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Jarno Saarinen, prodige au destin tragique

À l'heure où le retour du GP de Finlande est à présent officialisé, le nom de Jarno Saarinen resurgit, non sans nostalgie chez ceux qui ont vu courir le jeune prodige.

Jarno Saarinen

Jarno Saarinen

C'est l'un des accidents les plus tragiques des Grands Prix qui a brisé le parcours de Jarno Saarinen, seul Champion du monde moto venu de Finlande. À 28 ans seulement, il fut emporté par sa passion et par une discipline encore peu sécurisée. Il ne courait en Grands Prix que depuis trois ans, mais avait su s'imposer comme l'un des pilotes les plus prometteurs de sa génération. Un vent de fraîcheur venu de Finlande, qui introduisait une nouvelle façon de manier les motos.

Une progression fulgurante

D'abord mécanicien, Jarno Saarinen finit par se laisser tenter par le pilotage. Courses sur glace, puis sur asphalte, il se fit rapidement remarquer et, dès 1970, un team privé lui permit de faire ses débuts en Championnat du monde. Première année et déjà un premier succès d'estime, avec la quatrième place de la saison 250cc au guidon de sa Yamaha.

L'année 1971 le vit évoluer dans trois catégories différentes, un cumul qui était alors parfaitement banal. Le Grand Prix de Tchécoslovaquie lui valut sa première victoire mondiale (en 350cc) et d'autres suivirent avant la fin de la saison.

Jarno Saarinen, GP de Belgique 1972
Jarno Saarinen, GP de Belgique 1972

Très vite, Yamaha vit en lui un pilote d'avenir, capable de faire briller la marque par ses bons résultats et un talent pur indéniable. C'est ainsi qu'il devint pilote officiel au sein de l'équipe nippone pour la saison 1972. Les succès s'enchaînèrent et, avec pour moins bon résultat une quatrième place, il remporta le titre en 250cc avec un point d'avance sur Renzo Pasolini.

Dans le même temps, il conclut la saison 350cc au deuxième rang, non sans un coup d'éclat : une course mémorable sous la pluie de Charade, où son aisance dans des conditions particulièrement difficiles en déconcertèrent plus d'un − y compris Giacomo Agostini, alors battu sèchement. Vice-champion de la catégorie, le Finlandais Volant s'était définitivement fait une réputation.

Lorsqu'il arriva en 500cc en 1973 sur cette lancée, Saarinen était très attendu, notamment par Agostini, déjà auréolé de sept titres consécutifs dans la discipline (!). La star italienne était prête à se confronter en catégorie reine à ce petit jeune qui lui avait déjà donné fort à faire en 350cc.

Engagé en 250cc et en 500cc en cette funeste saison 1973, Jarno Saarinen avait réussi son début de championnat : trois victoires en quart de litre et deux en catégorie reine. Seul point noir : un abandon sur casse mécanique, à Hockenheim, alors qu'il partait de la pole position, qu'il occupait la tête de la course et qu'il en avait établi le meilleur tour. Le Roi Ago chancelait et Saarinen n'était pas prêt à s'arrêter en si bon chemin.

Jarno Saarinen, Daytona 1973
Jarno Saarinen, Daytona 1973

La mort au tournant

Une semaine après son abandon en Allemagne, il était bien décidé à retrouver le chemin de la victoire. Et quel meilleur endroit que Monza, les terres d'Agostini, pour cela ? Il n'en aura toutefois pas eu le temps car, avant de s'aligner au départ de la course des 500cc, Saarinen disputa une manche 250cc qui allait tourner au drame.

La démoniaque Curva Grande, abordée juste après le départ et à pleine vitesse, fut le théâtre de la chute de Pasolini, qui faucha Saarinen. Dans la foulée, c'est un bon tiers du peloton qui se retrouva au sol, dans un amoncellement de tôle et de corps qui laissera les images les plus dramatiques dans les esprits des témoins de la scène. Saarinen et Pasolini ne se relevèrent pas.

