Sauber - La domination d'une équipe en F1 n'est pas un problème
Sous le feu des critiques depuis l’introduction des unités de puissance turbo hybrides début 2014, la Formule 1 cherche continuellement des solutions pour rendre les Grands Prix plus spectaculaires et apporter davantage de suspense.
Nico Rosberg, Mercedes AMG F1 W06 devant son équipier Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 W06
XPB Images
En exerçant une domination sans partage sur les deux derniers championnats, Mercedes a mis la main sur les titres mondiaux pilotes et constructeurs. Mais récemment, Toto Wolff a lui-même précisé qu’il jugeait que cette domination n’était pas une bonne chose, ni pour la F1 ni pour sa propre écurie.
Pourtant, d’autres pensent le contraire, ou estiment en tout cas que la raison de l’impopularité croissante autour de la F1 ne provient pas de la mainmise de Mercedes tout en haut de la hiérarchie. C’est ce que qu’assure Monisha Kaltenborn, directrice de l’écurie Sauber, prenant en exemple l’ère de succès de la Scuderia Ferrari au début des années 2000. Elle rappelle d’ailleurs qu’il s’agissait d’une période faste pour la catégorie reine.
"Pour moi en fait, ça [la domination] n’a jamais été un point négatif dans notre discipline, car nous avons tous été dans cette situation", assure-t-elle. "Si l’on revient aux années de Michael Schumacher, combien de temps ont-ils [Ferrari] dominé? Et si l’on regarde tout ce qui y était lié : les pneus [Bridgestone] étaient développés pour une équipe, pour un pilote essentiellement, et on n’a jamais eu ce type de discussion."
"Il y a des équipes qui sont plus aimées par des fans et d’autres qui sont moins aimées. Mais la couleur que l’on voyait dans les tribunes étaient généralement le rouge. C’était bon pour le sport, ça allait comme ça si l’on voit ça en termes de spectateurs, de sponsors, de nombreux autres accords commerciaux, donc ce n’est pas un problème."
Donner sa place à chacun
Pour Kaltenborn, ce qui est contre-productif pour la F1 ne provient pas de la domination d’une écurie, mais davantage de la manière dont elle s’exerce et dont elle influence les décisions, si elle ne laisse pas la place à toutes les équipes du plateau pour s’exprimer au niveau qui doit être le leur. Quelque part, c’est le manque de diversité derrière l’équipe de pointe qui inquiète.
"Chaque équipe joue son rôle en F1", précise-t-elle. "Pour une équipe comme la nôtre, ça ne nous affecte pas si une équipe domine. Mais c’est important de ne pas utiliser cette domination pour pousser la discipline dans une direction qui n’est peut-être pas bonne. Il faut respecter toutes les équipes, que ce soit le numéro un, le numéro deux ou le numéro dix, car tout le monde a son rôle à jouer et tout le monde contribue au spectacle de la F1."
"Pourquoi avons-nous tant de problèmes? Les gens disent que c’est à cause de la domination d’une équipe, mais en fait c’est parce qu’il n’y a pas de diversité. Ce n’est pas important si, du temps de Schumacher, il remportait le titre à Magny-Cours [à la mi-saison en 2002], alors qu’il y avait encore tant de courses à faire. C’était le fait que plus d’équipes pouvaient être sur le podium [qui amenait de l’intérêt], plus d’équipes pouvaient signer ce type de résultat."
Propos recueillis par Jonathan Noble.
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