Sainz : "Les graviers et l'herbe me manquent"
S'ils font désormais partie du paysage de la Formule 1 depuis de nombreuses années, les dégagements en asphalte ne font toujours pas l'unanimité, en témoignent les propos récents des pilotes.
Photo de: Charles Coates / Motorsport Images
Le Raidillon de l'Eau Rouge est peut-être le virage le plus célèbre qui existe au calendrier de la Formule 1, et un parfait exemple de l'évolution des dégagements pour davantage de sécurité dans la catégorie reine du sport automobile. Jadis entourée de bacs à gravier, cette courbe ascendante ultra rapide a vu ceux-ci remplacés par des zones asphaltées, d'abord du côté gauche en 2001, puis à droite en 2002.
Désormais très répandus à Spa-Francorchamps comme sur les autres circuits, les dégagements en asphalte permettent une meilleure décélération en cas de sortie de piste, à condition que la voiture ait toujours des freins et des roues fonctionnels, et ont également la faveur des motocyclistes sur les pistes où courent ces derniers. Certains pilotes de F1 déplorent cependant l'absence de risque qui découle de leur présence – pas d'un point de vue sécuritaire, mais dans la mesure où une erreur y fait perdre très peu de temps.
"Je trouve que tout ce qui manque à Spa maintenant, ce sont les graviers et l'herbe à côté des vibreurs en sortie de virage", regrette Carlos Sainz. "Maintenant, le rapport risque/récompense n'est plus suffisamment bon sur ces circuits modernes. Même si la sécurité est la priorité, je pense qu'il y a quand même un compromis à trouver avec les dégagements en asphalte. Bien que le deuxième secteur, Eau Rouge et le reste soient incroyables, je pense qu'il reste du travail à faire pour pénaliser davantage les pilotes qui sortent large. La simple présence de l'asphalte à cet endroit enlève la peur d'attaquer un peu trop. Et la sortie du virage 13 [Fagnes], celle du virage 8 [Rivage]… Les graviers et l'herbe me manquent."
"Et c'est quelque chose dont nous avons parlé avec la FIA pour voir comment nous pouvons au moins créer cette sensation pour les pilotes, pour nous assurer de ressentir un peu plus de risque/récompense en abordant un virage rapide comme le virage 13."
Pendant un certain temps, des zones d'herbe artificielle aussi connue sous le nom d'astroturf avaient été installées derrière les vibreurs pour empêcher les pilotes d'élargir leur trajectoire en sortie de virage, mais cette solution n'est plus d'actualité. "Ce n'est pas un secret ici que le circuit de Spa travaille sur une licence FIM et le retour des motos. Et l'herbe artificielle ne fait pas partie de ce projet. C'est pourquoi elle a été enlevée", explique Michael Masi, directeur de course de la FIA.
"Certes, cela pardonne peut-être davantage dans certaines zones. Mais on a aussi vu que nous avions utilisé d'autres mesures au fil de l'année pour le respect des limites de la piste, avec des capteurs qui ont également été employés ici. Nous avons aussi accès aux caméras, embarquées ou non, et combinons tous ces outils."
Masi révèle justement que les vibreurs en forme de saucisse qui avaient provoqué l'accident spectaculaire d'Alexander Peroni dans la Parabolica de Monza l'an dernier sont remplacés par des capteurs permettant de détecter les pilotes ne respectant pas les limites de la piste, du moins dans ce virage.
Ce sujet est finalement abordé sur quasiment tous les circuits du calendrier, à l'exception peut-être de Monaco, Melbourne et Montréal. C'était le cas dès les deux premiers Grands Prix de la saison 2020 au Red Bull Ring, où Daniil Kvyat a endommagé son aileron avant sur un agressif vibreur censé dissuader les pilotes de sortir trop large au virage 6.
"Quand je suis venu pour la première fois en 2014, j'aimais vraiment les vibreurs, vous savez", commentait alors Kvyat quant au circuit autrichien. "C'étaient des vibreurs à l'ancienne, avec de l'herbe direct derrière, puis un bac à gravier. Je ne sais pas pourquoi, mais quelqu'un a voulu les changer et mettre des vibreurs plus larges. Le circuit ressemble davantage à un parking à cause de ça ; il faut mettre une sorte de limite. Ils ont donc mis les vibreurs jaunes… on passe dessus, parfois ça va, parfois non."
"Je suis d'accord avec Daniil", acquiesçait son coéquipier Pierre Gasly. "Mieux vaut avoir de l'herbe : les choses seront bien plus claires, la limite sera là et on ne peut pas sortir plus large. Mais dans ce cas, je pense que le capteur qu'ils ont mis dans les deux derniers virages fonctionne bien." Nul doute que ce week-end, à Monza, la question se posera encore.
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