Villeneuve : Hamilton est "très loin au-dessus de Schumacher"

Ayant remporté pas moins de sept championnats du monde entre 1994 et 2004, Michael Schumacher est statistiquement le pilote qui a eu le plus de succès dans l'Histoire de la Formule 1, avec également le record du nombre de victoires, de podiums et de meilleurs tours en course, entre autres.

De son côté, Lewis Hamilton semble être à son apogée avec un palmarès incroyable lors des cinq dernières saisons en date : trois titres mondiaux (bientôt quatre ?), 49 victoires et 50 pole positions – ce qui lui a permis de battre le record de 68 poles précédemment établi par Schumacher, puisque Hamilton en a déjà 81 dans sa besace sur l'ensemble de sa carrière, à seulement 33 ans.

La réputation du Baron Rouge a été entachée par quelques manœuvres polémiques, certaines dont Jacques Villeneuve a d'ailleurs été un témoin privilégié, puisque Schumacher l'avait percuté lors de la dernière course de la saison 1997, à Jerez, alors que les deux hommes étaient à la lutte pour le titre. Un coup de volant avait valu à l'Allemand d'être disqualifié du championnat, alors qu'il avait de toute façon vu la couronne lui échapper en se retrouvant ensablé dans les graviers.

"Je place Lewis très loin au-dessus de Michael", déclare Villeneuve pour l'agence Reuters. "Il y a eu trop d'histoires négatives [pour Schumacher]. Trop de points d'interrogations sur la manière dont certaines courses ou certains championnats ont été remportés. Et être un grand champion ne se limite pas à gagner des courses."

"Il y a très peu de négativité [chez Hamilton]. On aime ou non son style de vie, mais il n'y a rien de méchant ou de négatif à ce sujet. Il n'y a rien de méchant envers ses rivaux. Il y a du respect pour ses rivaux. On ne se demande pas s'il triche ou s'il est antisportif. Cela fait une grande différence. Et c'est ainsi que tous les champions devraient être."

Villeneuve ne manque pas de critiquer indirectement le statut de numéro 1 dont Schumacher a toujours bénéficié chez Ferrari en saluant le fait que les pilotes associés à Hamilton lui ont donné du fil à retordre, notamment les Champions du monde que sont Fernando Alonso, Jenson Button et Nico Rosberg.

"Si l'on regarde Lewis, dans une certaine mesure, il a toujours dû se battre contre son coéquipier", poursuit le Canadien. "Il n'était pas clair dès la première course que le coéquipier était là pour aider."

Le Champion du monde 1997 est par ailleurs admiratif du pari qu'a fait Hamilton lorsqu'il a décidé fin 2012 de quitter McLaren pour rejoindre Mercedes, à une époque où la marque à l'étoile était un véritable outsider et où rares sont ceux qui pouvaient prédire sa future suprématie.

"Il était protégé chez McLaren, et il est parti", rappelle-t-il. "C'était impressionnant. Et il construit l'équipe autour de lui. Et il est meilleur maintenant qu'il ne l'était alors. Cette année, il a fait preuve d'un pilotage superbe."

En ce qui concerne le style de vie de Hamilton, qui est devenu une véritable star mondiale au-delà des paddocks de sport automobile, Villeneuve indique : "Il est dans son propre monde, c'est génial et ça fonctionne. Je ne m'identifie pas à lui, tout comme beaucoup d'entre nous – nous ne sommes pas dans le même monde. Mais ce n'est pas un problème. J'étais simplement moi-même, et j'imagine que Lewis est simplement lui-même. C'est bien, tant qu'il est heureux au fond de lui. Je ne suis pas tout ce qu'il y a sur les réseaux sociaux, je ne vois que le pilote. Et cette année, vu son pilotage et sa concentration, il est au-dessus du lot."

Villeneuve n'en démord pas

Dans le paddock de Mexico, au micro de Sky Sports F1, Villeneuve persiste et signe. Interrogé sur sa comparaison de Hamilton vis-à-vis de Schumacher, il maintient au sujet de l'Anglais : "Sa carrière a toujours été propre. Il n'a jamais eu recours à des... actes contestables pour gagner, et il est toujours au sommet de sa forme. C'est très impressionnant."

Quant au fait que Hamilton n'a peut-être pas l'aura d'un Juan Manuel Fangio ou d'un Ayrton Senna aux yeux du public : "En général, on est aimé quand on meurt, ou beaucoup plus tard."