Mattia Pasini, impressionnant, a fait trembler le Mugello
Impressionnant, magistral, héroïque… Les superlatifs ne manquaient pas dimanche soir pour qualifier Mattia Pasini après la performance de premier ordre qu'il a réalisée au Mugello.
Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images
C'était indéniablement son week-end : sur une piste qu'il maîtrise à la perfection, sur laquelle il a vécu il y a huit ans l'un des moments forts de sa carrière en remportant une superbe bagarre contre son ami Marco Simoncelli en 250cc, le pilote italien a montré à chaque séance qu'il faudrait compter sur lui.
Systématiquement dans le haut du classement lors des essais, il s'élançait de la troisième place et n'était pas prêt à faire dans la demi-mesure. Après un meilleur départ réalisé par le leader du championnat, Franco Morbidelli, Mattia Pasini n'a eu besoin que de six virages pour prendre les commandes de la course. Plus précisément, il a porté son attaque dans Casanova-Savelli, un enchaînement droite-gauche qui allait donner des maux de tête à ses adversaires durant les 110 km de course.
Une fois en tête, Pasini a dicté son rythme, emmenant dans sa roue Márquez, Morbidelli et Lüthi, trois des principaux prétendants au titre. Fort d'une première victoire à Jerez et d'un podium il y a deux semaines au Mans, l'Espagnol est celui qui s'est montré le plus incisif, portant une première attaque dès l'entame du quatrième tour, mais sa prise de pouvoir n'allait alors durer que jusqu'à l'Arrabbiata.
Márquez a alors laissé l'Italien faire la locomotive, sans jamais quitter son échappement, suivi de près également par Lüthi. Morbidelli, qui avait été passé par le Suisse dans le sixième tour, a quant à lui quitté le groupe de tête qui s'était rapidement détaché des poursuivants, le leader du championnat semblant ce dimanche dans un faux-rythme inhabituel au vu du rendement de folie de son début de saison. S'il avait gagné chaque fois qu'il était parti de la pole à ce stade du championnat, cette fois l'Italien a dû faire preuve de sagesse pour, malgré tout, marquer les gros points de la quatrième place.
Devant, on ne faisait pas grand cas des difficultés du référent de la saison et on préparait une fin de course diabolique. À sept tours de l'arrivée, Mattia Pasini allait subir une nouvelle grosse attaque, marquant le début d'un duel entêtant contre Álex Márquez. Durant les tours qui ont suivi, les deux hommes n'ont eu de cesse de se chercher, et Pasini a maintes fois brillé par sa dextérité dans le fameux enchaînement de Casanova-Savelli. Si Lüthi les avait laissés tranquille, il n'en demeurait pas moins un observateur attentif, et l'entrée dans le dernier tour allait être le déclencheur d'une bagarre non plus à deux, mais à trois.
En portant son attaque dans le premier virage, le Suisse a chipé les commandes de la course et même fait rétrograder Pasini en troisième position. Mais c'était sans compter sur les virages 6 à 8… Un nouveau superbe passage dans Casanova-Savelli a permis à Pasini de reprendre une place à Márquez dans le changement d'angle, avant d'enchaîner en fondant sur Lüthi dans l'Arrabbiata. Imparable !
Il restait alors à résister jusqu'à l'arrivée, ce que Mattia Pasini est parvenu à faire pour passer sous le drapeau à damier en vainqueur, pour la première fois depuis ce fameux 31 mai 2009 où il avait su tenir tête à Simoncelli et imposer sa 250cc rose bonbon sur une piste alors détrempée. Deuxième vainqueur italien du jour, après Migno et avant Dovizioso, Pasini est allé chercher dimanche un succès particulièrement fort, qui avait tout pour faire trembler de bonheur les collines du Mugello.
Lui qui a connu tant de difficultés ces dernières années, que l'on disait fini, il a prouvé qu'il était capable d'une résurrection digne des plus belles histoires du sport. Il a longuement savouré l'ovation qui lui a été réservé dans son tour d'honneur avant d'entrer dans le parc fermé avec un drapeau orné du numéro 69 de Nicky Hayden, puis de dédier sa victoire à Marco Simoncelli. Une petite chute sur le podium viendra ajouter des sourires aux larmes d'émotion pour clore la journée parfaite de Mattia Pasini.
"Gagner au Mugello c'est quelque chose de spécial et c'est déjà la troisième fois", se réjouit l'Italien, qui signe sa première victoire, et même son premier podium, en 86 départs en Moto2. "Je suis très content, surtout après une course comme celle-ci, et puis après autant d'années, alors que tout le monde avait perdu confiance en moi. J'ai continué à y croire, à travailler dur, je n'ai jamais baissé les bras, et je suis encore là !"
Avec la deuxième et la troisième places, Álex Márquez et Tom Lüthi savent qu'ils ont malgré tout marqué des points précieux dans l'optique du championnat et tous deux ont salué la qualité de leur adversaire avec fair-play.
