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Le Mans 1999 : "Le ciel, le sol, le ciel... encore plus haut"

Dans cette rétrospective en deux volets, Motorsport.com vous propose de replonger dans l'édition maudite des 24 Heures du Mans 1999 pour Mercedes. Avec le récit de Mark Webber… Seconde partie.

Revivez ci-dessus les meilleurs moments des 24 Heures du Mans 1999. La version complète de cette édition et toutes les archives de l'épreuve sont disponibles sur Motorsport.tv. Abonnez-vous dès maintenant.

Le samedi 12 juin 1999, la grand-messe des 24 Heures du Mans s'apprête à débuter. Il reste néanmoins une dernière chance de procéder à des vérifications grâce au warm-up matinal. Pour Mark Webber, le plan de marche est clair : aller en piste, faire un court relais puis passer la main à ses coéquipiers au volant d'une voiture totalement nouvelle. "J’étais là pour montrer qui était le patron", insiste-t-il. "Dans mes yeux, il y avait toujours cet objectif de gagner cette satanée course. Tout était nouveau dans ma voiture, donc il fallait prendre soin de tout afin que ce soit prêt pour la course."

En quittant les stands, Webber suit l'autre Mercedes pilotée par Bernd Schneider. Les deux hommes se fraient un chemin parmi des GT, avec à leurs côtés également quelques favoris comme les deux Toyota. Ils arrivent dans la ligne droite des Hunaudières, puis Webber approche de la bosse de Mulsanne. La centaine de fois où il était passé à cet endroit auparavant, en comptant les essais préliminaires et les essais libres, n'avait jamais posé le moindre problème. "Cette fois, c’était différent…"

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"Nous avions une petite ventilation sur la fenêtre pour le refroidissement et avec ma main droite, je l’ai fermée car il faisait un peu froid dans le cockpit", détaille Webber. "Quand j’ai retiré ma main, j’ai commencé à décoller de nouveau. Cette fois, j’étais au sommet de la bosse, probablement à 280 km/h… Une fois encore, l’avant de la CLR s’est allégé et elle a décollé. Je ne pouvais tout simplement pas croire ce qui se passait. Il ne m’avait tout simplement pas traversé l’esprit que ça pourrait se reproduire."

Le cauchemar de Webber se rejoue : "Le ciel, le sol, le ciel, mais un peu plus vite car j'étais encore plus haut cette fois, et cela semblait un peu plus violent, ce n'était pas en douceur". Comme le jeudi soir, la Mercedes retombe sur la piste et évite les arbres. "Je crois que la voiture a touché la barrière à quelques reprises et j’ai donc fait un tête-à-queue, et cette fois elle est restée sur le toit", décrit-il. "J’ai commencé à paniquer un peu car dans ces voitures, il y avait toujours un risque d’incendie. J’étais paranoïaque quant au fait de rester piégé à l’intérieur, et en même temps j’étais tellement en colère contre l’équipe car je savais que je n’avais rien fait de mal, je savais que ça ne venait pas de moi."

La Mercedes de Mark Webber après son accident

Extrait rapidement de la voiture grâce à l'intervention des commissaires, Webber s'assoit un moment sur le remblai à l'extérieur de la piste : "Mes mains saignaient et j’étais secoué, mais au moment où je suis passé de l’autre côté de la barrière, je ne voulais plus remonter dans cette voiture, je ne voulais plus jamais faire de prototype. J’ai appelé [Hans] Jürgen, le team manager, et il a dit : 'Mark, que fais-tu avec nos voitures ?' Il était en colère contre moi, c’était sa réaction instinctive et pour moi, c’était un coup supplémentaire à encaisser."

Réagissant tout de même à la situation, Mercedes prend la décision d'utiliser les fameux petits appendices aérodynamiques à l'avant des voitures. Ceux-ci faisaient chuter la vitesse de pointe mais permettaient de trouver davantage d'adhérence. Équipées de ces éléments, les deux autres Flèches d'Argent bouclent ainsi le warm-up. Insuffisant toutefois pour rassurer Webber, sans pour autant qu'il soit écouté. "Il était clair pour moi qu’il y avait une forte chance que la même chose se produise en course", assure-t-il. "J’ai fait tout ce que je pouvais pour tous les convaincre que nous jouions avec le feu, et je pouvais voir qu’il y avait certains gars dans l’équipe qui étaient vraiment inquiets. Ils savaient qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Le fond plat à l’avant était mal monté sur la voiture que je pilotais, mais il n’y avait aucune preuve claire que cela avait causé l’envol."

