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Petrucci : "Encore plus de pression" au Dakar qu'en MotoGP

Danilo Petrucci admet avoir beaucoup réfléchi pendant son premier Dakar, confronté notamment à des risques qui ont bousculé ses repères. Une aventure de bout en bout pour un pilote qui s'est jeté à corps perdu dans cette expérience à nulle autre pareille.

#90 Tech 3 KTM Factory Racing: Danilo Petrucci

Photo de: Red Bull Content Pool

Danilo Petrucci a conscience d'avoir vécu sur le Dakar une expérience hors-normes dans sa carrière, deux semaines qui ont chamboulé sa vision de la course moto après plus de 15 ans de compétitions sur les circuits. "Ça a été l'une des plus belles expériences de ma vie. J'ai l'impression d'être parti sur le Dakar il y a genre deux ans ! C'est comme si ça ne se terminait jamais", résumait-il une quinzaine de jours après l'arrivée, dans une longue interview accordée à Motorsport.com.

Il avait beau n'afficher aucun signe de fatigue, le pilote italien sortait d'une expérience éprouvante, tant physiquement que mentalement. Une aventure qui aurait pu s'arrêter avant même de débuter, puisqu'après une cheville cassée en décembre, c'est un test PCR positif qui a failli stopper son rêve. Le résultat négatif indispensable n'est arrivé qu'à la veille du départ, soumettant le pilote à un stress supplémentaire en plus de l'obliger à se placer à l'isolement. Lui qui n'avait jamais dormi hors d'un lit, il a découvert le Dakar à la dure, couchant dans une tente durant plusieurs jours avant de pouvoir bénéficier du confort d'une caravane pour la suite de la course.

"C'est comme si quelque chose ou quelqu'un essayait de me dire qu'il ne fallait pas que je fasse cette course", a-t-il observé en se remémorant cette accumulation de mésaventures. Si ces épisodes n'ont pas suffi à le décourager, une casse mécanique, deux jours après le départ, a bien failli avoir raison de sa motivation. Au moment où il a voulu appeler ses mécaniciens pour réparer, il s'est en effet aperçu qu'il avait perdu ses effets personnels et particulièrement son téléphone, et a donc dû se résoudre à appeler les secours et à se faire rapatrier au bivouac.

"Je me suis posé la question", a-t-il admis, interrogé sur l'éventualité d'abandonner à cet instant. "C'était du 50-50 parce que je me suis dit que ça n'était pas possible que [tout ça] m'arrive. Mais dans le même temps, je me suis dit que je ne pouvais pas rentrer à la maison parce que je n'avais pas de téléphone portable et pas de passeport. Je n'avais rien pour rentrer. Alors je me suis dit 'OK, on va essayer, je suis ici pour prendre de l'expérience'."

Malgré ces débuts difficiles, le Dakar a rapidement offert à Danilo Petrucci ce qu'il était venu y chercher en plus du défi personnel : la performance. Dès la première semaine, il parvenait à remporter une étape, du jamais vu pour un pilote précédemment vainqueur en MotoGP ! Un succès là encore atypique, car obtenu à la suite de la pénalité de Toby Price et qu'il a donc appris officiellement… alors qu'il était à l'ambassade, pour refaire son passeport.

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Danilo Petrucci a pourtant conscience d'avoir joué avec le feu ce jour-là, alors qu'il suivait Kevin Benavides en donnant tout au guidon de sa KTM. "On est passé à fond de sixième dans une tempête de sable pendant 15-20 minutes, ça n'en finissait pas. Je ne pouvais voir que son feu arrière et cette forme rouge devant moi. Je me suis dit 'mais, Danilo, tu es vraiment stupide, qu'est-ce que tu fais ?' Mais j'ai ressenti la même émotion que quand on passe le premier virage de Philip Island en sixième avec la roue arrière qui patine sur le mouillé. C'était la même sensation, le fait de ne pas vraiment être concentré et de ne pas accorder beaucoup d'importance à sa vie à ce moment-là."

Les sensations grisantes de performances comme celles-ci se sont en effet accompagnées d'une conscience de plus en plus accrue des risques qu'il a dû prendre, et ces réflexions n'ont plus quitté le pilote, déjà confronté aux doutes dès l'annonce de sa participation.

