Baldassarri, un nouveau vainqueur au sein de l'Academy de Rossi

L.B., Alcañiz - À 19 ans, Lorenzo Baldassarri vient d'ouvrir son compteur de victoires, rejoignant bien des illustres prédécesseurs au palmarès des Grands Prix. Cinquième plus jeune vainqueur en Moto2, il est aussi le troisième plus jeune Italien à s'imposer en catégorie intermédiaire (incluant donc les 250cc) et s'inscrit ainsi dans la lignée de Marco Melandri et Valentino Rossi, rien que ça.

Cerise sur le gâteau, ce premier succès est intervenu à domicile, sur un circuit de Misano qu'il arpente très régulièrement grâce à ses entraînements au sein de la VR46 Riders Academy, l'école qui s'est imposée en Italie comme "the place to be" pour placer sa carrière sur de bons rails.

Après ce premier succès, le pilote italien est plus affamé que jamais, déterminé à poursuivre sur sa lancée pour saisir sa chance dès que possible. Et il ne s'agit plus désormais de remporter des courses, mais aussi de profiter du départ de quatre des cinq leaders de la saison 2016, l'an prochain, pour imposer définitivement sa haute silhouette dans les esprits.

Deux semaines après ta première victoire, as-tu réalisé ?
"Oui. J'ai profité de la semaine qui a suivi la course pour réaliser et savourer un peu de ce qui était arrivé à Misano. J'ai revu la course une dizaine de fois et j'ai mieux réalisé en la regardant à la télé, depuis mon canapé. C'était bien, parce que le dimanche, j'avais eu du mal à bien réaliser tout de suite."

Quelle émotion prévaut maintenant que quelques jours ont passé ?
"J'ai le sentiment d'avoir atteint un cap important et ça a été une surprise d'y parvenir en Italie, devant tous les fans et ma famille. Ce sont des pressions qui ne sont pas simples à gérer. La course à domicile n'est pas facile. Maintenant, l'objectif est de ressentir à nouveau cette formidable sensation."

L'année dernière, tu as signé ton premier podium sur ton circuit préféré, Phillip Island, et cette année tu y es parvenu par deux fois en Italie. Tu as besoin de te sentir "chez toi" pour réussir ?
"Disons que j'arrive à exploiter de façon positive mon Grand Prix à domicile et toutes les pressions qui l'accompagnent. Cela me booste, tout comme le soutien des gens, des fans. Phillip Island, c'est différent parce que c'est un endroit spectaculaire et j'aime ce circuit, c'est mon préféré. Le fait d'être sur son circuit préféré aide, tout est plus facile quand une piste te réussit, ceci dit je ne pense pas que ce soit ce qui fait la différence. Quant à l'ambiance de la maison, elle m'apporte une motivation supplémentaire mais je n'ai pas forcément besoin de cela pour être compétitif."

La prochaine étape devrait donc être de réussir partout, même sur des pistes qui te convainquent un peu moins. Y en a-t-il sur cette fin de saison ?
"Non, il n'y a pas de circuit qui me soit véritablement ennemi. Par contre, il y a un circuit sur lequel tout le monde, et pas seulement moi, a un peu de mal, c'est la Malaisie. Physiquement, il te ravage, il te met vraiment à l'épreuve."

Tu as été blessé à plusieurs reprises cette année. Comment affrontes-tu ces moments-là ? Tu sembles ne jamais te laisser abattre !
"J'ai malheureusement eu plusieurs blessures aux épaules cette année, je me les suis luxées plusieurs fois. J'ai connu des hauts et des bas pendant la saison parce que cela fait perdre la force et j'ai donc dû tout reconstruire en repartant de zéro. Mais je ne me laisse jamais abattre par cela. D'ailleurs, au Qatar, quand je me suis luxé les deux épaules, j'avais très mal mais j'essayais malgré tout de me convaincre que je n'avais rien. J'aurais voulu courir, mais maintenant ils sont devenus beaucoup plus restrictifs au centre médical."

Tu as rejoint la VR46 Riders Academy début 2015. Qu'est-ce qui a changé pour toi depuis ?
"Beaucoup de choses ont changé. Je dois remercier l'Academy, parce que c'est une formidable initiative et c'est un honneur et une chance pour moi d'avoir rejoint ce groupe. On est jeunes, on a faim, envie de faire des choses. On a la chance d'être en contact étroit avec Vale, qui est un maître et un ami pour nous, et cela nous permet d'augmenter notre niveau. Et puis, il y a de toute façon beaucoup de concurrence à l'intérieur du groupe."

Tu as besoin de cette concurrence pour te stimuler ?
"Oui. J'aime ça, dans tout ce que je fais j'ai besoin d'être stimulé de la sorte. J'aime être en concurrence. Quand j'allais à l'école, j'aimais aussi faire 'la course' pour savoir qui avait la meilleure note. J'avais du mal contre les plus bosseurs, par contre je gagnais contre mes amis !"

Il y a quelques temps, Uccio nous disait que tu faisais partie des rares à battre Valentino au Ranch… parfois !
"Disons que mon pourcentage a beaucoup augmenté dernièrement, parce que je progresse beaucoup au Ranch, alors oui ça arrive. En tout cas, Vale est très fort au Ranch et je le prends comme référence, c'est un défi de le battre. Et puis, il s'entraîne, il doit élever son niveau parce qu'on progresse sans cesse. Il est très fort à l'Americana (l'une des courses possibles sur une configuration de la piste, ndlr) et on rivalise souvent."

Finalement, l'Academy est comme une deuxième équipe. Y ressens-tu là aussi une certaine pression face aux résultats à obtenir ?
"Disons plutôt qu'il y a une motivation supplémentaire à l'idée de grandir au sein de l'Academy. Quoi qu'il en soit, la pression existe d'une manière générale, parce qu'ils gèrent aussi la partie managériale et les choses sont donc liées : meilleur tu es, plus facilement tu trouves la bonne équipe."

Tu es très grand. Qu'est-ce que cela change dans ton approche ?
"Je le prends surtout comme un avantage, parce que j'arrive à mieux déplacer mon poids comme je le veux. J'arrive à piloter plus facilement, cela me demande moins d'efforts. Le défaut, c'est que je suis moins aérodynamique et un peu plus lourd, mais cela reste toutefois plutôt un avantage."

Est-ce que cela pourrait te pousser à passer plus vite en MotoGP ?
"Ce serait bien. Ça m'a surtout poussé à passer tout de suite du Moto3 au Moto2, parce que j'avais beaucoup de mal en Moto3. Le MotoGP, c'est un rêve qui se rapproche et j'espère y passer tôt."

Plusieurs leaders de cette saison de Moto2 passeront l'an prochain en MotoGP. Te sens-tu prêt à prendre le témoin ?
"Je resterai au sein de la même équipe et c'est bien parce que je travaillerai avec les mêmes personnes, qui me connaissent déjà et avec qui je pourrai poursuivre ma croissance sans repartir de zéro. L'objectif principal, c'est de me battre pour les premières places et d'essayer de gagner. Le titre est mon objectif principal."