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Un week-end en coulisses chez LRGP, troisième partie

Charaf-Eddin Ait Taleb s’est vu offrir la chance de passer un week-end avec l’équipe Lotus Renault GP au Grand Prix d’Allemagne

Charaf-Eddin Ait Taleb s’est vu offrir la chance de passer un week-end avec l’équipe Lotus Renault GP au Grand Prix d’Allemagne. C’était une offre qu’il ne pouvait pas refuser. Son regard sur une équipe de Formule 1, de l’intérieur, est à la fois révélateur et fascinant. En début de semaine, LRGP a publié les deux premières parties de son récit. Voici la troisième et dernière.

Dimanche matin, je quitte ma chambre. Devant l’ascenseur, je pousse sur le bouton quand j’entends une voix derrière moi : "Salut Charaf. As-tu bien dormi ?" C’est Eric Boullier. Il me propose de m’emmener au paddock et nous quittons l’hôtel en traversant une foule de gens en quête d’un autographe d’Eric. Une fois toutes ces demandes satisfaites, nous nous engouffrons dans une superbe Jaguar aux sièges de cuir beige marbré. Je m’assois à l’arrière et je dis à Eric : "Si quelqu’un m’avait dit qu’un jour je prendrais place dans une Jaguar avec Eric Boullier comme chauffeur, j’aurais éclaté de rire et je lui aurais dit qu’il était dingue !"

Comme je suis handicapé, le monde est divisé en deux catégories. Il y a les gens qui vous font oublier votre handicap et font ressortir vos qualités. Ce sont ceux qui vous aident à avancer parce que leurs critiques sont toujours constructives et suivent une direction, le respect. Ils vous aident à appréhender la vie, ils vous rappellent à chaque instant que vous en faites partie et que vous pouvez toujours en faire partie. Mais, malheureusement, il y a la seconde catégorie. Ces gens-là vous font sentir votre handicap et vous forcent à faire des mouvements contraignants quand ils essayent de vous guider. Ces mouvements ne font que contribuer à augmenter votre sensation d’impuissance. Ces gens bien pensants qui vous poussent volontairement vers ce qui est le vide pour vous, se prennent pour des anges gardiens en vous tendant la main qui sauve et réclament ensuite votre reconnaissance éternelle.

Eric, bien sûr, fait partie de la première catégorie. Ce matin, il me dépose dans le paddock et se dirige vers son travail. Avant de me quitter, il me demande de venir le voir plus tard dans la matinée.

Je prends la direction de Ferrari pour saluer quelques personnes que je connais, comme le physio de Felipe Massa. Ensuite, je reviens vers l’hospitalité Lotus Renault GP à l’heure pour mon rendez-vous avec Eric. Nous nous installons dans son bureau et regardons le départ de la course de GP2 ensemble. Je peux vous dire que le départ d’une course avec Eric pour commentateur, cela vaut le détour ! Nous parlons du début de saison de LRGP. Je rappelle tous les problèmes qu’Eric a dû gérer, l’accident de Robert, la modification de la soufflerie, les changements de règlements. Il me répond : "C’est vrai que j’ai beaucoup appris ces derniers mois." Nous passons quelques minutes ensemble et je suis tout ouïe quand il me raconte le monde de la Formule 1. Vient ensuite le moment de partir et je le remercie de m’avoir ouvert les yeux sur certaines choses.

Je retourne au motor home Virgin pour souhaiter une bonne course à Jérôme. La parade des pilotes est sur le point de commencer. Je me tiens près du motor home Mercedes et Michael Schumacher descend et me salue. Je lui souhaite une bonne course et je reviens vers le stand Lotus Renault GP pour prendre ma position. Il est 13 heures et le compte à rebours a commencé. Les ingénieurs ne perdent pas de temps à la radio. Toutes les cinq minutes, une voix annonce le temps restant avant l’ouverture de la pit lane. Les moteurs montent en température. Les mécaniciens testent leurs pistolets. Soudain, une voix annonce : "Feu vert. La pit lane sera fermée dans quinze minutes." Les moteurs rugissent et Vitaly et Nick quittent les stands. A la radio, on entend :

"OK, Vitaly. Contrôle radio."