"Je me suis posé beaucoup de questions, surtout parce que quand j'ai commencé à dire que j'allais faire le Dakar, tout le monde m'a regardé et m'a dit : 'Qu'est-ce que tu as bu hier soir ?' Et surtout les plus expérimentés, ceux qui ont gagné, m'ont dit : 'OK, c'est sympa, mais il vaut mieux que tu partes en vacances avec tes amis, parce que tu n'as pas d'expérience dans le désert et c'est vraiment très difficile et surtout c'est dangereux'. Malheureusement, le Dakar est vraiment dangereux."

"Alors, avec beaucoup de choses à l'esprit, je me suis dit : 'OK, je sais ce que je peux faire. Je n'ai pas de pression, alors on va essayer'. J'en avais assez du milieu du MotoGP et de toute la pression, toutes ces choses-là. Il faut vraiment être à 100% mentalement et physiquement pour courir en MotoGP. J'étais assez fatigué à un moment donné. C'est la raison pour laquelle je n'ai pas accepté d'étudier d'offres du Superbike, parce que l'effort est le même pour un pilote entre le MotoGP et le Superbike."

The Italian impressed many onlookers on his Dakar debut despite being warned not to make it his first-ever off-road race

Danilo Petruci

"Après ma première victoire d'étape, j'ai appris qu'il y avait encore plus de pression que j'en avais eue en MotoGP, parce que tout le monde me regardait et disait que j'avais déjà fait quelque chose qui allait bien au-delà des attentes. Donc tout le monde, y compris mon team, m'a dit qu'il fallait désormais que j'atteigne l'arrivée. Or ça n'est pas facile. J'ai découvert que ça n'est pas ce qu'il y a de plus facile, c'est pratiquement aussi difficile que gagner une étape. Et puis dans les deux derniers jours, j'ai eu deux très grosses chutes en fin d'étape. Peut-être que j'étais fatigué, je ne sais pas. En tout cas, j'ai beaucoup pensé à ma vie et à ma forme physique pendant ce Dakar."

Partager la route avec les chameaux et les pick-ups

S'il a été à ce point confronté à de profondes réflexions, c'est aussi que Danilo Petrucci a découvert les aspects les plus rudes de cette course, qui le faisait rêver mais dont il ignorait la réalité, y compris dans la compétition.

"Quand je suis arrivé sur place, j'ai découvert que c'est une course pleine de stratégie. Mais ce qui a été difficile à accepter, c'est qu'il y a vraiment beaucoup de choses qui peuvent changer votre course et que vous ne pouvez pas toutes les contrôler", a-t-il expliqué, lui qui a subi plusieurs chutes et a connu une rencontre mouvementée avec un chameau.

"Il peut y avoir un trou dans le sable qui vous fait passer par-dessus la moto et vous détruit, ou bien un petit truc peut casser sur la moto et votre course est terminée. Ou bien, souvent on a rencontré une voiture qui venait en sens inverse alors qu'on courait. Un saut d'un mètre peut faire une grande différence, et c'est difficile à accepter pour un pilote MotoGP. Au début, j'étais vraiment très confus parce que je me disais qu'on ne pouvait pas courir en quatrième ou cinquième, et voir un pick-up Toyota venir vers nous à la sortie d'un virage. Ça n'est pas acceptable. Et on m'a dit que c'était le Dakar. Disons que mes objectifs en termes de sécurité étaient complètement dépassés par rapport au MotoGP."

"On peut trouver des chameaux partout. Et surtout, au départ et à l'arrivée de chaque étape, il y avait du public, des gens qui regardaient la course et qui étaient là avec leur pick-up et allaient dans la direction opposée. C'est comme si dans les trois derniers tours d'une course MotoGP, on ouvrait les grilles pour les gens et que les voitures pouvaient traverser ou que d'autres personnes pouvaient se mettre là. Dans la première étape, pendant les 30 derniers kilomètres, je suivais cette route en plein milieu du désert et, à chaque colline, chaque dune, un pick-up arrivait d'un côté, à deux mètres de moi, et je disais 'non, ça n'est pas possible'. J'étais très tendu et nerveux au bout de 350 kilomètres, je n'avais jamais passé autant de temps sur la moto."

