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De Villeneuve à Leclerc : la filiation des "enfants chéris" de Ferrari

Les exploits de Gilles Villeneuve chez Ferrari ont fait de lui une légende aux yeux des tifosi, même quarante ans après sa mort. L'actuel pilote vedette de la Scuderia, Charles Leclerc, jouit du même amour et a pris cette année le volant d'une monoplace occupant une place particulière dans la carrière du Québécois.

Charles Leclerc, avec la Ferrari 312T de Gilles Villeneuve

Charles Leclerc, avec la Ferrari 312T de Gilles Villeneuve

Ferrari

"Avec sa générosité, son courage, avec la capacité qu'il avait à piloter des voitures, il nous a appris ce qu'il fallait faire pour qu'un pilote puisse se défendre face à l'imprévisible. C'était un maître du combat et il a tant donné à Ferrari. Je l'aimais." Cette citation figurant sur la plaque du mémorial Gilles Villeneuve, à Imola, résume parfaitement l'effet qu'a eu sur Enzo Ferrari un pilote qui n'a pourtant décroché que six victoires avec la Scuderia. Gilles Villeneuve est largement reconnu comme l'un des plus grands pilotes de Grand Prix à ne jamais être devenu Champion du monde. Son héritage s'étend bien au-delà d'une carrière tragiquement interrompue par sa mort accidentelle, à Zolder en 1982. Quarante ans plus tard, il est toujours vénéré pour son courage, son sens du spectaculaire et pour les qualités qui l'ont rendu si cher aux yeux du Commandatore.

Pour perpétuer la mémoire de Villeneuve et sa place dans l'histoire, Ferrari a organisé en avril dernier un événement spécial à Fiorano. L'écurie a donné à Charles Leclerc l'opportunité de tester la Ferrari 312 T4 de la saison 1979, avec laquelle le Canadien avait décroché trois victoires et terminé vice-champion du monde derrière son coéquipier Jody Scheckter. C'est une expérience que peu de pilotes de Formule 1 ont la chance de vivre, et c'est ce qui en a fait un moment particulier pour Leclerc. Un moment qui dresse aussi le parallèle entre Gilles Villeneuve et l'enfant chéri d'aujourd'hui à Maranello, dont les capacités et l'avenir brillant lui auraient sûrement valu la même adoration de la part d'Enzo Ferrari. "Ça fait partie de la légende de Ferrari, mais aussi de celle de Gilles Villeneuve. Ça m'émeut d'être le pilote choisi pour piloter cette voiture", n'avait pas caché le Monégasque lors de cette expérience.

Tous les pilotes n'ont pas forcément une telle mesure de l'histoire, et il est encore plus rare d'avoir l'occasion de vraiment la saisir au plus près. "Ce sont des pilotes que je n'ai jamais vus en vrai, mais on en voit évidemment beaucoup aujourd'hui sur les réseaux sociaux, on voit beaucoup de leurs combats", explique Leclerc. "Mais on se rend compte du risque qu'ils prenaient seulement une fois qu'on monte dans l'une de leurs voitures." Ancien coéquipier de Charles Leclerc chez Ferrari, Sebastian Vettel a testé plusieurs F1 du passé et en possède même quelques-unes, notamment la Williams FW14B de Nigel Mansell en 1992. L'Allemand dit que c'est "très amusant" et que cela offre "une opportunité unique" pour tout pilote d'avoir "un aperçu de ce qu'était la vie ou le pilotage à l'époque".

René Arnoux auprès de Charles Leclerc lors du test à Fiorano.

René Arnoux auprès de Charles Leclerc lors du test à Fiorano.

C'est ce qui a frappé Leclerc dès qu'il est sorti du garage à Fiorano, après avoir reçu les consignes basiques des mécaniciens Ferrari sur les commandes de la monoplace. À une allure assez réduite, rencontrant d'abord un manque d'adhérence avec les pneus, il a fait un bond dans le passé et dans un monde très différent de celui que lui offre la F1-75 cette année. Et il s'est amusé. Ce manque de grip lui a permis de laisser l'arrière se dérober au fil des tours, de se battre contre le survirage afin d'en avoir juste assez pour garder le contrôle : une approche très "Villeneuve". Une fois son roulage terminé et le moteur coupé, il s'est tourné vers les mécaniciens Ferrari, rayonnant : "Bella ! Bellissima !". "On peut énormément jouer avec la voiture", détaille-t-il. "C'est tout simplement fou. Les rapports sont très différents de nos voitures actuelles. C'est un peu plus dur de passer d'un rapport à l'autre et c'est très, très compliqué à piloter. L'arrière bouge en permanence."

L'expérience a aussi fait prendre conscience à Leclerc du risque que prenaient les pilotes comme Villeneuve à chaque fois qu'ils se glissaient dans un cockpit. Dans toutes les conversations qu'il a eues depuis ce test, il a souligné à quel point la différence était radicale. Quelques semaines plus tard, la défaillance d'un disque de frein a provoqué un accident alors qu'il pilotait la Ferrari 312B3 de Niki Lauda en 1974 au Grand Prix de Monaco Historique.

