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Rétro 1982 - La Williams-Ford FW08B à 6 roues

C’est en ce jour de 1981 que l’Australien Alan Jones remportait sa dernière victoire en Formule 1 à Las Vegas. Quelques jours plus tard, il déverminait une drôle de Williams munie de six roues.

Alan Jones, Williams FW07D à 6 roues
Frank Williams, Frank Dernie et Patrick Head
Schéma de la Williams FW08B à six roues
Alan Jones, Williams FW07D à 6 roues
Alan Jones, Williams FW07D à 6 roues
Frank Dernie
Keke Rosberg, Williams FW08B à 6 roues
Keke Rosberg, Williams FW08B à 6 roues
Williams FW08B (6 roues) et FW08C (4 roues)
Williams FW08B
Williams FW08B (6 roues) et FW08C (4 roues)
Williams FW08B (6 roues) et FW08C (4 roues)
Keke Rosberg, Williams

Tous les passionnés de Formule 1 connaissent bien la fameuse et célèbre Tyrrell P34 à six roues. Mais peu sont au courant que Williams a aussi produit une monoplace à six roues qui, contrairement à la Tyrrell, était dotée de quatre roues arrière.

La Tyrrell P34 possédait quatre petites roues à l’avant et deux de taille normale à l’arrière. La Williams, dont deux prototypes ont été construits, avait deux pneus normaux à l’avant et quatre petites roues à l’arrière, toutes motrices.

En fait, l’idée d’une voiture de F1 munie de quatre roues arrière n’était pas vraiment nouvelle. Fin 1976, la March 2-4-0, créée par Robin Heard, disposait de quatre roues arrière. Elle fut testée en privée, mais ne disputa aucun Grand Prix.

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Motorsport.com a discuté de la conception de la Williams à six roues avec Frank Dernie qui était, à cette époque, le bras droit de Patrick Head.

"Nous avons conçu cette voiture à six roues fin 1981 parce que nous ne pouvions pas obtenir de moteur turbo", nous explique Dernie. "À cette époque, les moteurs turbo développaient environ 180 chevaux de plus que le Ford Cosworth DFV que nous utilisions. Nous avions vraiment du mal à produire une voiture qui générait suffisamment d’appui aérodynamique et peu de traînée pour rivaliser avec les voitures turbo."

Handicapé par ce manque flagrant de puissance, il fallait donc trouver une solution aérodynamique. "Nous avons calculé la traînée générée par les pneus et nous sommes arrivés à la conclusion que ceux à l'arrière produisaient un traînée gigantesque. Nous avons donc eu cette idée de placer quatre petits pneus à l’arrière de la voiture afin de diminuer la traînée", poursuit Dernie.

"Nous avons effectué des mesures et une voiture munie de quatre petites roues arrière produisait beaucoup moins de traînée. Je crois me souvenir que cela équivalait à un gain de puissance de plus de 160 chevaux. Nous nous sommes mis au travail. Patrick [Head] a dessiné la boîte de vitesses et la suspension arrière tandis que je me suis occupé de l’aérodynamique. C’est aussi simple que cela."

Illustration de : Camille de Bastiani

L’ingénieur britannique, aujourd’hui à la retraite mais qui continue d’œuvrer comme consultant, précise que des jeunes diplômés faisaient alors partie du staff technique de l’écurie Williams. "Seuls Patrick [Head] et moi possédions un peu d’expérience en ingénierie de voitures de compétition. Nous avions un jeune ingénieur dans l’équipe, Neil Oatley, qui était encore en phase d’apprentissage. Dans la soufflerie, il n’y avait que moi et un modeleur. Je jouais aussi le rôle d'opérateur de la soufflerie. Nous avions aussi un assistant, Ross Brawn, qui nous a donné un coup de main", précise-t-il.

Puis il ajoute : "Patrick a rapidement dessiné la transmission, car il voulait vite la tester, craignant qu’avec quatre roues motrices à l’arrière, la voiture ne souffre d’un énorme sous-virage en phase d’entrée de virage. Il fallait donc vite effectuer des essais en piste."

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Dernie a alors fait fabriquer une maquette de cette voiture à six roues et l’a testée en soufflerie. "La carrosserie sur laquelle je travaillais en soufflerie, et qui devait être la version finale, était privée d’aileron arrière", affirme-t-il. "Deux énormes tunnels venturi couraient le long de la voiture jusqu’en arrière. Le règlement permettait à la carrosserie de se prolonger jusqu’à l’essieu arrière. Puisque nous en avions deux, la carrosserie se prolongeait jusqu’au second essieu, donc très à l’arrière de la voiture. Ces longs tunnels généraient tellement d’appui que nous pouvions nous priver d’un aileron arrière. Nous avions réduit la traînée de façon phénoménale. Des simulations très grossières – nous sommes en 1981 – nous permettaient de prédire que la voiture pouvait négocier le virage de Signes au Castellet à fond absolu à plus de 320 km/h."

La première six roues produite fut la FW07D : une voiture-laboratoire basée sur un châssis FW07C, fort efficace, sur lequel le train arrière à quatre roues fut greffé. Étonnamment, cette voiture à deux essieux arrière (donc deux différentiels) n’était plus longue que de 250 mm que le bolide original à quatre roues. En revanche, elle était lourde.

Premiers essais

Après sa victoire au Grand Prix du Ceasar’s Palace à Las Vegas, Alan Jones procéda aux premiers essais en piste sur le circuit de Donington. Puis, une autre voiture expérimentale fut produite : la FW08B ; celle qui devait disputer la saison 1983.

"Alan Jones, Jonathan Palmer, Keke Rosberg et Jacques Laffite ont piloté les deux versions de cette voiture", ajoute Dernie. "Jones a conduit la première version, la FW07D, mais Laffite est celui qui a parcouru le plus de kilomètres à son volant, en particulier sur le petit tracé de Croix-en-Ternois [situé dans le nord de la France]. Nous craignions que la voiture souffre d’un énorme sous-virage à la sortie des virages lents. Quand Jacques [Laffite] est revenu au stand pour la première fois après son premier essai, nous avons discuté du comportement de la voiture et il avait oublié qu’il s’agissait de la six roues ! Il l’a adoré."

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Ayant entendu parler de cette voiture inédite, la FIA prit la décision de corriger le livre des règlements techniques et obligea les voitures de F1 de ne posséder que quatre roues. De plus, la FIA avait jugé que cette voiture disposait de quatre roues motrices, ce qui était déjà interdit.

"Patrick était furieux que la voiture ait été bannie. En fait, c’est probablement une bonne chose qu’elle ait été interdite, car si elle avait été autorisée à courir, tous nos rivaux se seraient précipités à concevoir leurs propres versions, trop hâtivement et avec bien des risques", ajoute Dernie.

Cette FW08B existe toujours, et effectue parfois quelques tours de piste lors de journées spéciales.

"La voiture est en parfaite condition de roulage aujourd’hui. Nous n’avons fabriqué qu’une seule boîte de vitesses et une suspension arrière complète. Nous ne disposions que de quelques pièces détachées pour la transmission, mais c’était tout. Nous nous préparions à fabriquer les autres pièces quand ce genre de voiture fut interdit en F1. Ce fut donc la fin de l’aventure de notre six roues", termine Dernie.

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