Vitaly : "Je suis maintenant dans le virage 1."


Ingénieur : "Virage 1, contrôle radio OK."


Vitaly : "Je suis dans le virage 2…, 3 … et je sors du virage 4."


Ingénieur : "Pas très clair dans le virage 4. Nous allons essayer de corriger cela."


Et ainsi de suite pour tous les virages.

Quelques minutes plus tard, la fermeture de la pit lane est annoncée. Pendant un quart d’heure, tout est parfaitement calme. Quelques instants avant le départ, les moteurs se mettent à hurler. Les mécaniciens, qui se sont un peu détendus pendant les 15 minutes de break, reprennent leur concentration maximum. Tout le monde commence à parler et les radios se réveillent.

"OK, Nick, mets-toi en mode warm-up, tes freins sont trop froids. Vitaly, souviens-toi de la procédure, embrayage en mode départ."

Une succession de chiffres et de paramètres s’ensuit. Les voitures reviennent sur la grille.

"OK, Nick, ne bouge plus."

Et ensuite, juste avant le départ : "La dernière voiture s’est arrêtée. Maintenant !"

Les moteurs s’emballent et hurlent, chacun vibre sur la même fréquence. La radio reste silencieuse. Quelques instants après le départ un ingénieur parle :

"OK les gars, préparez-vous à changer le nez sur la voiture de Nick."

Vitaly : "Je crois que quelqu’un m’a tapé à l’arrière."

Au deuxième tour, l’autorisation pour l’usage du DRS est donnée. Quelques minutes plus tard, le stand entre en éruption. Nick abandonne. On demande à Vitaly de modifier sa cartographie moteur.

"N’oublie pas de te servir de ton KERS."

La procédure de pit stop est normalement plutôt simple. Grâce aux réunions sur la stratégie, le pilote a une idée précise du moment où il va rentrer au stand.

Dans le tour en question, Petrov est informé : "Vitaly, arrêt dans ce tour." Une autre voix annonce aux mécaniciens : "Vitaly rentre dans quarante secondes." Ensuite, la même voix : "Vitaly dans vingt secondes… Vitaly est dans la pit lane." Quand il est en train de se battre sur la piste, aucun ingénieur ne lui parle, sauf pour lui demander de changer sa cartographie moteur ou lui rappeler d’utiliser son KERS. Je suis triste de le voir perdre des places. Dans le dernier tour, le team pousse Petrov pour qu’il donne tout et double Kobayashi. Dans le tour de décélération, chacun remercie les autres par radio, mais la déception est palpable.

Je reviens vers le paddock. Comme à chaque fois, je suis sidéré devant la rapidité avec laquelle le F1 circus plie bagage ! Je remercie tout le monde dans le stand, à l’hospitalité et quelques heures plus tard, je suis sur la route, en compagnie de mes amis de la RTBF qui me déposent à temps à la gare de Bruxelles pour attraper le dernier train vers Paris.

Je ne peux pas terminer ce récit sans remercier la personne qui m’a aidé à vivre ce Grand Prix en coulisses, Eric Boullier. Je tiens à souligner le fait que, au début de la saison 2011, j’ai traversé une mauvaise période. Après avoir suivi les tests privés en coulisses, je n’arrivais pas à me résoudre à suivre ce sport que j’aime tant sur un petit écran trop sombre pour mes yeux. Un peu désespéré, j’ai contacté mes amis et ceux qui aiment dire que je suis leur ami. Le silence a été assourdissant ! Seul Eric m’a proposé quelque chose de sérieux. Aussi, encore une fois, merci Eric. Merci d’avoir tenu ta promesse. Merci à tous chez Lotus Renault GP, à tous ces gens sympathiques qui m’ont salué dans le paddock, pilotes, mécaniciens, ingénieurs. Cette expérience justifie le fait que le week-end suivant je suis reparti vers de nouvelles aventures. Mais cette fois, avec ma tente sur le dos !

Charaf.

Source de l’article sur le site officiel de Lotus Renault GP.

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