laissait Max travailler beaucoup avec nous. Il nous a vraiment donné [à Pinto et à Luca Baldisserri, directeur de la FDA, ndlr] l'opportunité de lui enseigner des choses. Nous avons aussi donné des cours – ils devaient démonter une boîte de vitesses et la remonter – et il était super bon dans ce domaine."

"Il y avait beaucoup de problèmes entre nous et en particulier Jos. C'était vraiment désespéré, et il voulait partir." Frits van Amersfoort

Pinto, Baldisserri et Prema ont même envisagé d'intégrer Verstappen à la FDA et au line-up Prema en F3 pour la saison 2014. Cependant, Fuoco et Ocon (protégé de Lotus, qui allait remporter le titre) étaient déjà engagés, et il a été décidé que "le risque qu'il y ait trop de rivalité entre eux" représentait un trop grand danger.

Chez VAR, la saison a bien commencé. Verstappen a gagné lors du deuxième meeting à Hockenheim, mais des difficultés se présentaient. "Huub, Jos et Raymond se sont engueulés", révèle Van Amersfoort. "C'étaient trois hommes mûrs qui se faisaient la guerre pour savoir quel pourcentage des revenus de Max ils auraient."

Après le quatrième meeting au Hungaroring, où Verstappen a connu un week-end difficile, il y avait un véritable risque de scission dans le camp néerlandais. VAR l'a ensuite emmené faire des essais à Monza avec une configuration à faible appui, et le jeune loup a réagi en remportant les six courses suivantes : trois à Spa-Francorchamps, trois autres au Norisring.

"Il y avait beaucoup de problèmes entre nous et en particulier Jos", se remémore Van Amersfoort. "C'était vraiment désespéré, et il voulait partir. Mais nous avons fait deux jours d'essais privés à Monza, et la chance que nous avons eue, c'est que Jos était parti à son mariage à Curaçao ! Nous avions Max en tête-à-tête, et ces deux journées se sont vraiment bien passées. Ça a plus ou moins été notre déclic, et nous avons retrouvé une relation au beau fixe."

Verstappen's graduation from karting direct to F3 in 2014 raised eyebrows, but he immediately impressed

Le passage du karting à la F3 par Verstappen a fait sourciller, mais il a immédiatement impressionné

Mercedes et Red Bull commençaient alors à fureter. Début août 2014, Jos Verstappen a même fait une révélation à Motorsport.com, laissant présager que Max allait signer chez Toro Rosso dès 2015 : "Le train [de la F1] ne passe qu'une fois. Je pense qu'il est bon pour Max de le lancer dans le grand bain et de le laisser se débrouiller, il apprend si vite ! L'important est qu'il progresse très bien, et il s'est adapté de manière impressionnante aux problèmes qu'il a eus cette année. Il est très mûr, avec de très bons dépassements ; il maîtrise la situation."

"Je ne veux pas bluffer, d'autant que ce monde est si petit que je sais que [Red Bull et Mercedes] se parlent même entre eux ! J'ai un bon pressentiment avec les deux parties, mais l'important, c'est ce qui est le mieux pour Max. J'en ai du mal à dormir la nuit, j'ai très peur de me tromper."

Le mérite revient à Max Verstappen. Son ascension vers la F1 n'a rien changé à son comportement dans le paddock de la F3. Il est resté populaire et amical avec les autres pilotes et les médias, même en devant consacrer une partie de son attention à son roulage dans l'élite avec Toro Rosso : un premier test à Adria, puis des Essais Libres 1 au Japon, aux États-Unis et au Brésil.

Sa carrière en F3 s'est achevée au Grand Prix de Macao. Il n'avait pas besoin de le remporter – il avait déjà signé son contrat en F1, après tout – mais était déterminé à le faire. "En qualifications, Max était lent, et il y a eu une dispute [sur les réglages] entre Rik [Vernooij, ingénieur VAR] et Jos", relate Frits van Amersfoort. "Rik a insisté, mais Max a insisté à la radio pour laisser la voiture telle quelle, et il s'est finalement qualifié troisième."

Les livres d'histoire montreront que Verstappen a percuté le rail lors de la course qualificative alors qu'il était deuxième devant celui qui allait remporter le Grand Prix, Felix Rosenqvist – Grand Prix lors duquel il est remonté de la 24e à la septième place.

Pour ses débuts en Formule 1 avec Toro Rosso en 2015, Verstappen était associé à Carlos Sainz, encore un fils d'une légende nationale. Leur relation était compliquée, mais Verstappen a marqué des points pour sa deuxième course, septième après s'être qualifié à une superbe sixième place.

Ocon won the 2014 F3 Euroseries title, but it was Verstappen who graduated directly to F1 for 2015

Ocon a remporté le titre 2014 de F3 Euro Series, mais c'est Verstappen qui est passé en F1 dès 2015

Son meilleur résultat était une quatrième place en Hongrie et aux États-Unis. Toro Rosso est ensuite passé des moteurs Renault aux groupes propulseurs Ferrari, et 2016 a commencé par une cinquième place sur la grille en Australie. Daniil Kvyat n'étant pas suffisamment performant chez Red Bull Racing, Verstappen y a été propulsé aux côtés de Daniel Ricciardo pour le Grand Prix d'Espagne. Le reste n'est qu'histoire.

"Pour toute notre équipe, Max était très gratifiant", a commenté Xevi Pujolar, ingénieur de course chez Toro Rosso, dans un récent entretien avec la Gazzetta dello Sport. "Il nous motivait, et même si nous devions travailler dur, nous avons pris beaucoup de plaisir. Le personnel dans le garage a vécu la relation avec ce garçon avec une grande intensité et autant de satisfaction. Dès le début, nous avons pensé qu'il allait rejoindre Red Bull rapidement, et qu'il allait remporter le championnat du monde tôt ou tard."

"J'ai déjeuné en Hongrie avec Jos et Raymond l'an dernier", ajoute Pinto, "et nous évoquions en riant comme le temps avait passé depuis le Florida Winter Series. Max reste super sympa, il est le même depuis toujours. Je le vois piloter de la même manière, il a toujours gardé la même approche : l'attaque maximale et une immense combativité. Il a gagné en maturité, je le vois maintenant concéder des positions. C'est une grande partie de l'apprentissage."

Verstappen made his F1 test bow at the end of 2014, just one year after he'd sampled a racing car for the very first time

Verstappen a fait son premier test en F1 fin 2014, un an seulement après ses tout premiers essais en monoplace

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