It wasn't an easy start to the Dakar Rally for Danilo Petrucci due to injury and a positive COVID-19 test

Danilo Petrucci

"Parfois, dans les dunes, on peut faire un désastre en étant simplement un mètre plus à droite ou un mètre plus à gauche. Les dunes, c'est l'anarchie. Il n'y a aucune règle. À chaque dune, on ne sait pas ce qui se cache derrière. Il peut ne rien y avoir, mais ça peut aussi être une chute de 20 mètres ou bien une marche et on atterrit dessus. C'est donc vraiment quelque chose qu'il faut comprendre et dépasser. Et puis, on essaye toujours de travailler sur les centièmes de seconde. Il faut comprendre qu'on peut perdre tout ce qu'on a gagné en gardant les gaz à fond pendant deux secondes à l'approche d'une falaise. Cent fois, il n'y aura rien, et puis il suffit d'une fois où on atterrit sur une pierre et on peut détruire sa course, ou se détruire physiquement. Alors, au début, c'est difficile physiquement, et à la fin c'est quelque chose qui, mentalement, vous détruit parce que vous ne pouvez jamais, jamais vous relâcher.”

Au début, c'est difficile physiquement, et à la fin c'est quelque chose qui, mentalement, vous détruit parce que vous ne pouvez jamais, jamais vous relâcher.

Danilo Petrucci

"Concernant le pilotage, disons que j'ai utilisé toute mon expérience et toutes mes compétences pour régler rapidement ma moto du Dakar, parce que je ne savais pas à quoi m'attendre. J'ai donc décidé de me faire une moto qui soit plus sûre pour les sections très rapides, j'ai principalement travaillé là-dessus. Mais mon expérience du MotoGP m'a beaucoup aidé sur la répartition des masses et la manière dont faire peser le poids sur la moto. J'étais bien préparé physiquement même si je n'ai pas fait de véritable préparation à cause de ma cheville cassée. J'arrivais à tenir le rythme pendant quatre heures. On ne peut pas aller à 100%, parce qu'on ne sait pas ce qui vient ensuite, ce qu'il y aura après le prochain virage, alors il faut garder de la marge et c'est la raison pour laquelle je peux maintenir ce rythme non pas pour 45 minutes, mais pour trois ou quatre heures. Par contre, la navigation c'est un autre monde et j'ai besoin d'y travailler si je veux être compétitif sur l'intégralité de la course."

Passionné de motocross et de rallye-raid, l'ancien pilote Ducati en MotoGP, vainqueur de deux Grands Prix, aura expérimenté quasiment sans transition un monde totalement différent de celui dans lequel il avait ses repères. "J'ai vraiment fait quelque chose auquel je ne m'attendais pas, et dont j'avais peut-être aussi besoin après deux années si difficiles en MotoGP", a-t-il résumé, admettant avoir quitté les Grands Prix avec une fatigue mentale qu'il avait besoin de laver.

“C'est vraiment un monde opposé. Le bivouac et le paddock MotoGP sont similaires sur certaines choses, mais le paddock MotoGP est assurément plus glamour, on peut voir de gros camions, des hospitalités, beaucoup de femmes aussi. Mais d'un autre côté, on ne voit pas de motos. Sur le bivouac du Dakar, on peut voir la nouvelle Audi, on peut voir Carlos Sainz qui travaille, Peterhansel..." a-t-il décrit, lui qui a vécu son immersion en la partageant, par le biais de rendez-vous quotidiens en live sur Instagram, avec toute la passion et la naïveté qu'on lui connaît. Et, comme on pouvait s'y attendre, il s'est attiré la sympathie de tous. "On peut rencontrer beaucoup de gens, tout le monde est très amical et aventureux. Mais j'aime les deux. J'ai vraiment beaucoup d'amis dans le paddock MotoGP et j'en ai aussi maintenant sur le bivouac du Dakar", a-t-il voulu retenir, la tête pleine de souvenirs.

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