"Dans le dernier tour, j’ai tout essayé, mais je savais que Mattia était le plus fort de nous tous dans une partie du circuit, là où il avait dépassé Álex Márquez quelques tours plus tôt. Aujourd’hui, son rythme a été extraordinaire, bravo à lui, il a mérité d’enfin remporter son premier GP dans la catégorie", commentait le Suisse.
"Le dernier tour a été incroyable et j'ai attaqué autant que j'ai pu, mais j'ai peut-être trop réfléchi. J'avais épargné mes pneus pour le dernier tour, mais au final ça n'a pas suffi. Pasini avait un rythme incroyable toute la course", constatait quant à lui le pilote Marc VDS.
Lüthi et Márquez reviennent respectivement à 13 et 35 points de Morbidelli, qui limite tout de même très bien les dégâts grâce à sa quatrième place.
Oliveira confirme, Nakagami perd gros
Miguel Oliveira conforte quant à lui la quatrième place du championnat. Après avoir décroché ses deux premiers podiums dans la catégorie, il s'est une nouvelle fois classé dans le top 5 et a confirmé sa solidité en se détachant rapidement du groupe de poursuivants. Le Portugais a ainsi laissé Corsi, Bagnaia, Marini et Navarro se battre entre eux, un combat dont Luca Marini allait émerger vainqueur avec la sixième place à la clé, une belle réussite deux semaines après sa blessure au Mans et deux jours après une lourde chute à San Donato.
Il lui a pour cela fallu résister jusque dans la dernière ligne droite à un Dominique Aegerter revenu de loin. Après deux jours d'essais plutôt difficiles, c'est en effet un coup de poker dans les réglages de sa Suter qui s'est avéré déterminant pour le pilote suisse, qui a pu effacer sa qualification en 18e place et effectuer une solide remontée en course.
Corsi s'est quant à lui octroyé la huitième place, après un accrochage dans le dernier tour avec Bagnaia, tandis que Navarro admettra s'être un peu endormi avant de récupérer trois places dans les trois derniers tours.
Brad Binder n'a rallié l'arrivée que six dixièmes plus tard, et lui aussi revient de loin puisqu'il faisait son retour à la compétition après deux mois d'absence pour une blessure au bras. Pour accrocher ce résultat, le Champion du monde Moto3 a gagné 13 places en course, dont huit rien que dans le premier tour !
Takaaki Nakagami a eu beaucoup moins de chance. Dans la roue de Pasini, Morbidelli et Márquez dans le premier tour, il a été la victime collatérale d'une erreur de Luca Baldassarri à Bucine, ce qui lui vaut une nouvelle fois un score vierge préjudiciable pour le championnat.
Sont également partis à la faute Stefano Manzi, et Danny Kent qui pouvait prétendre au top 10 alors qu'il faisait son retour en Moto2 pour la première fois depuis sa séparation avec le Kiefer Racing en début d'année. Cette fois, l'Anglais remplaçait Iker Lecuona, blessé, chez Garage Plus Interwetten. Enfin, Xavi Vierge a dû déclarer forfait sur avis médical, après un accident samedi.
Mugello – Moto2 – Course
Pos. | Pilote | Moto | Écart |
---|---|---|---|
1 | Mattia Pasini | Kalex | 39'30.974 |
2 | Thomas Lüthi | Kalex | 0.052 |
3 | Álex Márquez | Kalex | 0.136 |
4 | Franco Morbidelli | Kalex | 3.643 |
5 | Miguel Oliveira | KTM | 5.124 |
6 | Luca Marini | Kalex | 13.266 |
7 | Dominique Aegerter | Suter | 13.299 |
8 | Simone Corsi | Speed Up | 13.703 |
9 | Jorge Navarro | Kalex | 15.485 |
10 | Brad Binder | KTM | 16.036 |
11 | Marcel Schrötter | Suter | 16.039 |
12 | Hafizh Syahrin | Kalex | 16.310 |
13 | Isaac Viñales | Kalex | 17.702 |
14 | Remy Gardner | Tech 3 | 21.335 |
15 | Xavier Simeon | Kalex | 22.740 |
16 | Andrea Locatelli | Kalex | 22.781 |
17 | Yonny Hernández | Kalex | 22.804 |
18 | Fabio Quartararo | Kalex | 23.705 |
19 | Sandro Cortese | Suter | 25.336 |
20 | Edgar Pons | Kalex | 28.534 |
21 | Axel Pons | Kalex | 29.512 |
22 | Francesco Bagnaia | Kalex | 40.336 |
23 | Jesko Raffin | Kalex | 40.351 |
24 | Tetsuta Nagashima | Kalex | 40.486 |
25 | Augusto Fernandez | Speed Up | 45.382 |
26 | Khairul Pawi | Kalex | 45.385 |
27 | Tarran MacKenzie | Suter | 1'07.733 |
28 | Federico Fuligni | Kalex | 1'07.742 |
Ab. | Danny Kent | Kalex | 12 tours |
Ab. | Stefano Manzi | Kalex | 12 tours |
Takaaki Nakagami | Kalex | ||
Lorenzo Baldassarri | Kalex |
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