Wurz - Deux dépassements "couillus" valent mieux que 25 faciles
La F1 semblait se diriger vers une refonte aérodynamique majeure, aux allures de révolution. Cependant, ce projet a été largement tempéré.
Nico Rosberg, Mercedes AMG F1 W06 et son équipier Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 W06 en lutte pour une position au départ de la course
XPB Images
En effet, une étude a démontré que les pneus, dans leur conception actuelle, annuleraient l’apport de telles charges aérodynamiques dans les virages notamment. Un compromis a par la suite été trouvé et approuvé par la FIA, qui estime que les temps au tour s’abaisseront tout de même de quatre à cinq secondes.
L’importance de l’aérodynamique dans la façon de percevoir le spectacle demeure le point central du questionnement sur l’avenir de la F1 : faut-il augmenter la part de l'appui aéro dans la performance, sous peine de rendre les dépassements difficiles, surtout avec les gommes actuelles, ou faut-il la minorer pour favoriser d’autres facteurs de resserrement ?
Alexander Wurz, interrogé sur cette question, estime que les pilotes sont généralement enclins à préférer une haute vitesse de passage en courbe, et donc plus de place à l’appui aéro : "Globalement, les pilotes sont pleinement d’accord sur le fait que la partie la plus excitante de la F1 et des courses de voitures est la vitesse de passage en virage."
"Nous sommes presque au même niveau que les temps les plus rapides en F1, mais c’est parce que vous avez ces magnifiques unités de puissance et cette puissance, mais le moment où c’est vraiment fascinant, où le pilote sort avec un gros sourire, est quand votre tête est 'arrachée' en raison des forces G."
Un autre point de réforme devrait être le poids, selon le président du GPDA, même s’il conçoit bien que le virage technologique pris par la F1 en 2014 rend les choses difficiles. "Dans le virage 3 de Barcelone, nous sommes presque 40 km/h plus lents, en partie à cause des pneus, et surtout de l’aéro, mais aussi en partie à cause du poids. Les pilotes sont très surpris que le poids des voitures augmente encore en 2017."
"Le poids n’est pas seulement massivement perturbant pour la vitesse en virage, mais aussi pour la sécurité. Si vous partez à la faute, vous avez une plus grande masse qui pousse la voiture lors de l’impact. Au final, nous aimerions avoir des voitures plus légères, mais ce n’est pas faisable avec toute cette technologie à l’intérieur."
Aller à la limite des voitures
En conséquence, Wurz affirme que les pilotes accueillent avec enthousiasme la réforme du Règlement technique 2017, qui donnera plus d’importance à l’appui même si ce n’est pas autant qu’espéré au début.
"Définitivement, tout le monde veut cela, nous voulons aller aussi vite que possible, surtout dans les virages. C’est là que c’est cool. Personnellement, je crois que quand le pilote arrive et qu’il est heureux, vous réalisez ‘Mon Dieu, seuls les pilotes talentueux peuvent aller à la limite de ces voitures’, et les fans le croiront. Pas seulement le croire, pour eux ça sera le message le plus authentique si le pilote est heureux."
"Avoir ces commentaires qui viennent du Groupe Stratégique, ‘les voitures sont faciles à piloter’… Elles ne sont pas faciles à piloter. Même une brouette, qui concourt contre les meilleurs pilotes de brouette, c’est difficile ! Mais elles ne sont plus physiques, parce que la vitesse en virage n’est plus là, et les forces G sont ce qui vous fatigue."
"Regardez une image de Jenson Button en 2009, quand son cou était presque aussi large que ses épaules ! Ce n’est pas nécessaire actuellement. Ce sont les choses sur lesquelles, parfois, s’ils demandaient aux pilotes, ils auraient des réponses sans ambages, directes."
Les dépassements ne doivent pas être faciles
Le revers de la médaille de l’augmentation de l’appui aérodynamique est le risque de compliquer encore les dépassements en empêchant les monoplaces de se suivre correctement. L’Autrichien estime que ce n’est pas un problème, au contraire.
"Une autre question fondamentale est est-ce que nous voulons [une façon de compter le score comme] au football ou au basketball ? Traditionnellement, nous avons toujours eu du football, parce que des manœuvres de dépassement des meilleurs contre les meilleurs dans des voitures similaires est, logiquement, difficile."
"Mais, et là c’est un de mes arguments majeurs, il y a cette supposition qu’il doit toujours y avoir des dépassements, et je ne pense pas que ce soit le cas du tout. Ça doit être un sport très compétitif, où nous voyons des héros et des zéros."
"En une fraction de seconde, nous voyons des erreurs, des choses héroïques, et peut-être qu’une ou deux manœuvres de dépassement couillues seraient bien plus excitantes que 25 manœuvres faciles. C’est toujours la façon dont le sport se présente lui-même, le programme TV, la façon de le produire. Il y a tant de choses que nous n’avons pas explorées, c’est ce que nous avons essayé de faire avec le sondage [du GPDA]."
"Je ne pense pas que ça doit être ça le dépassement, ça ne doit pas être 100 paniers comme au basket. Peut-être que trois buts peuvent être extraordinaires, tant que les voitures sont proches, et tant que nous ne savons pas avant la course qui sera le vainqueur. Nous pouvons savoir qui est le plus probable vainqueur mais nous aimons l’outsider. Nous aimons voir des sorties de piste, quelques défaillances, un show très bien produit, qui attire l’œil."
Propos recueillis par Adam Cooper
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