Crutchlow victorieux en Argentine et déjà "libéré de la pression"

Alors qu'a débuté depuis peu une saison MotoGP qui, sur le papier, s'annonce déjà exceptionnelle pour son nombre de courses, les pilotes indépendants se sont chargés de lui donner une aura encore plus particulière en marquant de leur empreinte les deux premiers Grands Prix. Les deux pole positions sont à mettre à leur actif, tandis qu'en course ils ont mené 34 des 46 tours parcourus, et comble de la réussite, c'est l'un d'eux qui occupe actuellement la tête du championnat.

Une prise de pouvoir qui est une première pour Cal Crutchlow depuis qu'il a rejoint le MotoGP en 2011, mais aussi un événement historique pour la Grande-Bretagne. Le pilote LCR, qui avait déjà mis fin en 2016 à une absence de victoires britanniques qui perdurait depuis l'ère glorieuse de Barry Sheene, a une nouvelle fois pris le témoin de son illustre aîné, 39 ans après que celui-ci ait occupé pour la dernière fois la tête du championnat, alors lancé dans une saison qu'il allait terminer à la troisième position.

"C'est arrivé en 1979, six ans avant ma naissance ! Cela me rend très fier," assure Cal Crutchlow, dans une interview pour le site officiel du MotoGP. "Quand j'ai gagné à Brno [en 2016], tout le monde parlait du fait que c'était la première victoire d'un Britannique en catégorie reine depuis Barry Sheene et me comparait à lui, ce qui était incroyable. Le simple fait qu'on parle de moi dans la même phrase que Barry m'inspire de l'humilité. Mais il a gagné tellement de courses, ainsi que deux titres, et je n'ai remporté que trois courses, j'ai encore du boulot."

Mieux saisir sa chance que par le passé

Trois victoires, oui, car aux deux succès qui ont ouvert son compteur en 2016, Crutchlow a ajouté une nouvelle victoire en ce début d'année en Argentine, au terme d'un Grand Prix un peu fou qui l'a vu faire mouche dans les instants décisifs après avoir parfaitement géré sa performance. En comparaison de ses victoires précédentes, le timing de celle-ci le met dans des dispositions différentes alors que plus de six mois de compétition attendent encore les pilotes de l'élite.

"La victoire de dimanche n'était pas inattendue. Marc [Márquez] avait été le plus rapide pendant le week-end, c'était clair. Mais, même le samedi, j'ai senti que la victoire se jouerait entre lui et moi. Il était l'homme à battre, mais je sentais que j'étais le plus rapide après lui, donc s'il n'était pas dans la course et si je faisais ce qu'il fallait, j'avais une chance élevée de victoire. J'ai fait ce qu'il fallait et j'ai gagné."

"Gagner une course MotoGP, c'est énorme et c'est génial d'en avoir remporté une dès la deuxième manche. Brno était à la mi-saison en 2016 et Phillip Island vers la fin de l'année, mais décrocher cette victoire si tôt me met vraiment sur de bons rails pour le reste de 2018. Pendant de nombreuses courses l'année dernière, j'ai eu le sentiment que je pilotais bien mais que je n'avais pas saisi ma chance comme je l'ai fait dimanche."

"Je ne vais cependant pas me laisser tourner la tête. Je suis libéré de la pression en ce qui concerne la quête d'une victoire cette année, mais pour gagner le titre il faut remporter six courses ou plus encore. Marc et Andrea [Dovizioso] en ont gagné six chacun l'année dernière, c'est donc ce vers quoi j'ai besoin d'aller pour me battre pour le titre. Mais mon objectif est de me battre pour le podium à chaque course."

"Pas d'illusions" pour la saison

Cette victoire s'ajoutant à sa quatrième place de Losail, Cal Crutchlow a pu chiper la place de leader du championnat à Andrea Dovizioso et, pour la première fois depuis qu'il évolue en Grand Prix, c'est en meneur du MotoGP qu'il investira Austin cette semaine pour y disputer la troisième manche de la saison.

"Je sais à quel point il est difficile de remporter des courses en MotoGP et je saurai bientôt, quand on arrivera à Austin, à quel point il est difficile d'être en tête du Championnat du monde. Je ne l'ai plus expérimenté depuis le World Supersport en 2009 ! Je ne me fais pas d'illusions quant à la difficulté de la saison. C'est la plus longue de l'Histoire et la concurrence est incroyablement forte. La clé, pour moi, c'est d'être régulier et d'essayer de marquer des points à toutes les courses", souligne le pilote LCR.

Contraint à l'abandon cinq fois l'an dernier, Crutchlow a marqué le pas au championnat en rétrogradant de deux positions, et en échouant à remporter la moindre course après ses deux victoires de 2016. C'est le chemin inverse qu'il veut suivre cette année et ce début de championnat semble le mettre dans de bonnes dispositions pour cela. Affaire à suivre !