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Philippe Streiff, l'unique podium F1 au goût amer

Le 3 novembre 1985, lors de l'ultime manche de la saison, Philippe Streiff signe son seul et unique podium en F1 dans une fin de course où il a bien failli coûter très cher à l'écurie Ligier.

Philippe Streiff, Ligier JS25 Renault

Photo de: LAT Images

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Après avoir eu l'occasion de prendre le départ d'un Grand Prix en 1984, au Portugal, grâce à Renault, Philippe Streiff n'accède pas immédiatement à la Formule 1 mais se voit finalement donnée l'opportunité de terminer la saison suivante au volant de la Ligier JS25. En effet, Guy Ligier et son directeur sportif Gérard Larrousse, excédés par les multiples incidents dont Andrea de Cesaris a été victime (dont la fameuse série de tonneaux du Grand Prix d'Autriche à Zeltweg), ont décidé de le remercier.

"Larrousse m'avait dit [fin 1984] 'moi je vais chez Ligier, mais je garde un œil sur toi car De Cesaris, l'un des deux titulaires, a mauvaise réputation, au premier faux pas, je te prends. Et c'est ce qui s'est passé", avait relaté Streiff pour Classic Courses en 2014. "À Zeltweg, De Cesaris, rentre au stand en disant qu'il avait fait un tête-à-queue. En fait il avait fait un tonneau par l'avant ! Encore une voiture détruite. Larrousse n'en pouvait plus. Il m'appelle."

On te fait remplacer De Cesaris pour ne pas casser de voiture, finis tes Grands Prix.

Guy Ligier à Philippe Streiff

Puis il a ajouté : "Ligier me dit 'on te fait remplacer De Cesaris pour ne pas casser de voiture, finis tes Grands Prix'. Larrousse me dit la même chose. J'ai eu de la chance mais j'ai fini tous mes Grands Prix."

La JS25 n'est pas un modèle de performance pure, et l'exercice des qualifications n'est pas des plus aisés, avec à ce stade de la saison seulement trois départs depuis le top 10 sur la grille. En revanche, en course, la structure française a signé un total de cinq arrivées dans les points dont deux podiums pour Laffite, coup sur coup en Grande-Bretagne et en Allemagne.

À Monza, pour son premier départ à son volant, Streiff se positionne au dix-neuvième rang sur la grille, juste devant Laffite. Il finira dixième. Dix-huitième et cette fois derrière son équipier à Spa, il s'y classera neuvième. En revanche, à Brands Hatch pour le Grand Prix d'Europe, Streiff signe une performance de choix en qualifications, avec une cinquième place synonyme de troisième ligne, la meilleure position de départ pour une Ligier cette saison-là. Alors que la France n'aura d'yeux que pour Alain Prost, qui scellera le premier titre d'un pilote tricolore le lendemain, Streiff ne parviendra pas à faire mieux que huitième, en manque de rythme sur la distance de course.

"L'ambiance chez Ligier était très fraternelle, mais il y avait deux clans : Laffite et Ligier", expliquait Streiff. "[Ligier] ne venait plus sur les circuits mais était davantage pris par les questions politiques qui prévalaient à l'époque, notamment du fait de sa proximité avec [François] Mitterrand [le président de la République française]. Laffite, après dix saisons de F1 dont les deux dernières chez Williams, ne s'intéressait pas à la technique. Je mettais la voiture au point pour nous deux. C'est pour ça que j'étais presque toujours devant lui aux essais. Michel Tétu, le concepteur de la voiture, faisait ses débriefs avec Larrousse et moi. À Brands Hatch, je fais donc cinquième aux essais [qualificatifs] tandis que Laffite est 12e [dixième en réalité]."

Après la parenthèse du GP d'Afrique du Sud, où Ligier ne se rend pas dans le cadre d'un boycott des écuries françaises décidé pour protester contre l'apartheid, mais que Streiff courra tout de même sur une Tyrrell motorisée par Renault (c'est à cette occasion qu'il nouera des contacts décisifs avec l'encadrement de l'écurie britannique en vue des deux saisons suivantes), arrive l'ultime manche de cette campagne, le tout premier GP d'Australie, organisé à Adélaïde.

Jeu de massacre à Adélaïde

Streiff (Ligier #25) devant Laffite (Ligier #26) au cœur du peloton au départ du GP d'Australie 1985.