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Choqué et se sentant de plus en plus isolé dans l'équipe, alors que la course allait avoir lieu seulement quelques heures plus tard, Webber s'entretient avec Norbert Haug, alors directeur du programme de course Mercedes, et Gerhard Ungar, chef designer d'AMG, ainsi que deux autres membres du team. "Cette fois, les choses étaient un peu différentes car il y avait des images, il y avait des photos et ils pouvaient voir que ça s’était vraiment passé comme je l’avais dit, et à quel point j’étais déçu", explique l'Australien. "Nous avons questionné la chose pendant un moment et j’étais tellement déçu que j’ai pris la décision de partir avant même le début de la course. J’avais les entrailles déchirées, et l’équipe ne s’est pas rapprochée de moi. J’étais tout seul."

"S'il est mort, je vais tuer ces salauds…"

Webber commence à plier bagage, s'apprêtant à quitter le circuit du Mans où ne vont donc courir que deux Mercedes CLR pour affronter le double tour d'horloge. Le départ est donné mais après quelques heures de course seulement, le pilote australien est alerté alors qu'il était encore sur place. Il est 20h47, la Mercedes de Peter Dumbreck est partie en looping et a atterri dans la forêt à Indianapolis. "J’étais perdu", se souvient-il. "J’ai fondu en larmes, et j’ai ensuite couru comme un fou vers les stands, sur environ un kilomètre et demi. J’étais violent. Quand ce cauchemar allait-t-il prendre fin ? Je me disais : 'S’il est mort, je vais tuer ces salauds, je vais les tuer. Je sais exactement ce qui s’est passé, et c’est tout ce que je craignais : il est dans les arbres, il est parti dedans… Il va être blessé, c’est certain.'"

#5 AMG Mercedes CLR LMGTP: Christophe Bouchut, Nick Heidfeld, Peter Dumbreck

En arrivant dans le garage, Mark Webber découvre la panique générale. "Tous les gens de l’équipe semblaient horrifiés. Désormais, ce n’était pas seulement à moi que c’était arrivé. Peut-être que ça venait de leur voiture. Ils ont immédiatement retiré l’autre auto. Franck Lagorce était dans la voiture de Bernd à ce moment-là et il m’a dit qu’il avait déjà pris la décision de rentrer car en fait, il avait vu Peter décoller."

Miraculeusement, Dumbreck s'en tire sans une égratignure, même s'il faut attendre vingt longues minutes pour en avoir la confirmation. Pour Mercedes, il est temps de faire une croix sur Le Mans de manière définitive, tandis que les pilotes se murent sur le moment dans un certain silence pour affronter la situation. "Nous avons commencé le long trajet du retour dans le motorhome que nous utilisions comme base au Mans, et à chaque fois que ça tanguait j’étais nerveux ; c’est l’état dans lequel j’étais", décrit Webber. "J’étais tellement mal que cela m’a pris une semaine pour me sentir à l’aise, même dans une voiture de route."

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L'après ne fut pas simple à digérer, en raison du rideau brutal tombé sur les événements. "Il n’y a pas eu de contact officiel de la part des organisateurs de la course, ni aucun débriefing au sein de l’équipe, aucune gestion de crise pour travailler, aucune stratégie de communication mise en place", assure Webber. "J’étais juste un pilote parmi d’autres choses, et j’étais très seul avec moi-même. Mais ne dit-on pas que ce qui ne vous tue pas rend plus fort ? Donc je suis ressorti du Mans deux fois plus fort car on a essayé de me tuer deux fois !"

"En juillet 1999, je ne pouvais pas être plus loin de mon rêve de Formule 1", conclut Webber sur cet épisode. "Ma carrière était supposée décoller avec Mercedes. J’ai dû redescendre sur terre avec deux des plus énormes envols que vous ayez vus."

La Mercedes CLR de retour dans le paddock après un accident

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