Faut-il agrandir le Circuit des Invalides à Paris ?
Mesurant 1,93 km de long, le Circuit des Invalides est le deuxième tracé le plus court au calendrier de la Formule E. Faudra-t-il l'agrandir pour la Gen2 ? Motorsport.com a posé la question aux acteurs de la discipline.
Photo de: Sam Bloxham / Motorsport Images
La troisième édition de l'E-Prix de Paris vient d'avoir lieu sur le Circuit des Invalides, tracé de 1,93 km qui passe autour du Tombeau de Napoléon, avec la Tour Eiffel en arrière-plan. Lucas Di Grassi, Sébastien Buemi et Jean-Éric Vergne s'y sont successivement imposés lors de courses toujours disputées.
Cette piste est toutefois particulièrement courte quand les circuits de Formule E mesurent en général deux à trois kilomètres – seule celle de Hong Kong est plus étriquée avec 1,86 km – et les dépassements y sont déjà ardus.
Ce pourrait être d'autant plus frappant la saison prochaine avec la nouvelle monoplace de Formule E, baptisée Gen2, dont la puissance sera de 250 kW (335 ch) pour une vitesse de pointe annoncée de 280 km/h. Selon Buemi, Champion en 2015-16, il sera impossible d'atteindre une telle vélocité sur le tracé actuel.
"Je pense qu’il faudrait déjà l’agrandir maintenant", estime le pilote Renault e.dams. "Après, on ne peut pas faire tout ce qu’on veut. À mon avis, à moyen terme, il faut vraiment l’agrandir. Vraiment pour l’année prochaine. Après, je sais que l’organisation fait son maximum. Nous, on n’est que les pilotes, on fera ce qu’on peut, on s’adaptera à ce qu’on a."
"Je crois qu’actuellement, [la vitesse de pointe] est aux alentours de 190 km/h, je pense que ce sera plutôt aux alentours de 210 km/h [avec la Gen2]. Ça va commencer à être vraiment petit, mais on fera du mieux qu’on peut."
"Honnêtement, je pense qu’on est déjà un petit peu dans la limite basse de ce qui est bien", approuve son coéquipier Nicolas Prost, "et je pense qu’il y aurait besoin d’agrandir, pas énormément, mais rajouter 300, 400 mètres, je pense que ce serait vraiment bien avec la nouvelle voiture. Sûrement essayer d’allonger un peu les lignes droites, parce qu’on aura des voitures plus puissantes, elles vont plus vite prendre de la vitesse. Ce sera plus difficile de doubler si les lignes droites ne sont pas plus longues."
D'autres sont mitigés, conscients des impératifs que représente le fait de courir dans le centre d'une métropole, espérant quand même qu'une solution soit possible mais indiquant que le tracé actuel reste viable.
"Je pense que certains circuits seront à la limite d’être trop courts", analyse Mitch Evans. "Hong Kong évidemment, Paris oui. Bien sûr, cela va être difficile pour la Formule E de modifier les circuits, mais si ce n’est pas pour la prochaine génération, la troisième génération aura vraiment besoin d’améliorations car la vitesse des voitures va grandement augmenter."
"J’aime vraiment ce circuit, je le trouve génial", ajoute Lucas Di Grassi. "J’adore le travail qu’ils font, et l’endroit où nous courons est fantastique. S’ils peuvent le rallonger, c’est mieux. Sinon, ça va quand même."
En revanche, pour Oliver Turvey, il n'y a pas matière à s'inquiéter. "Cette piste est très technique", souligne le Britannique. "Je ne pense pas qu’elle ait besoin d’être plus longue, il y a beaucoup de virages, deux lignes droites. Chaque tracé apporte un challenge différent ; ici, à Paris, c’est bosselé, technique. C’est un excellent circuit urbain."
Lorsque nous évoquons l'éventualité de changer d'emplacement, Jean-Éric Vergne est quant à lui catégorique : "Chercher un autre site, non, parce que celui-ci est génial. Je pense que ça va être du sport avec 250 kW en qualifs, ça va faire peur. Déjà qu’à 200 kW on fait notre signe de croix avant les qualifs, ça va être super et compliqué à la fois. Je ne pense pas qu’il y ait une grande nécessité à le changer."
Un cahier des charges adapté au circuit
Du côté des directeurs d'équipe, l'opinion est très tranchée : il est trop tôt pour penser à ces grandes manœuvres, et en attendant, c'est au pilote de conduire sa voiture du mieux possible, peu importe sa puissance et quelles que soient la longueur et l'étroitesse de la piste.
"Selon moi, tous les circuits sont très proches, et quand nous fixons le cahier des charges de la voiture, il est lié aux tracés", révèle Xavier Mestelan Pinon, directeur de DS Performance. "Même si la puissance va augmenter et que nous aurons plus d’adhérence, je ne pense pas que nous ayons besoin de modifier le circuit ou la voiture. Les deux travaillent ensemble."
"Peut-être après trois ou quatre saisons, quand la puissance et la performance de la voiture auront énormément augmenté, nous aurons besoin de travailler là-dessus, mais à ce jour, il est bien trop tôt. Nous voulons rester dans le centre des grandes villes, et pour ce faire, nous ne pouvons pas faire un circuit de Formule 1. C’est déjà très difficile de construire un petit circuit, vous imaginez s’il était trois fois plus grand ? C’est impossible."
Fondateur de Renault e.dams, Jean-Paul Driot acquiesce : "C’est au pilote de s’adapter au circuit et à la puissance. En Formule 1, nous courons toujours à Monaco avec bien plus de puissance et d’adhérence."
Le point de vue des organisateurs
C'est toutefois aux organisateurs que revient logiquement le dernier mot, et il semble qu'un agrandissement ne soit pas à l'ordre du jour. Les contraintes sont fortes autour des Invalides, avec une priorité : causer le moins de nuisances possible pour les riverains.
"Le circuit est homologué par la Commission nationale d’évaluation des circuits de vitesse (CNECV), qui dépend du ministère de l’Intérieur", nous indique Pierre Gosselin, directeur d'Electric Formula. "Il est homologué également pour la voiture de génération 2. À ce jour, il peut donc y avoir une course même avec les nouvelles voitures."
"Les projets d’agrandissement – comme dans toute entreprise, on regarde ce qu’on peut faire. Mais pour l’instant, on conserve la piste telle qu’elle est, y compris pour la voiture de génération 2."
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