L'enquête conclut à une responsabilité mécanique, un serrage du moteur de la Harley de Pasolini. Cette interprétation reste toutefois sujette à polémique, puisque nombre de pilotes attribuèrent immédiatement l'accident à l'huile laissée en piste dans la course précédente. À l'époque, il avait été reproché aux organisateurs de ne pas avoir fait le nécessaire ni pour nettoyer la piste ni pour avertir les pilotes, version qui suscite toujours autant le débat aujourd'hui.

Au-delà des causes précises de la chute de Pasolini, qui allait entraîner cet accident groupé et ce drame, il faut bien entendu s'imaginer des standards de sécurité très éloignés de ceux que connaît aujourd'hui le MotoGP. On vous parle d'un temps où les rails étaient légion et où les seules protections censées amortir les chutes étaient des bottes de paille, aussi dérisoires que dangereuses lorsque les machines accidentées s'enflammaient. Ce fut précisément le cas en ce 20 mai 1973. Le temple de la vitesse était devenu celui de l'horreur.

Le Championnat du monde avait pratiquement un quart de siècle mais en matière de sécurité tout restait à faire. Et, aussi cruel cela soit-il, il faut bien souvent un choc émotionnel fort pour enclencher de réelles mesures. Ce dramatique accident, ces images atroces et la mort brutale de ces deux pilotes de premier plan constituèrent ce déclencheur. En réaction à ces événements, les pilotes multiplièrent les grèves pour protester contre les conditions déplorables dans lesquelles certaines courses se déroulaient. Le règlement, peu à peu, évolua et l'on vit la création du tour de reconnaissance et l'amélioration progressive de la sécurité du bord de piste. 

Jarno Saarinen sur une publicité Yamaha de 1973
Jarno Saarinen sur une publicité Yamaha de 1973

Un pilote précurseur et inspirant

Jarno Saarinen restera également dans l'Histoire comme ayant été le premier pilote non-Américain à s'imposer sur les 200 Miles de Daytona, en 1973. Une victoire marquante puisqu'il imposa sa 350cc face aux 750cc − même si nombre d'entre elles, il est vrai, avaient abandonné. Il s'illustra aussi sur les 200 Miles d'Imola et son aisance face aux pilotes de référence − et aux Italiens − marqua alors les esprits.

Saarinen n'a couru que trois ans au niveau international, mais il détonait dans le milieu. Cet ancien élève ingénieur, mécanicien avant de devenir pilote, fut d'abord un électron libre. "À l'époque, Jarno faisait tout tout seul : il courait et réglait sa moto. À ses côtés, il n'y avait que sa femme, Soili, avec laquelle il vivait dans une roulotte", racontera son mécanicien Ferry Brouwer au Corriere della Sera.

Ce n'est que lorsque Yamaha fit de lui un pilote officiel que Saarinen s'entoura de mécaniciens (dont Brouwer) et d'ingénieurs. "Jarno était méticuleux. Il ne laissait rien au hasard. Il était ingénieur et il mettait beaucoup de passion dans la préparation de sa moto", expliqua Brouwer.

"Jarno n'était pas que pilote et ses notes sur la mise au point étaient fondamentales", souligna-t-il encore. "Jarno était assez taciturne et quand il parlait tout le monde était prêt à l'écouter pour essayer de lui arracher quelques secrets sur ses formidables performances en piste."

Oui car, par son pilotage également, Jarno Saarinen − à qui Jarno Trulli, né en 1974, doit son prénom − a marqué l'Histoire. Précurseur reconnu par ses pairs, c'est lui qui a désaxé la position du corps et introduit le déhanché depuis passé à la postérité. Spectaculaire − voire dangereux selon certains jugements de l'époque − son style s'inspirait tout simplement de son expérience de courses sur glace, où le contrôle d'une roue arrière en glissade est légion. Tout le talent de Saarinen aura été de transposer cela au bitume et aux pneus pourtant peu qualitatifs utilisés à l'époque en Grands Prix.

"La moto a perdu l'un des plus grands pilotes de son Histoire. Jarno était un professionnel exemplaire et un homme qui vivait avec le culte de la vitesse", résumera Ferry Brouwer.

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