Pourquoi ce sont les règles et non les F1 qui déterminent le spectacle
Photo de: XPB Images
La Formule 1 est de nouveau à la recherche d'une âme depuis un GP du Canada qui a déçu les fans. Entre économie de carburant et préservation des freins, cette course à un seul arrêt a été l'une des moins excitantes à Montréal depuis des années. Cela a de nouveau mis en lumière l'impact des nouvelles motorisations efficientes, et ravivé le débat concernant la nouvelle génération de voitures, qui sont loin d'être aussi rapides qu'elles ne l'étaient il y a dix ans.
Mais tandis que les discussions continuent entre les équipes pour finaliser l'arrivée de monoplaces plus larges et plus rapides pour 2017, il y a aussi une vérité à comprendre : ce sont les règles et non les voitures qui produisent les courses les plus excitantes.
Pas de recette miracle
Le coup de pression mis par le Groupe Stratégique pour que les voitures soient 5 secondes plus rapides au tour a pour but de rendre le spectacle plus excitant en 2017. Mais, comme l'explique le directeur technique de Williams, Pat Symonds, rendre les voitures plus rapides n'apportera pas les changements espérés pour le spectacle. Cela signifie que des choses doivent être faites à court terme pour améliorer grandement le spectacle.
"Il y a cette notion qu'un pilote devrait transpirer et être fatigué en sortant de la voiture. Pourquoi?", s'interroge Symonds auprès de Motorsport.com. "Qu'est-ce que cela veut dire? Je ne comprends pas du tout."
"Je crois que ce qui est important est de ne pas avoir des courses qui sont déterminées à l'avance. Ce que je veux dire par-là, c'est savoir exactement comment la course va se dérouler et qui va gagner. C'est ce qui rend la course ennuyeuse."
L'ère des ravitaillements pour exemple
Ce que clame Symonds concernant les stratégies prédéterminées est confirmé par le manque de dépassements qu'il y avait durant l'ère des ravitaillements. C'est pourquoi il s'oppose à leur retour en F1.
"En F1, ces dernières années, la pire période que nous avons connue était celle avec Michael Schumacher chez Ferrari [avec les ravitaillements]", affirme-t-il. "Nous étions tellement intelligents avec nos logiciels ; nous faisions tous la même chose et tous les dépassements se faisaient dans les stands. Une fois que le dernier arrêt au stand était effectué, la course s'arrêtait et tout restait ainsi jusqu'à la fin."
"Mes amis qui ont perdu de l'intérêt pour le sport automobile disaient que c'était pire que jamais à regarder. Et c'était difficile d'argumenter face à eux", ajoute-t-il. "Nous voulons de la bonne course. Nous voulons de la course serrée. Nous voulons de l'imprévisible. La course disputée est issue de règles qui ne sont pas ratées. L'histoire montre et dicte logiquement que nous allons tous arriver à une solution similaire, avec une performance similaire. Les voitures vont être plus proches, et il y aura une meilleure course."
"Vous voulez mélanger un peu les choses? Il y a beaucoup de choses que l'on peut faire. Le tour de qualification unique était assez bon pour nous et cela nous a apporté des courses fabuleuses comme au Japon en 1995, quand il a plu pendant les qualifications. Ce genre de course est formidable et c'est le genre de chose que l'on veut."
Profils variés
Symonds suggère que la clé absolue pour avoir une belle course est d'avoir des voitures qui roulent sur des programmes différents pendant les courses, comme cela est arrivé plus récemment lorsque les pneus Pirelli étaient plus agressifs. Il estime essentiel que les règles sportives créent une telle variété afin que chaque Grand Prix soit imprévisible jusqu'à la fin de la course.
"Ce qui rend une course bonne, c'est quand les profils des voitures sont différents à différents moments de la course", assure-t-il. "Ces choses que nous avons eues durant la période Bridgestone/Michelin."
Le choix des pneus est une idée
Une idée derrière laquelle Symonds se range pleinement est d'introduire plus de variété dans le choix des pneus, afin que les équipes choisissent leurs composés pour la course. Pirelli travaille sur cette idée avec les équipes, mais se montre réticent.
"Je crois que l'idée d'utiliser des pneus différents, d'autoriser un peu les équipes à jouer avec un joker, est une assez bonne idée", explique Symonds. "Cela mélangera un peu les choses. On aura une équipe de milieu de peloton qui dira "Allez, tentons un pari ici". Je suis surpris que Pirelli soit contre cela. Je peux comprendre leur sensibilité mais je crois encore que nous devrions le faire, même s'ils imposent certaines règles comme le fait de ne pas pouvoir choisir les supertendres à Monza. Et encore une fois, c'est une règle sportive et non technique."
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