Malgré la défaite, Márquez retient sa belle bagarre contre Dovizioso

Marc Márquez aura tout tenté, mais rien n'y a fait aujourd'hui face à Andrea Dovizioso. Le Grand Prix du Japon nous a régalés, avec un nouvel épisode du magnifique duel que se livrent les deux hommes, de plus en plus détachés au sommet du championnat. Sur les terres de Honda, c'est vers l'Italien qu'a penché la balance après une confrontation directe qui a une nouvelle fois offert de superbes dépassements.

Longtemps deuxième, Márquez n'a jamais compté plus que quelques dixièmes de marge sur son rival. Son dépassement de Petrucci à la mi-course, pour prendre les rênes, n'a pas créé de cassure puisque Dovizioso a pu se défaire de son compatriote dans la foulée. Le pilote Honda a, certes, tenté de cravacher, cependant la GP17 avait du répondant et l'a prouvé en s'emparant à son tour du commandement à six tours du drapeau à damier. Trois tours plus tard, c'est l'Espagnol qui portait une nouvelle estocade et réessayait de filer en tête.

Márquez savait que, jusqu'au bout, il devrait gérer à la fois l'insistance de Dovizioso et la complexité des conditions de piste, le tout avec un pneu arrière arrivé à la limite. Entré dans le dernier tour avec quatre dixièmes de marge, l'Espagnol a perdu gros dans une ruade au virage 8, permettant à Dovizioso de revenir dans sa roue. La performance de l'Italien au virage 10 puis la puissance de la Ducati dans la ligne droite de retour qui y faisait suite allaient faire le reste et c'est ainsi que Márquez se faisait déposséder des commandes à quatre virages de l'arrivée. Ne restait plus qu'une solution, tenter le tout pour le tout dans le dernier virage, néanmoins le pari n'allait pas aboutir en faveur du pilote Honda.

"La deuxième place ça m'allait, parce que je suis devant au championnat, mais j'ai quand même pris beaucoup de risques", relate le pilote espagnol. "On savait que cette piste serait difficile parce que Ducati y est très, très rapide chaque année, et en particulier Dovizioso. En tout cas on a essayé et je me suis senti bien sous la pluie."

"En course, avec beaucoup d'eau, c'était un peu plus difficile mais j'ai essayé. J'ai attaqué, j'ai pris des risques sur certains tours mais j'ai vu que Dovi arrivait lui aussi à être très, très rapide. Ensuite une faute au virage 8", concède Marc Márquez. "Il m'a passé au virage 11 parce qu'il était plus fort au freinage. À la fin j'étais très loin, mais je me suis dit que j'allais essayer dans le dernier virage et qu'on verrait bien. On a réédité la situation de l'Autriche, mais c'était génial."

Le pilote espagnol s'est excusé pour un dépassement un peu trop musclé sur son rival, soulignant toutefois à quel point leur confrontation est exaltante. "On se bat d'une belle façon", pointe-t-il. "Le virage 3 était limite parce que j'ai freiné très, très loin de lui et à un moment donné j'ai réalisé que soit je passais à l'intérieur soit j'allais le heurter. J'ai pris l'intérieur et c'était limite. Pour le reste, notre bagarre a été très, très belle et j'ai pris beaucoup de plaisir."

Une question de confiance

Alors que les autres pilotes Honda sont apparus très en difficulté dans les conditions rencontrées ce week-end, Marc Márquez a véritablement évolué à un tout autre niveau, ce qu'il peine à s'expliquer. "L'année dernière notre moto fonctionnait très bien sur le mouillé, cette année c'est plus critique mais pour moi les chronos arrivent", observe-t-il.

Il n'en reste pas moins que l'Espagnol admet s'accorder une prise de risques importante, semblant en ce sens beaucoup plus libre que bien des pilotes. "La dernière partie du point de freinage, c'est là qu'il faut croire en la moto, il faut relâcher les freins et y croire", explique-t-il. "À certains endroits, ça fait très peur parce qu'on a l'impression qu'on va partir en highside. Il faut y croire", explique-t-il, notant tout de même avoir perdu une part de cette confiance en fin de course lorsque son pneu arrière a été très usé.

"On travaille bien, on a trouvé un bon set-up", poursuit Marc Márquez. "Sur le mouillé, on est rapides sur tous les circuits et j'en suis content car c'est important pour le championnat." Le Champion du monde en titre peut compter sur sa régularité, cependant il n'est pas moins un observateur attentif des qualités et des défauts de celui qui lui tient tête, et au Japon c'est précisément au freinage que Dovizioso avait, selon lui, la supériorité.

"Sur ce circuit, la Ducati était plus forte au freinage. Dans la dernière partie [du freinage], ils arrivaient à stopper la moto avant d'entrer dans le virage. J'entrais plus vite, pas parce que je le voulais mais parce que je n'arrivais pas à stopper la moto. Je devais juste bloquer l'avant et relâcher les freins, entrer et voir ce qui allait se passer dans le virage."

"Je ne sais pas qui va gagner ce championnat, mais c'est génial de se battre comme on l'a fait aujourd'hui, sous la pluie", s'enthousiasme le vaincu du jour, prêt à se tourner vers le prochain épisode de cette bagarre magnifique, devenue un duel exaltant.