Streiff (Ligier #25) devant Laffite (Ligier #26) au cœur du peloton au départ du GP d'Australie 1985.

Streiff y retrouve donc la Ligier et se hisse au dix-huitième rang sur 25 partants, deux places devant son vétéran d'équipier. Sur le spectaculaire mais exigeant tracé (notamment pour les freins et les moteurs), l'épreuve va vite tourner au jeu de massacre : ils ne seront que huit classés au terme de plus de deux heures d'une course haletante, principalement animée par un Ayrton Senna offensif qui sortira Nigel Mansell dès le premier tour, avant de percuter Keke Rosberg, avec qui il se battait pour la tête de course, au moment où ce dernier plongera vers les stands.

Finalement un problème moteur douchera les espoirs du Brésilien au 62e tour. C'est le dernier abandon de la course mais celui-ci, couplé au retrait de Michele Alboreto, malheureux dauphin de Prost au championnat, vient d'offrir sur un plateau un inespéré double podium aux Ligier, Laffite étant second et Streiff troisième à 20 tours du but.

Rosberg ayant plus d'une minute d'avance sur Laffite et s'autorisant un dernier arrêt pour assurer le coup, il va désormais gérer en acceptant sans mal de perdre des poignées de secondes. Le vainqueur de GP français va lui aussi commencer à gérer sa mécanique, alors que la consommation d'essence inquiète. Avec son allié Streiff derrière lui et avec, en sus, une trentaine de secondes d'avance, il pense que tout est acquis.

Mais en réalité, Streiff attaque et l'écart se met à fondre comme neige au soleil : ayant a priori mal interprété ou compris le panneautage du muret des stands Ligier, il se pense second et ne réalise pas que Laffite le précède au classement. Dans les ultimes boucles, Streiff fait la jonction avec Laffite et veut l'attaquer. Ce dernier agite les bras frénétiquement dès qu'il le peut pour faire signe à Streiff de maintenir sa position. S'il voit bien que son ainé veut lui signifier quelque chose, il expliquera par la suite avoir justement cru que Laffite lui faisait signe de passer. Toutefois, il s'emploie bien à fermer toutes les portes.

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Arrive alors l'impensable : alors que Rosberg vient d'entamer le 82e et dernier tour de l'épreuve, Streiff s'énerve face aux blocages de son équipier et tente un dépassement d'un peu trop loin au bout de la pleine charge de Brabham Straight, alors que Laffite resserre sa trajectoire pour tourner. La manoeuvre échoue et provoque un rude contact entre les monoplaces ; par chance, Laffite peut continuer sans trop de problèmes mais Streiff a plié son demi-train avant gauche.

Désormais sur trois roues, Streiff va poursuivre sa route comme il le peut et entamer le dernier tour. Ivan Capelli étant déjà à un tour du leader, il ne pourra plus revenir, le podium est assuré mais dans quelles conditions... Le Français passe finalement bien la ligne d'arrivée 1 minute et 28 secondes après Rosberg et avec une roue presque entièrement détachée. Il immobilise ensuite la JS25 sur la piste dans le tour "d'honneur" pour en sortir et rallier les stands, casque vissé sur la tête et avec une démarche penaude.

Laffite ne manque pas d'afficher sa colère face à son cadet après la course mais sans toutefois d'excès. Gérard Larrousse parlera de son côté de "panne intellectuelle". À quel point cet incident a-t-il pesé dans la décision de ne pas faire confiance à Streiff pour la saison 1986 du côté de Guy Ligier ? Difficile à dire : certes, Adélaïde n'a pas été de nature à plaider en sa faveur, mais Streiff était prévenu depuis longtemps que René Arnoux était plutôt dans le viseur de Ligier. "Je savais que pour 1986, malgré le fait qu'il m'avait dit vouloir me conserver dans l'équipe, Ligier lorgnait sur Arnoux qui s'était fait virer de chez Ferrari en début de saison pour des raisons extrasportives. Larrousse m'avait mis en garde", déclarait Streiff en 2014.

Streiff s'engagera finalement avec Tyrrell pour les saisons 1986 et 1987 avant de rejoindre AGS en 1988.

Laffite, Rosberg et Streiff sur le podium du GP d'Australie 1985.

Laffite, Rosberg et Streiff sur le podium du GP d'Australie 1985.

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