Le Mans, une débâcle révélatrice des problèmes de Honda

O. P., Le Mans - Honda a conscience d'avoir un sérieux problème, même si Marc Márquez a réussi à le masquer jusqu'à ce week-end sarthois, où les handicaps de la moto ont été mis au jour par le profil du circuit Bugatti.

Avec la chute de Márquez et la quatrième position de Dani Pedrosa, il s'agit du pire résultat de la marque nippone depuis le Grand Prix de Grande-Bretagne disputé il y a huit mois, une véritable débâcle qui, d'après des sources au sein de l'équipe, ne fait que refléter la réalité.

Freiner fort pour compenser le manque d'accélération

Les circonstances de cet accident reflètent bien ce qu'est en train de vivre le constructeur le plus puissant du championnat : Márquez et Pedrosa prennent beaucoup de risques au freinage pour essayer de rattraper le temps perdu en sortie de virage à cause du manque d'accélération. Or, depuis l'entrée en scène des nouveaux pneus Michelin, il s'agit d'une pratique très risquée.

"Les problèmes d'accélération que nous avons sont pires que l'an dernier. Il faut garder à l'esprit le fait que le moteur est nouveau, tout comme les pneus et l'électronique", a expliqué Pedrosa. "On ne manque pas de chevaux, parce que la moto est rapide en quatrième, cinquième ou sixième rapport. Ce qu'il nous manque, c'est une façon de mieux appliquer la puissance à l'accélération, à la sortie des virages."

"En essais, tu penses être au top, et puis tu regardes les chronos et tu vois que tu as deux ou trois dixièmes de retard et tu ne le comprends pas. Mais ensuite, en course, tu roules juste derrière les autres et tu vois que ça n'est pas dans les virages que tu perds du temps, mais en en sortant. Quand tu tournes seul c'est difficile à voir, c'est quand tu te compares aux autres [que tu le vois]. Au départ, il m'était quasiment impossible de suivre les Suzuki vu combien je perdais en sortie de virage", a ajouté l'Espagnol après la course.

"La Honda ne fonctionnait pas du tout au Mans", a indiqué pour sa part un membre d'une équipe Ducati. "À la sortie du dernier virage, vous pouviez voir combien Marc perdait et il s'est passé ce qu'il s'est passé. On aurait dit une 800cc et non une 1000cc."

Une prise de risques à doser

L'expérience de 2015 a laissé des traces chez Marc Márquez, qui a chuté six fois en course. Trois de ces accidents - en Italie, en Catalogne et en Aragón - pourraient aisément être imputés à la nature de la moto, qui se montrait très nerveuse et impardonnable. En Argentine et en Malaisie, il a subi un contact avec Rossi, tandis qu'à Silverstone il a chuté sous la pluie, alors qu'il essayait de rester au contact de l'Italien.

Tout ceci a conduit l'Espagnol à changer de mentalité. Il est aujourd'hui plus conscient que jamais du danger d'une prise de risques plus importante que celle que lui permet sa moto actuelle. "Je dois conserver cette approche, parce que si je me montre plus agressif, cela pourrait se terminer avec beaucoup de scores vierges", a indiqué le double Champion du monde.

Chez Honda, on est résigné et convaincu qu'il s'agira de la tendance de la saison, compte tenu des limitations imposées par le règlement et du gel des moteurs.