"On ressent en permanence le danger", admet-il. "Aujourd'hui, on a un peu perdu cette sensation dans la voiture, je m'y sens en sécurité. Mais quand on pilote ces monoplaces, ça remet tout dans une autre dimension et ça montre à quel point la Formule 1 a fait un pas en avant depuis ces années-là en matière de sécurité. De nos jours, avec nos voitures, tout se joue dans le moindre détail. Alors qu'à cette époque, il s'agissait je pense de savoir qui était prêt à prendre le plus de risques. C'était probablement plus le courage qui ressortait." C'est précisément ce courage qu'incarnait Villeneuve. Dès ses débuts en F1 à Silverstone avec McLaren, en 1977, il était évident que son approche était de trouver la limite en la dépassant puis en revenant en arrière, et non en y allant pas à pas. C'est ce qui a fait de lui l'un des pilotes les plus spectaculaires de sa génération.

Gilles Villeneuve et René Arnoux en 1979.

Gilles Villeneuve et René Arnoux en 1979.

Leclerc a évoqué les vidéos qu'il a regardées de Villeneuve. La plus célèbre est bien sûr celle du duel face à René Arnoux à Dijon, en 1979. Même ceux qui ne peuvent pas s'en souvenir l'ont probablement déjà vue : un spectacle entre une Ferrari rouge et une Renault jaune s'échangeant leurs positions tour après tour, pour finalement terminer avec quelques dixièmes d'écart sous le drapeau à damier. Cette scène reste un exemple de ce à quoi devrait ressembler la F1, et c'est un antidote à la situation sans intérêt provoquée par les limites de piste aujourd'hui. De par son importance dans cette histoire, René Arnoux a été invité au test de Leclerc avec la 312 T4, et a accepté avec plaisir. "Cette voiture est spéciale pour moi", a-t-il alors confié, lui qui avait finalement quitté Renault pour Ferrari en 1983. "Gilles était un acrobate, toujours au maximum. Il a utilisé la voiture pendant 60 tours. Dix tours avant la fin, il a eu de très grosses difficultés parce qu'il avait énormément usé les pneus, les freins, le moteur, tout. Mais il ajustait son pilotage à chaque fois. C'était Gilles."

Pensez à Leclerc. Pensez à son approche, à ses duels rudes mais loyaux face à Max Verstappen en début de saison. Pensez à toutes les fois où il est sorti de la piste après avoir trop attaqué, sa manière d'être parfois "tout ou rien" puis de ne s'en prendre qu'à sa propre stupidité dans une autocritique. À chaque fois qu'il monte dans la voiture, il en extrait toute la performance. Comparer les pilotes d'une époque à l'autre est difficile et parfois imprudent, mais il y a des similitudes évidentes dans la manière dont Leclerc et Villeneuve travaillent sur la piste. Hors de la voiture, elles sont encore plus frappantes. La façon dont Leclerc a été adopté par Ferrari, mais aussi par les tifosi, est rare. Son exceptionnelle saison 2019 a été récompensée par un contrat à long terme qui a fait comprendre à Vettel – qui n'avait jamais atteint un tel niveau d'adoration, même lorsque tout allait bien à Maranello – que ce n'était plus son équipe.

"Faire partie de Ferrari, c'est en quelque sorte essayer de renforcer le mythe du Cavallino [le cheval cabré]", estime Mattia Binotto, directeur de la Scuderia. "Il n'y a que quelques pilotes capables de le faire, et je pense que Charles est l'un d'entre eux, comme l'était Gilles. Gilles était fantastique. Gilles n'a gagné que six Grands Prix, mais il reste le pilote de tous les tifosi. Ça venait vraiment de sa manière de piloter, de se comporter, de la passion qu'il montrait. Et je pense que Charles l'a aussi, c'est quelque chose de formidable. Nous sommes tous aussi passionnés, et nous espérons qu'il gagnera plus que six Grands Prix."

Charles Leclerc dans la Ferrari de Gilles Villeneuve à Fiorano.

Charles Leclerc dans la Ferrari de Gilles Villeneuve à Fiorano.

La passion pour Ferrari a été inculquée à Leclerc dès son plus jeune âge, lorsqu'il observait les voitures rouges courir dans les rues de Monaco, où il a grandi. Tout en aspirant à devenir pilote, il a été encouragé par son père et par son parrain, Jules Bianchi, et il a gravité autour de la Scuderia. Il a démontré ses qualités en formules de promotion, mais se voir offrir un volant chez Ferrari après seulement une saison en F1, et devenir ainsi le plus jeune pilote de l'écurie depuis Ricardo Rodríguez en 1961, ce n'était pas sans risque. Pourtant, comme Villeneuve, il a prouvé qu'il était prêt à saisir cette opportunité de manière éclatante.

L'idée d'un "enfant chéri" au sein d'une écurie de Formule 1 peut sembler être un sujet délicat alors qu'existent des règles d'engagement et des consignes d'équipe. Mais depuis l'âge d'or de Michael Schumacher, peu de pilotes ont réussi à capturer l'esprit des tifosi comme l'a fait Leclerc. Comme le dit Binotto, c'est quelque chose qui va au-delà du pilotage d'une voiture ou du succès : il s'agit d'ajouter du mythe à l'écurie la plus célèbre en F1, par un lien fort et par une connexion avec tout ce qu'elle incarne. C'était peut-être un simple roulage de démonstration, mais la chance pour Leclerc de tester la voiture de Villeneuve et la dimension émotionnelle qu'il a manifestée n'ont fait qu'approfondir son lien avec le Cavallino, semant les graines d'un héritage naissant.

Charles Leclerc s'élance avec la Ferrari de Gilles Villeneuve.

Charles Leclerc s'élance avec la Ferrari de Gilles Villeneuve.

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