Compatissant, Espargaró aimerait qu'Aprilia garde Redding

Alors qu'il a scellé son avenir en prolongeant de deux ans son union avec Aprilia, Aleix Espargaró assiste, impuissant, au calvaire de son coéquipier, Scott Redding.

Déjà témoin l'an dernier de l'échec de Sam Lowes à ses côtés, l'Espagnol a accueilli un nouveau compagnon d'équipe cette année, mais semble toujours être le seul à pouvoir se montrer performant avec la RS-GP. Au bout de cinq courses, le cauchemar est tel pour Redding que les bruits de couloir ne donnent pas cher de son avenir chez Aprilia, les rumeurs sur l'identité de son remplaçant étant de plus en plus lancinantes.

"Je me sens vraiment mal [pour lui]", compatissait Aleix Espargaró en marge du GP de France. "Je n'ai pas beaucoup parlé avec Scott avant qu'il n'arrive chez Aprilia, ces quatre dernières années, et quand il est arrivé j'ai découvert un garçon différent de celui que j'attendais, plus humain, plus proche."

"On a un peu parlé lors des dernières courses", poursuivait l'Espagnol, qui a tenté de se mêler au groupe de travail de l'Anglais après les qualifications du Mans. "Je me suis assis avec lui quand il était sur l'ordinateur pendant son debrief avec son team. C'est impossible pour moi de l'aider, mais [je peux] au moins parler avec lui, essayer d'expliquer ce que je pense, de donner des infos. Il a toutes mes informations, mais l'Aprilia n'est pas une moto facile."

"Tout doit être parfait parce qu'on a un peu moins de puissance qu'eux [les autres constructeurs, ndlr], la moto est un peu plus lourde", ajoutait-il. "Ça n'est pas facile. Je suis toujours à la limite à partir du vendredi matin – toujours, toujours. C'est pour ça que, quand les qualifs arrivent et que tout le monde prend des risques, je rétrograde parce que je ne peux pas prendre plus de risques que ce que je fais déjà."

S'il pensait que le fait d'atteindre le statut de pilote factory en ayant déjà derrière lui plusieurs années d'expérience en MotoGP lui permettrait d'éviter de connaître le même sort que Lowes, qui a pris en main la RS-GP en tant que rookie, Scott Redding a vite déchanté. Avec seulement cinq points à son compteur, il a fait à peine mieux que son compatriote à ce stade de la saison, bien qu'il n'ait connu qu'un seul abandon, au Mans. C'est surtout, à titre personnel, le plus faible score qu'il ait affiché au bout de cinq courses en comparaison des quatre saisons précédentes qu'il a pourtant disputées au sein de structures satellites.

Le fait est qu'un marché des transferts particulièrement précoce cette année place déjà Redding en position très instable, sans avoir encore eu véritablement le temps de trouver ses marques. Néanmoins, Espargaró aimerait qu'il lui soit donné la chance de rester en poste, car l'équipe aurait selon lui tout à gagner à miser sur la stabilité.

"J'espère que Scott pourra trouver la bonne voie", soulignait l'Espagnol, toujours au Mans, où il venait d'annoncer son nouveau contrat. "J'aimerais vraiment l'avoir comme coéquipier la saison prochaine. Je n'aime pas les changements. Pour l'équipe, il est bon d'avoir de la stabilité dans tous les domaines, mais il faut qu'il trouve de la vitesse."

Pas de souci si c'est Petrucci

Si Scott Redding venait à être remplacé à la fin de l'année, les candidats les plus sérieux pour ce faire seraient Andrea Iannone et Danilo Petrucci. Le premier cité est lui-même très menacé chez Suzuki, tandis que Petrucci est en lice pour intégrer l'équipe officielle Ducati, néanmoins il n'a pas encore de certitudes en ce sens et il a par ailleurs indiqué avoir reçu une offre d'Aprilia.

Or, une union Espargaró-Petrucci aurait probablement de quoi faire trembler les responsables de l'équipe, à en croire leurs confrontations passées, notamment celle qui a fait suite au GP d'Argentine en mars.

"J'ai eu des problèmes avec lui par le passé. Il m'a fait tomber deux ou trois fois ces quatre dernières années", pointe Espargaró. "Ce qu'il y a de bien dans le fait de l'avoir comme coéquipier c'est que je pense qu'il me respecterait un peu plus ! Franchement, ça m'est égal de savoir qui sera mon coéquipier. Votre coéquipier est votre premier adversaire."

"Qui que ce soit, j'aimerais vraiment que mon coéquipier soit très fort et Danilo a fait un podium avec la Ducati [au Mans], alors il serait le bienvenu et j'essaierais de le battre", promet le pilote espagnol.