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La Tyrrell P34, la spectaculaire F1 à six roues

L’Histoire de la F1 est marquée par certaines voitures résolument révolutionnaires. La fameuse Tyrrell P34 à six roues est fort probablement celle qui a le plus frappé l’imagination.

Jody Scheckter, Tyrrell P34 Ford

Jody Scheckter, Tyrrell P34 Ford

LAT Images

Rétro : Dans l'Histoire des sports méca

Sur deux ou quatre roues, replongez-vous dans l'Histoire des sports mécaniques, celle qui a écrit la légende des hommes et des machines durant des décennies.

Durant les années 1970, l’écurie Tyrrell, fondée par Ken Tyrrell, fut l’une des meilleures du plateau. Fort d’un pilote au talent exceptionnel, Jackie Stewart, Tyrrell a remporté le Championnat du monde des constructeurs en 1971 et le titre des pilotes en 1971 et 1973. La petite équipe, logée d’abord dans une sorte d’immense cabane à jardin puis dans un atelier étriqué à Ockham dans le Surrey, a produit des F1 remarquablement efficaces et magnifiquement bien finies.

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À la recherche d’un avantage

Remontons le temps en 1975. Derek Gardner, le designer de l’écurie Tyrrell, doit remplacer la 007 qui accuse son âge. Afin de profiter d’un quelconque avantage sur les voitures rivales, Gardner estime qu’il doit trouver l’équivalent de 50 chevaux supplémentaires. Puisque qu’il est impossible de trouver un tel gain de puissance du moteur Ford Cosworth V8 DFV, Gardner se penche sur l’aérodynamique. En réduisant la traînée, il sait que sa future création pourra rouler plus vite en ligne droite.

Patrick Depailler, Tyrrell P34-Ford Cosworth
Patrick Depailler, Tyrrell P34-Ford Cosworth

L’ingénieur britannique reprend alors les recherches qu’il avait effectuées en 1968 en travaillant sur la Lotus 56 à turbine et quatre roues motrices destinée à l’Indy 500. À cette époque, les pilotes se plaignaient d’un déséquilibre de la voiture quand ils relâchaient l’accélérateur. Une solution suggérée par Gardner fut de doubler la surface de contact du train avant en utilisant quatre pneus au lieu de deux. L’ambitieux projet tomba toutefois à l’eau quand l’USAC, organisateur de l’Indy 500, interdit brusquement les voitures à turbines.

Au début de l’été 1975, Gardner reprend cette idée. Il désire cacher quatre petites roues avant derrière un bouclier, ce qui devrait réduire la traînée. De plus, un roue qui tourne produit de la portance ; elle a tendance à se soulever, ce qui nécessite de braquer l’aileron avant afin de contrecarrer cet effet. Quatre petites roues cachées ne généreraient que peu de portance, ce qui réduirait le besoin de générer de l’appui à l’avant. Avec une surface frontale réduite, la Tyrrell à six roues devrait donc, en principe, être plus rapide que les autres dans les lignes droites. Sur papier, c’est winner.

1977 Tyrrell P34
La Tyrrell P34 de 1977

Quelques semaines plus tard, Gardner présente une esquisse par Ken Tyrrell : une monoplace de F1 munie de deux gros pneus arrière et quatre petits pneus de seulement 10 pouces à l’avant. Le patron est séduit par l’idée. Tyrrell réussit à convaincre Goodyear de produire et de tester ces mini-pneus qui allaient tourner à des vitesses folles quand le bolide atteindrait la vitesse de 300 km/h. Un des défis à résoudre est de concevoir une crémaillère munie de renvois, pas trop lourd et qui actionne les quatre roues en même temps.

Project 34

La voiture porte le nom de code Project 34 (ou P34, le 34e projet de Derek Gardner). En septembre 1975, le prototype de la première voiture de F1 à six roues est terminé et contre toute attente, personne, strictement personne à l’exception des employés de Tyrrell, n'est au courant de cette révolution.

Un premier test très secret est mené sur le circuit de Silverstone. Déception, car cette voiture laboratoire est constituée du train arrière d’une Tyrrell 005 greffé au train avant de la P34 ; un ensemble pas très efficace.

Les roues avant de la Tyrrell P34 Ford

Les pilotes, Patrick Depailler et Jody Scheckter, se plaignent de ne pas voir les petits pneus avant, et ont ainsi bien du mal à viser les points de corde dans les virages. Afin de résoudre le problème de visibilité, deux petites fenêtres sont découpées dans la carrosserie de l’habitacle et sont couvertes d’une feuille de Lexan translucide, leur permettant d’apercevoir les pneus.

La véritable P34 effectue ses débuts à l’occasion du premier Grand Prix européen de la saison 1976, en Espagne. C’est Depailler qui hérite de la bête, tandis que Scheckter est encore aux commandes d’une 007 passablement vieillissante.

La P34 remporte sa première victoire à l’occasion de son quatrième Grand Prix seulement, en Suède. Les six roues fonctionnent à merveille sur la piste tourmentée d’Anderstorp. Scheckter décroche la première pole de sa carrière et récolte la victoire après que Mario Andretti a été pénalisé pour avoir anticipé le départ. Ce sera la seule et unique victoire de la six-roues. Par la suite, la P34 ne fera pas mieux que des deuxièmes places.

Jody Scheckter, Tyrrell P34-Ford
Jody Scheckter, Tyrrell P34-Ford

Des soucis techniques

Toutefois, la P34 souffre de quelques maux. Goodyear n’ayant accès qu’à un seul banc d’essais pour tester des pneus de cette petite taille, les pneus avant évoluent moins vite que les arrières, résultant en un déséquilibre de la monoplace. De plus, les quatre petits freins avant ont constamment tendance à surchauffer. Chaque Grand Prix, Derek Gardner apporte des modifications à la voiture, sans résultat tangible, et il finit par quitter l’équipe.

Maurice Philippe, un ancien ingénieur de chez Lotus, prend sa place. Il modifie la carrosserie et déplace les radiateurs d’huile, qui avaient tendance à chauffer, de l’arrière de la voiture à l’avant, insérés dans le bouclier. Mais pour cela, il doit modifier la voie avant, ce qui fait ressortir les pneus et anéantit les avantages que doit procurer le concept d’une six-roues.

Goodyear ne produit pas de nouveaux pneus de 10 pouces pour la P34, et son comportement routier devient de plus en plus énigmatique pour ses pilotes, Patrick Depailler et Ronnie Peterson, pourtant tous deux extrêmement doués.

Ronnie Peterson, Tyrrell P34-Ford
Ronnie Peterson, Tyrrell P34-Ford

Courant 1977, sous la bienveillance de la pétrolière Elf, Ken Tyrrell effectue un rapprochement avec Renault. Le constructeur automobile français s’apprête à faire courir la première voiture de F1 moderne propulsée par un moteur turbo. Quelques semaines plus tard, une maquette du V6 turbo de 1,5 litre arrive aux ateliers Tyrrell dans le but d’aider la conception de la nouvelle P34 Renault. Mais après mûre réflexion, Ken Tyrrell décide de ne pas donner suite à ce projet puisque Goodyear n’a pas l’intention de poursuivre le développement des petits pneus avant et il est convaincu que le moteur Renault turbo n’est pas encore au point. Il a parfaitement raison.

Maurice Philippe retourne donc à sa table à dessin et commence la conception de la prochaine Tyrrell, la 008 à moteur… Cosworth. Fin 1977, les P34 prennent le chemin des musées et des collectionneurs. Cette monoplace vraiment unique aura marqué l’histoire de la Formule 1.

Patrick Depailler, Tyrrell P34-Ford

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