Le week-end s'ouvre sur un circuit Termas de Río Hondo particulièrement sale, qui met à la peine l'ensemble du plateau. Les gros bras parviennent malgré tout à progresser durant la seconde séance du vendredi, mais Jorge Lorenzo est une exception de taille. Seulement 14e, il met en cause la stratégie appliquée par son team en fin de séance. Il se rattrape en chaussant les pneus neufs dès le début des EL3 et obtient son ticket pour la Q2.
Le Grand Prix bascule dans les EL4, marqués par un événement impressionnant et inquiétant, la délamination du pneu arrière de Scott Redding, alors que celui-ci se trouve à plus de 200 km/h. Il évite la chute et de graves blessures, mais l'incident pousse le manufacturier à revoir sa copie en urgence.
Première réaction pour Michelin : retirer les deux pneus arrière initialement prévus dans son allocation, le temps que des analyses soient menées sur la carcasse pouvant être incriminée. Un pneu de substitution, à la carcasse plus dure, est fourni et 30 minutes de warm-up sont ajoutées au programme afin de le tester.
Nouveau changement dimanche matin : la séance supplémentaire doit être annulée, l'arrivée de la pluie ayant inondé certains accès au circuit et rendu de toute façon impossible le test du pneu slick en question.
Faute de test du pneu de substitution avant la course, on en arrive à un compromis final qui voit le retour des pneus initialement écartés après le problème de Redding, mais une course disputée sur une distance réduite et avec l'obligation de changer de gommes (et donc de moto) dans une fenêtre imposée.
Malgré les événements du samedi midi, les qualifications ont pu avoir lieu et c'est Marc Márquez qui s'est octroyé la pole position, lui qui est invaincu dans cet exercice depuis que l'Argentine a fait son retour au championnat. Au départ, Jorge Lorenzo signe le holeshot, mais en quelques virages à peine il se fait reprendre par Andrea Dovizioso (nouveau leader), Valentino Rossi et l'Espagnol de Honda.
Mal à l'aise sur une piste aux conditions mixtes, Jorge Lorenzo a beau avoir signé le meilleur départ, il perd rapidement du terrain. Son calvaire prend fin dans le sixième tour, lorsqu'il chute en passant sur une trace d'humidité. Après sa victoire au Qatar, ce Grand Prix lui coûte la tête du championnat.
Márquez dépossède Dovizioso des commandes dans le troisième tour et s'offre par la suite un beau duel contre Valentino Rossi, un an après leur passe d'armes électrique ici-même. Il va profiter du passage par les stands dans le dixième tour pour prendre un avantage décisif.
C'est dans le changement de moto que l'Espagnol va chercher sa victoire, lui qui a choisi de garder la machine avec laquelle il se sentait le mieux pour la seconde partie de la course. Alors que Márquez et Rossi sont rentrés au stand roue dans roue, le pilote Honda a ensuite écrasé la course et s'est constitué en quelques boucles à peine plus de sept secondes d'avance.
Rossi a suivi une stratégie inverse, il a gardé sa seconde moto pour le second stint, or il se sent moins à l'aise à son guidon et connaîtra une fin de course difficile, aux prises avec d'autres adversaires.
Tandis que Márquez file devant, Rossi est rattrapé par un trio déchaîné, emmené par Maverick Viñales. Le pilote Suzuki est toutefois éliminé en passant sur une trace humide dans le virage 1 et Rossi, en bagarre contre les pilotes Ducati, subit une attaque musclée de la part de Iannone.
Ce n'est pas la fin des rebondissements. La course reste imprévisible jusque dans les derniers mètres : alors que les deux pilotes Ducati sont en passe de monter sur le podium, l'attaque de Iannone sur son coéquipier se solde par une double chute à la toute fin du dernier tour et Rossi hérite de la deuxième place. Dovizioso mettra un point d'honneur à franchir la ligne d'arrivée à la poussette, pour marquer les trois points de la 13e place. L'une des images marquantes de cette saison.
Dani Pedrosa signe son premier podium de la saison, non sans mal. Poussé hors-piste au départ, il a dû remonter de la 15e position. Après l'arrêt au stand, son duel contre Redding se clôt par le problème technique de l'Anglais, puis c'est la double chute des Ducati officielles qui le propulse sur le podium. "Peut-être mon plus grand jour de chance", reconnaîtra-t-il.
Avec un passage par les stands et pas moins de dix chutes dans le peloton, c'est un Grand Prix très atypique, qui fait des heureux. Au guidon de machines satellites, le trio Eugene Laverty - Héctor Barberá - Pol Espargaró se classe de la quatrième à la sixième places.
Loris Baz occupait la septième place et il s'était justement défait de Laverty, Pol Espargaró et Barberá lorsqu'il a fallu en passer par les stands. En proie à un problème technique après le changement de moto, il est contraint de renoncer.
Aprilia décroche ce qui est alors son meilleur résultat global – et qui ne sera qu'égalé plus tard dans la saison, au Japon – en marquant 15 points avec Stefan Bradl septième et Álvaro Bautista dixième. La course est toutefois marquée par un incident dans la pitlane, lorsque l'Espagnol renverse par accident l'un de ses mécaniciens.
Après ce deuxième Grand Prix de la saison, Marc Márquez récupère la tête du championnat pour la première fois depuis la fin de saison 2014. Honda et Repsol Honda prennent aussi les commandes des championnats constructeurs et teams.
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