Course - Márquez ou la victoire de la stratégie parfaite
Marc Márquez a conforté sa place de leader du championnat en remportant en République Tchèque sa troisième victoire de la saison, au terme d'une course flag-to-flag dans laquelle il a excellé... et où d'autres ont bu la tasse !
Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images
C'est un Grand Prix un peu fou qui a marqué la reprise du MotoGP, ce dimanche à Brno. Déclarée mouillée après les averses matinales, la course a débuté sur une piste où se distinguait déjà une trajectoire qui, rapidement, allait s'assécher. Si tous les pilotes ont pris le départ en pneus rainurés, ce n'était qu'une question de temps avant qu'ils ne passent par les stands pour changer de moto. Les exemples de courses gâchées par de mauvaises interprétations du timing à appliquer à de tels changements ne manquent pas dans l'Histoire du MotoGP, aussi fallait-il mettre à profit les leçons du passé pour tirer son épingle du jeu aujourd'hui.
Et le maître en la matière, c'est bien Marc Márquez. Parti de la pole position, le leader du championnat a commencé par changer de gomme arrière sur la grille, optant alors pour le pneu pluie soft. S'il a cédé les commandes à Jorge Lorenzo au bout de cinq virages, le pilote Repsol Honda avait un atout de taille dans sa manche : un changement de machine opéré dès le deuxième tour lui permettant de repartir plus tôt que ses rivaux en pneus slicks.
Pendant que l'Espagnol appliquait la stratégie qui allait finir par le faire gagner, Lorenzo a occupé la place de leader durant trois tours, mais il est bientôt apparu en grande difficulté et s'est vu contraint de céder les commandes à Rossi. Zarco se trouvait alors dans leur roue, suivi par Dovizioso et Viñales. De plus en plus mal à l'aise en pneus rainurés dans ces conditions, le Majorquin a fini par rentrer au stand à la fin de ce quatrième tour, et ce alors que sa seconde moto n'était pas prête pour une course sèche. Un cafouillage qui allait coûter très cher aux Rouges.
Pedrosa, Viñales ou encore Crutchlow sont eux aussi passés à leur stand au même moment que Lorenzo, tandis que Rossi allait attendre un tour de plus. Avait-il répliqué l'erreur du GP d'Allemagne de l'an dernier lorsqu'un changement tardif l'avait privé d'un bon résultat ? La suite de la course prouvera en tout cas que ça n'était pas le bon choix, et de même pour Zarco qui attendra le sixième tour pour opérer ce changement et ne pourra par la suite pas remonter aussi haut qu'espéré dans la hiérarchie.
Les Yamaha remontent et sauvent le maximum
La valse des pitstops a rapidement trouvé son gagnant en la personne de Marc Márquez, leader dès le sixième tour avec un matelas de 11 secondes sur Zarco, puis dès le tour suivant une avance abyssale de 19 secondes sur un groupe de poursuivants alors formé d'Aleix Espargaró, Scott Redding et Karel Abraham, tous trois parmi les premiers à être passés par les stands.
Tandis que Márquez enchaînait les meilleurs temps en tête d'une course où personne ne parvenait à l'inquiéter, Dani Pedrosa revenait en force à son tour. Rentré au stand un tour après son coéquipier – ce qu'il dira regretter quelque peu –, le pilote au numéro 26 a tout de même opéré une remontée payante, au point de déposséder Aleix Espargaró de la deuxième place dès le neuvième tour. La progression des Yamaha était, elle, plus lente : Viñales occupait alors la huitième place, Rossi la 11e. Chez Ducati, on devait à cet instant se contenter de la 14e place pour Dovizioso et de la 19e pour Lorenzo.
Alors que la première place était verrouillée et que Pedrosa s'était solidement installé en deuxième position, le reste de la hiérarchie allait encore fortement évoluer. Au fil des tours, la lutte qui s'est dessinée pour la troisième place a opposé Viñales, Petrucci et Crutchlow, et c'est le pilote Yamaha qui allait s'en sortir avec les honneurs d'un podium qu'il n'avait plus visité depuis le GP d'Italie.
Rossi et Dovizioso n'en avaient pas fini de cravacher. Parmi les plus rapides en piste sur la seconde moitié de course, ils finiront par être récompensés pour leurs efforts. Le pilote Yamaha parviendra en effet à déposséder Crutchlow de la quatrième place dans le dernier tour, de même que Dovizioso prenait l'avantage sur Petrucci pour la sixième place.
Yamaha place donc ses deux machines officielles dans le quarté de tête et limite les dégâts face au doublé de Honda, là où Ducati marque le pas et voit son fer de lance désormais talonné par Rossi au championnat, un petit point les séparant.
Espargaró pénalisé
Le changement de moto a eu une autre conséquence, la chute d'Andrea Iannone dans la pitlane, gêné par Aleix Espargaró qui quittait son stand au moment où le pilote Suzuki rejoignait le sien, juste à côté. Pénalisé, l'Espagnol s'est vu contraint de céder trois places et se classe huitième.
Du côté de KTM, on peut se réjouir d'avoir su lire dans ces circonstances très particulières, car un premier top 10 vient récompenser la firme autrichienne, grâce à Pol Espargaró. Bradley Smith, en revanche, a été contraint à l'abandon, au même titre que Bautista et Baz, partis à la faute.
Un temps deuxième et même brièvement leader de cette course folle, Johann Zarco n'est rentré au stand qu'au sixième tour. Sorti des points après cette interruption, il finira par remonter à la 12e place, un moindre mal qui lui permet d'entretenir sa série d'arrivées dans les points, ininterrompue depuis son abandon sur le premier Grand Prix, au Qatar. Son coéquipier Jonas Folger termine quant à lui dixième.
Enfin, Jorge Lorenzo marque le point de la 15e place après une course dont il a occupé un temps la tête mais qui aura été gâchée par la stratégie dans des conditions complexes à interpréter.
Brno - MotoGP - Course
Pos. | Pilote | Moto | Écart |
---|---|---|---|
1 | Marc Márquez | Honda RC213V | 44'15.974 |
2 | Dani Pedrosa | Honda RC213V | 12.438 |
3 | Maverick Viñales | Yamaha YZR-M1 | 18.135 |
4 | Valentino Rossi | Yamaha YZR-M1 | 20.466 |
5 | Cal Crutchlow | Honda RC213V | 20.892 |
6 | Andrea Dovizioso | Ducati GP17 | 23.259 |
7 | Danilo Petrucci | Ducati GP17 | 24.079 |
8 | Aleix Espargaró | Aprilia RS-GP | 30.559 |
9 | Pol Espargaró | KTM RC16 | 30.754 |
10 | Jonas Folger | Yamaha YZR-M1 | 33.236 |
11 | Álex Rins | Suzuki GSX-RR | 33.290 |
12 | Johann Zarco | Yamaha YZR-M1 | 34.595 |
13 | Karel Abraham | Ducati GP15 | 34.697 |
14 | Jack Miller | Honda RC213V | 38.062 |
15 | Jorge Lorenzo | Ducati GP17 | 40.100 |
16 | Scott Redding | Ducati GP16 | 44.376 |
17 | Tito Rabat | Honda RC213V | 45.454 |
18 | Sam Lowes | Aprilia RS-GP | 53.976 |
19 | Andrea Iannone | Suzuki GSX-RR | 1'23.346 |
20 | Héctor Barberá | Ducati GP16 | 1 tour |
Ab. | Bradley Smith | KTM RC16 | 2 tours |
Ab. | Loris Baz | Ducati GP15 | 7 tours |
Ab. | Álvaro Bautista | Ducati GP16 | 10 tours |
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