Prost : "Les équipes B, un vrai danger" pour la F1
Pour Alain Prost, conseiller pour Renault Sport F1, l'arrivée en F1 d'un modèle d'équipe tel que celui de Haas pose des problèmes fondamentaux et constitue un danger pour la discipline reine en général.
Photo de: Glenn Dunbar / Motorsport Images
Même si les équipes satellites ont toujours plus ou moins été une réalité en Formule 1, se matérialisant même parfois par l'octroi à une petite structure de monoplaces complètes, prêtes à rouler, mais bâties par un constructeur à part entière, l'état actuel de la discipline invite à un questionnement.
En effet, se développe de plus en plus, sous l'impulsion de certains modèles d'équipe mais aussi d'une réglementation qui se veut plus prescriptive sur le sujet – en listant les pièces qui peuvent être achetées auprès d'un fournisseur et celles qui doivent être construites par l'équipe –, des partenariats plus poussés que la simple fourniture de moteur ou de boîte de vitesses.
Haas fait évidemment figure de référence dans le domaine. Non pas que la structure de Kannapolis ait été la première à s'en servir, mais elle est arrivée en F1 en 2016, avec comme modèle assumé celui d'un partenariat technique le plus poussé possible avec Ferrari, quitte à ce que les monoplaces de l'équipe soient parfois qualifiées de "Ferrari B", occasionnant donc moins de dépenses tout en offrant un niveau de performance intéressant, suffisant depuis ses débuts pour jouer les points.
Pour Alain Prost, le développement de ce type de modèle représente un risque important pour la discipline dans son ensemble, surtout à l'heure où ses dirigeants tentent d'imposer des limites budgétaires. "La puissance des équipes ayant le plus d'argent, d'expérience et un staff nombreux, rend difficile l'émergence de nouvelles forces. Les petites écuries n'ont plus aucune chance d'être devant et voilà qu'on envisage de créer des équipes B", explique-t-il pour le journal L'Équipe.
"Avec des partenariats techniques poussés, il sera aisé de détourner les plafonds budgétaires qui seront imposés en F1. Il suffira de répartir les coûts de développement sur les différentes équipes. La A, mais aussi la B, voire la C. On va finir avec un championnat à trois ou quatre constructeurs maximum. Et ça c'est mortel. Les derniers teams autonomes serviront encore plus de faire-valoir. On pourra tout imaginer, jusqu'à des courses d'équipe. On se détournera de ce que les gens veulent voir. Il n'y a pas que des fans de Ferrari ou Mercedes, mais aussi des millions qui veulent voir une Force India ou une Haas faire de temps en temps un résultat, parce qu'il y a un pilote sympa, un qui a une personnalité, ou qui vient d'un pays qui génère un fort suivi."
"Les équipes B, c'est un vrai danger. Avec les accords Concorde, signés en 1997, lorsque j'ai racheté Ligier et créé mon écurie, je devais aller très vite dans la construction de mon usine, afin de pouvoir être considéré comme constructeur et ainsi toucher les droits commerciaux", se souvient le "Professeur". "Aujourd'hui, avec l'idée des équipes B, vous pourriez vous contenter d'un atelier avec 80 personnes. Ça suffirait. Et nous, Renault, on aurait 1 000 personnes... Ça, ce n'est pas possible. Il faut au contraire recréer un équilibre entre les équipes."
Force India, le contre-exemple
Au-delà de la simple logique comptable, le risque est aussi de laisser se développer des structures n'ayant qu'un savoir-faire limité, ce qui peut, à terme, entraîner leur disparition totale, faute d'intérêt pour d'éventuels acheteurs - tout le contraire de Force India aujourd'hui. "Depuis l'émergence du modèle Haas, on voit la dérive. Si on continue dans ce sens, certains vont s'engouffrer encore plus profondément dans les brèches du règlement. Des équipes comme Williams sont, elles, dans l'esprit. Ce sont de vrais constructeurs. On leur fournit moteur, boîte et des éléments de suspension mais, pour le reste, ils construisent leur voiture et assument seuls le développement aéro."
"Avec une réelle équipe B, vous ne construirez plus la voiture, vous toucherez quand même les droits commerciaux. Effet pervers, un tel team n'aura plus aucune valorisation. Contre-exemple parfait avec Force India. Voilà une vraie équipe, avec de l'expérience, de la compétence. Ils sont dans le coup. Au moment de sa reprise, on a vu qu'elle avait de la valeur. Si vous êtes juste une équipe satellite – je ne citerai pas de nom –, vous êtes totalement dépendant de votre écurie mère."
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